Monsieur Sourire

 » Je suis persuadé que Vital Loraux (87 ans) est parti avec son éternel sourire accroché à ses lèvres. Ce regard lumineux était l’image de marque d’un des plus grands arbitres de l’histoire du football belge. Dans cette galerie, il suit John Langenus qui avait arbitré la finale de la Coupe du Monde 1930 à Montevideo, capitale de l’Uruguay. Alex Ponnet complète mon top 3 de la crème des arbitres belges. Loraux suivait le jeu de près, était sévère mais dialoguait beaucoup avec les joueurs qui le respectaient. C’est lui qui a arbitré le dernier match de ma carrière de footballeur : le 27 mai 1973. Ce jour-là, en finale de la Coupe de Belgique (Anderlecht-Standard : 2-1), j’ai été victime d’une fracture du péroné gauche. Loraux avait compris que c’était grave alors que je tentais de marcher : – Georges, j’ai entendu le bruit, c’est cassé. Il avait raison. Malgré tous mes efforts, je n’ai plus rejoué au top niveau.

C’est une blessure au genou qui a dirigé Loraux vers l’arbitrage. Il a signé sa première carte d’affiliation au Daring de Charleroi, club qui fut absorbé par les Dogues. Et, après un match amical, c’est le Docteur Gianolla, président de l’Olympic qui annonça la nouvelle à ce jeune de 17 ans : –Vital, le foot, c’est fini. Pour tes loisirs, il ne te reste plus que la pêche.Christian Hubert a raconté cette anecdote dans un de ses livres : Les hommes en noir. Il se tourna alors vers l’arbitrage et dirigea son premier match de D1 en 1963. La suite fut aussi brillante que fulgurante. La Belgique avait mis la main sur un arbitre de classe mondiale. Loraux géra des matches lors de deux phases finales de Coupe du Monde, au Mexique en 1970 et en Allemagne quatre ans plus tard. Et Pelé insista pour que Loraux arbitre son dernier match avec les Cariocas contre la Yougoslavie (2-2) au stade Maracana devant 207.000 spectateurs. Loraux, qui tenait tant à la photo que Pelé lui dédicaça, déclara : – Je n’ai jamais assisté à un match aussi poignant. C’était toute une époque du football mondial qui s’arrêtait avec le coup de sifflet final Pour moi, le véritable sommet, c’était cela.

Le Sporting de Charleroi lui a rendu un bel hommage en donnant son nom au vestiaire des arbitres. Loraux est décédé presque en même temps qu’un journaliste de renom de la VRT, Rik De Saedeleer (89 ans), connu en Wallonie aussi, confident de Guy Thys à qui il conseilla judicieusement, en 1979, de faire revenir le vieux Wilfried Van Moer en équipe nationale. Par contre, je n’ai jamais compris ses critiques à l’égard de notre meilleur footballeur des années 80 et 90 : Enzo Scifo. Il avait la dent dure contre lui comme pas permis.  »

PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE BILIC

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