© JURGEN VANTOMME

QUAND LE CROSSING CROSSINGUAIT…

Plus que n’importe quel autre club, le Crossing Schaerbeek a été le symbole des changements démographiques opérés à Bruxelles à partir des années 60. La remarquable histoire de l’ascension fulgurante et de la chute encore plus rapide de l’un des clubs bruxellois les moins connus constitue un chapitre d’un livre paru récemment : Bruxelles, balle au centre.

Le Crossing est né à Ganshoren, juste avant le début de la Première Guerre mondiale. Au cours des années 50, les préparatifs de l’Exposition Universelle le contraignirent à déménager de l’autre côté du parc Élisabeth. On loua alors à la commune de Molenbeek un terrain situé au Sippelberg et 5 millions furent investis dans la construction d’un chalet et de tribunes. Ce déménagement provoqua un sursaut sur le plan sportif : le club accéda à la deuxième division nationale, et parvint à convaincre le légendaire Rik Coppens de rejoindre la capitale.

À côté du premier lauréat du Soulier d’Or, le Crossing comptait encore quelques autres joueurs marquants : les Luxembourgeois Camille Dimmer et Bitzi Konter, venus tous deux d’Anderlecht au même titre que d’autres Mauves comme le Congolais Henri Erumba, l’Italien Orazio Schena, les Brésiliens Wantuil da Trinidade, et Moysés Dos Santos ou encore le Marocain Abdel Louzani.

Au cours de la saison 1965-1966, le Crossing occupa la tête du classement de D2 pendant treize semaines consécutives, jusqu’à ce que cinq joueurs soient impliqués dans un très violent accident de la route. Le club vit alors le titre s’envoler. La saison suivante, qui fut la dernière de Coppens à Bruxelles, il passa à quatre points seulement de la promotion. Ce dernier échec mit le Crossing en danger, car pour atteindre la D1, le club s’était lourdement endetté. À présent que les rêves de première division partaient en fumée, il fallut vendre une bonne partie du noyau. Coppens, qui avait déjà 37 ans, fut transféré à Berchem, d’autres à Gand. Et l’avenir du Crossing, seul club bruxellois en D2 ne présageait rien de bon.

EMILE MICHIELS FAIT SON ENTRÉE

Le salut vint d’un certain Émile Michiels, secrétaire général d’une grande compagnie d’assurances, Le phénix espagnol. Il acheta 75 % des parts du club et en devint le secrétaire général. L’homme voyait grand. Et un Ballon d’Or était, plus que tout autre, susceptible de contribuer à cette grandeur. Nous sommes alors fin novembre 1967. Josef Masopust a 37 ans, et, derrière lui, une imposante carrière avec 8 titres, 4 coupes, une demi-finale, et 3 quarts de finale de Coupe d’Europe des Clubs Champions.

Malgré son jeu léché, le Dukla n’a jamais pu compter sur la sympathie du public tchécoslovaque. Une aversion politique : le Dukla est l’équipe de l’armée, avec tout ce que cela peut impliquer d’avantages et d’inconvénients. Sous le prétexte du service militaire obligatoire, le Dukla a l’habitude de subtiliser les meilleurs éléments des autres équipes. C’est ainsi que Masopust, fils de mineur originaire de Most, y arrive à l’âge de 21 ans.

Avec sept internationaux, le Dukla formait alors la colonne vertébrale de la sélection nationale tchécoslovaque qui à la surprise générale atteignit la finale de la Coupe du Monde de 1962, au Chili. Pour les joueurs du Dukla, ce déplacement en Amérique du Sud n’avait rien de bien extraordinaire. Le régime ne cessait d’envoyer son équipe aux quatre coins du monde pour y jouer des  » matchs de propagande « . Josef Masopust était le régisseur de cette équipe, un milieu de terrain très complet, doté d’une technique très raffinée.

En finale, face au Brésil, le Major a inscrit le but d’ouverture, au bout d’un quart d’heure, grâce à une action très fluide, qui impliqua aussi Andrej Kvasnak, futur joueur du Racing de Malines. L’espace de deux minutes, les Tchécoslovaques se sont rêvés champions du monde. Ensuite, par ses dribbles vertigineux, Garrincha, l’estropié de génie juché sur ses hanches asymétriques, offrit à son pays sa seconde Coupe du Monde d’affilée (3-1). Garrincha fut sans doute la grande vedette de cette Coupe du Monde mais à la fin de l’année 1962, Masopust décrocha, quant à lui, le titre de Footballeur Européen de l’Année. Cinq ans et demi plus tard, il poussait les portes du Crossing Molenbeek.

L’ESPION QUI VENAIT DU FROID

L’offre du Crossing n’était pas la première à émaner d’un pays d’Europe de l’Ouest. Anderlecht et l’Ajax avaient déjà sollicité le joueur, mais avaient tous deux essuyé un  » ne  » de la part du Ministère tchécoslovaque. Cependant, au début de l’année 1968, Alexander Dubcek arrive au pouvoir, annonçant dès le printemps de grandes réformes, et davantage de libertés. La rumeur praguoise résonne jusqu’à Moscou. Durant cette courte période d’ouverture, le plus grand héros sportif de la nation reçut la permission d’aller jouer à l’étranger. Aux yeux de sa famille, cette autorisation, venue au terme de longues années d’interdiction était un miracle. Mais le régime, en l’octroyant, avait bien d’autres motivations, comme l’explique sa fille Ivana :

 » Mon père a été convoqué par les services secrets. Le régime lui demandait de se rendre en Belgique pour s’y livrer à des activités d’espionnage. Mais il a refusé ! Après son décès, différents périodiques tchèques ont publié cette histoire. Après toutes ces années, les documents avaient enfin été rendus publics. Cette demande n’était pas vraiment inhabituelle. Lors de ses tournées, le Dukla emmenait toujours un soi-disant ‘troisième gardien’, qui, en réalité, était un agent secret ! Dukla a voyagé autour du monde. Son rôle était alors d’observer, et de prendre contact avec des personnes bien précises, à l’étranger.  »

Malgré sa carrière manquée en tant que James Bond de l’Est, Masopust et sa famille quittèrent donc la Tchécoslovaquie. La Belgique semblait une destination idéale. Elle n’était pas trop éloignée ; Masopust pouvait s’y rendre en huit heures, à bord de la Skoda sponsorisée qui portait un autocollant à son nom. Il ne connaissait pas grand-chose de Bruxelles. Ses seuls points de référence étaient les matchs qu’il y avait disputés contre Anderlecht.

Le contrat de deux ans que Masopust signa à Bruxelles n’avait rien de particulier. Mais, selon les standards tchécoslovaques, il n’était rien de moins que royal. Il gagnait au Crossing 25.000 francs par mois, dont une partie payée sous la table. Mais il devait aussi reverser une portion de son traitement au gouvernement tchécoslovaque. Presque chaque semaine, Masopust devait également se rendre à l’ambassade avec sa famille. Ivana y recevait des leçons de tchèque, et lui-même y passait des heures à remplir toute une série de rapports. (N’aurait-il donc pas eu, finalement, quelque chose de James Bond ? ).

Malgré l’enthousiasme manifesté par Masopust à l’égard de sa carrière à l’étranger, les deux saisons qu’il passa à Bruxelles durent correspondre pour lui à une période bien confuse. Un mois et demi après l’arrivée de la famille à Bruxelles, les Masopust purent suivre à la télévision l’invasion de Prague par les troupes russes. L’Union soviétique n’avait que peu goûté le vent de liberté soufflé par Dubcek, et avait décidé de serrer la vis avec toute la virilité nécessaire. Masopust fut donc loin d’entamer la période belge de sa carrière dans l’insouciance et la sérénité.

Emile Michiels ne s’en tint pas qu’au Major. Il alla aussi débaucher Paul Van den Berg, à Anderlecht. Dès le départ, il y eut entre lui et Masopust un grand respect réciproque, de ceux que peuvent se témoigner des joueurs d’élite, ayant une même conception de leur sport, et capables, sur le terrain, de se trouver les yeux fermés.

Au sein de l’équipe, Van den Berg ne fut pas le seul ancien international belge, puisque l’on avait aussi recruté à Liège le défenseur Gérard Sulon. Le reste de ce grand  » bouillon de cultures  » était composé de deux Brésiliens, Bene et Sperandio, du Portugais Ribeiro et, pour lier la sauce, du nouvel entraîneur, Elek Schwartz, réputé entraîneur le plus cher d’Europe.

Heureusement pour lui, il était aussi polyglotte : car le vestiaire n’était rien d’autre qu’une petite tour de Babel. On s’adressait la parole en portugais, en français, et en néerlandais. Masopust utilisait quant à lui un sabir inspiré de l’allemand. Schwartz parvint à faire de cette très hétéroclite addition de talents, une authentique équipe de football.

Au départ, l’équipe fit des étincelles. Mais Masopust et Van den Berg ne parvinrent pas à tenir ce rythme sur la longueur. Le Tchécoslovaque n’avait plus trop la tête au football. Au pays, c’était l’escalade. Le 19 janvier 1969, un étudiant de 21 ans, Jan Palach, en était même venu à s’immoler par le feu. Ce geste de désespoir, qui fut suivi de bien d’autres, fit le tour du monde.

Pour les Masopust s’ouvrait une nouvelle période d’incertitude. Leur fils, Tonik, vivait toujours à Prague. Tous les soirs, on appelait la capitale tchécoslovaque pour prendre des nouvelles. Les retours ponctuels au pays, quant à eux, devinrent tout bonnement impossibles. Le héros de la nation n’avait désormais plus le droit d’y entrer.

Masopust prit sa revanche sur le plan sportif, et de la plus belle des manières. Lors d’un dernier match très disputé contre Saint-Trond, c’est lui qui, slalomant à travers la défense du pays de Waes, inscrivit le but de la victoire (2-1), propulsant ainsi le Crossing Molenbeek pour la première fois en première division. L’équipe y prit la place laissée vacante par un autre club bruxellois : le Daring.

FACTURES IMPAYÉES

L’avocat Jacques Schellekens, président fraîchement désigné, avait du pain sur la planche. Pas moins de  » 32 dossiers en suspens  » l’attendaient sur son bureau. Au début de l’année 1969, des cadavres sortirent peu à peu du placard, du côté du Sippelberg. On croulait sous les factures impayées. Le Crossing devait encore, par exemple, un demi-million de francs belges à la brasserie molenbeekoise Vandenheuvel, connue pour sa bière Ekla ( » la bière de l’Exposition Universelle « ). Mais plusieurs équipes attendaient également qu’on leur verse des montants relatifs aux transferts. L’Union Belge condamna le club à une amende de 5000 francs, et conclut :

 » On a rarement vu des défauts de paiement aussi graves et aussi nombreux que ceux qui ressortent des rapports et des registres du Crossing de Molenbeek.  » L’entraîneur Schwartz se le tint pour dit et retourna au Portugal. Il fut remplacé par un entraîneur bien moins onéreux, Omer Van Boxelaer, ancien entraîneur de Beveren et du Beerschot, également professeur dans une école malinoise.

Dans la foulée, Michiels fut licencié. Le nouveau conseil d’administration du Crossing déclara que l’intégralité de son argent (tout de même 7 millions de francs) lui serait remboursée  » même si pour ce faire, le club devait retourner en promotion « .

L’histoire a son épilogue. À la fin de l’année 1970, un article du Soir annonçait que Michiels devait comparaître devant le juge pour fraude et faux en écriture. Il fut déclaré coupable d’avoir détourné quelque 20 millions de francs au Phénix Espagnol. Malgré ces graves allégations, le procès tourna en eau de boudin. D’après certains témoins, il semble que le management de la société d’assurance fût au courant d’une partie des manoeuvres de Michiels. Si bien qu’au bout du compte, Le Phénix Espagnol décida de retirer toutes ses plaintes contre l’ancien directeur. Michiels chercha à se faire oublier, mais ne disparut pas complètement du monde du football.

ENTOURÉ D’ÂNES

Si aucune nouvelle décision n’était prise, les chances de survie du club en première division étaient minces. Un accord fut rapidement scellé avec Molenbeek autour du rachat des installations du Sippelberg. Cette vente amena un peu d’argent frais, qui permit d’éponger une partie des dettes. Mais il fallait, dès lors, trouver un nouveau stade. Il y avait bien le stade des Trois-Tilleuls, à Watermael-Boitsfort, qui demeurait inutilisé, et qui se louerait donc à bon marché. Mais Schaerbeek vint avec l’offre la plus alléchante.

En matière de football, Schaerbeek était une terre vierge dotée d’un potentiel énorme, ses 120.000 habitants d’alors formant une base où recruter un nombre important de supporters. La fierté locale, le RCS Schaerbeek, végétait depuis des années dans les limbes des troisième et quatrième divisions. Les deux clubs fusionnèrent, le Crossing joua en vert et blanc, et vit ajouter un âne vert schaerbeekois à son logo.

Le bourgmestre de Schaerbeek, Gaston Williot, fit accorder par son conseil communal un prêt de 29 millions de francs, dont 20 millions seraient dévolus à l’extension et à l’embellissement du nouveau stade du Crossing, au parc Josaphat. Les travaux allèrent bon train : tout devait être prêt pour les premiers pas de l’équipe en première division.

Schaerbeek obtint même que soit suspendu, à titre exceptionnel, le congé du bâtiment. En quelques mois à peine, une tribune toute neuve fut édifiée, grâce à laquelle la capacité totale du stade atteindrait progressivement les 17.000 places.

On installa également de nouveaux systèmes d’éclairage, qui furent les bienvenus. Avec quatre équipes bruxelloises en première division (sur 16), les clubs de la capitale se livraient aussi concurrence en termes de calendrier. C’est la raison pour laquelle le Crossing et l’Union jouaient leurs matchs sous un éclairage artificiel, les vendredis et samedis soir.

Au Crossing, on espérait bien attirer du public venu de la périphérie, de Malines et Vilvorde. Et au départ, les habitants des communes avoisinantes mordirent en effet à l’hameçon. Les cinq premiers matchs à domicile du Crossing attirèrent 53.000 spectateurs, soit plus que le club n’en avait attiré la saison précédente, en deuxième division. Mais cet engouement ne fut que passager.

Au départ, le secrétaire général Jacques Swaelens parvint à mettre sur pied une bonne équipe, formée entre autres du gardien Jos Smolders (venu du Beerschot), et de Roger de Condé. En milieu de terrain, celui-ci se démenait pour Van den Berg et Masopust. Le rayon d’action de ce duo n’était plus ce qu’il avait été, mais ils étaient tout de même encore capables de servir des passes millimétrées. Toutefois, leur jeu en un temps s’arrêtait le plus souvent à l’entrée du grand rectangle. Il manquait au Crossing une individualité capable de finir le travail offensif proprement. C’est dans cette optique que fut recruté l’attaquant hongrois Karoly Kremer. Et, en fin de saison, le Crossing sauva sa tête.

Pour Masopust, l’aventure belge était terminée. Il arriva au terme de son contrat, n’obtint pas de son pays l’autorisation de le prolonger, et retourna en Tchécoslovaquie. Par l’intermédiaire de de Condé, il refit une apparition sur la scène belge dans les années 80, comme entraîneur du SC Hasselt. Van den Berg, quant à lui, devint entraîneur d’Uccle Sport.

Après le départ de ces deux grandes vedettes, le Crossing multiplia les achats à moindre coût. Georges Leekens fut acheté à Dessel Sport où il jouait aux côtés de son frère aîné, René. Aux yeux de sa famille, ce retour aux choses sérieuses était une bonne chose, car à en croire la rumeur qui circulait du côté de Louvain, le jeune étudiant se passionnait plus pour la fête, que pour la physiothérapie qu’il était censé y étudier.

Dès son arrivée au Crossing, Leekens se démarqua par ses qualités de milieu défensif, et de défenseur central. Anderlecht et le Standard se l’arrachèrent, mais il fut finalement vendu à prix d’or, deux ans plus tard, au Club Bruges. À sa suite, et pour une bouchée de pain, le club acquit des joueurs d’expérience, tels que Jean Cornelis, et le dieu du football liégeois Roger Claessen, qui à Schaerbeek opéra une reconversion remarquable, en position de défenseur.

Le club demeurait néanmoins plongée dans de grandes difficultés financières, et se vit confisquer à plusieurs reprises les recettes de ses matchs à domicile. Celles-ci n’étaient, du reste, pas bien élevées. Il n’était pas rare de voir l’équipe jouer devant 1000 spectateurs. Ce qui suscita des interrogations sur la viabilité de ces quatre équipes bruxelloises engagées dans la course au titre. Ses moyens financiers étant limités, le Crossing n’eut d’autre choix que de puiser ses joueurs parmi sa propre jeunesse, devenant ainsi le premier club de première division à recourir à des fils de l’immigration.

ALBANAIS, TURCS ET ESPAGNOLS

La chose ne fut possible que grâce au Cercle Sportif de Schaerbeek, qui disposait de bons joueurs locaux. C’est ainsi que certains joueurs passèrent sans transition de la quatrième, à la première division, comme Haziz Bakalli, le premier Albanais à avoir intégré la première division du championnat belge. Il y fit ses premiers pas à l’âge de dix-huit ans.

À Schaerbeek, il avait été rejoint par son frère Miftar. Ultérieurement, un troisième Bakalli, Sherif, jouera aussi pour le Crossing (alors en troisième division). Et le fils de Miftar, Adrian, ajouta un nouveau chapitre à l’histoire familiale, en jouant, dans les années 90, au RWDM. Il fut même international, chez les Espoirs.

La grande communauté turque de Schaerbeek livra, elle aussi, quelques pépites au Crossing. Selahattin Karasu y intégra l’équipe première à l’âge de dix-sept ans. Il n’y disputa que quelques matchs, mais se bâtit ensuite une carrière très respectable dans son pays d’origine. En 1973, il fut capté par le champion de Turquie, Fenerbahçe, et, à l’âge de 19 ans, obtint une sélection au sein de l’équipe nationale turque. Il n’en eut pas d’autres.

Avec Fenerbahçe, Karasu remporta le championnat turc à plusieurs reprises, et y disputa donc des matchs de Coupe d’Europe. Mais les performances de cette équipe sur la scène internationale demeurèrent confidentielles. Le niveau du champion de Turquie d’alors devait être à peu de choses près comparable à celui du Crossing.

De toute cette génération de jeunes qui évoluèrent au Crossing, Francisco  » Cisco  » Ferrera est peut-être le plus connu, en raison des nombreux entraîneurs que la famille donna au football belge. Cisco était l’un des joueurs les plus jeunes de première division, quand il y fit ses premiers pas en 1972.

Les Ferrera ont leurs origines en Andalousie. Le père de Cisco y extrayait du soufre, dans les mines. Lorsque l’opportunité de fuir la dictature de Franco se présenta, la famille gagna la Belgique, et débuta une nouvelle vie dans le quartier du parc Josaphat, où les garçons jouèrent de nombreuses  » rencontres internationales  » contre les autres gamins du voisinage. Des Turcs et des Albanais.

Le malheur aura voulu que le bourgmestre Roger Nols ne porte pas le Crossing et ses nombreux fils d’immigrés dans son coeur, faisant tout ce qui était en son pouvoir pour lui pourrir la vie. La déchéance du club ne fit, dès lors, que s’accélérer. Après une première relégation, le Crossing en essuya une seconde, et se retrouva en troisième division, donnant à Émile Michiels l’occasion inespérée de faire son grand retour dans le monde du football, en tant qu’administrateur.

La commune laissa le stade tomber en ruines, et il devint bientôt l’un des plus grands chancres urbains de Bruxelles jusqu’à la rénovation de ce début de décennie. Aujourd’hui, il est le port d’attache du nouveau Crossing, fruit de la fusion entre le FC Evere et la Rusas Schaerbeek, et de la Renaissance Schaerbeek, deux clubs de première provinciale. En 1984, Bob Dylan ressuscita ce qui était encore une ruine le temps d’un concert. L’une des dernières chansons qu’il chanta ce soir-là, fut Tombstone Blues.

PAR KURT DESWERT – PHOTO JURGEN VANTOMME

 » C’est plus difficile d’entraîner le Crossing que d’amener Benfica en finale d’une Coupe d’Europe.  » ELEK SCHWARTZ

Josep Masopust, finaliste d’une Coupe du Monde et Footballeur Européen de l’Année, qui se retrouve en D2 belge et y prend son pied…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire