L’INACTION n’existe pas

Deux petits dessins pour que tout soit clair. Au départ de l’action, A, B et C sont à l’attaque. C ouvre à droite pour B. A est en position hors-jeu, mais l’arbitre ne siffle pas. Il a vu A plutôt statique, dos au but, qui regardait la passe de C vers B : il a décidé de juger que A ne participait pas à l’action, il laisse donc celle-ci se poursuivre. Le second dessin illustre l’arrivée de l’action, 10 secondes plus tard : B a déboulé sur la droite puis centré en retrait… et c’est A, qui n’est pas resté immobile et inactif à mi-terrain pour admirer le déboulé de son pote, qui pète le ballon au fond des filets !

Je vois régulièrement des phases de ce genre, qui n’aboutissent évidemment pas toutes à un but marqué ; et je vois de temps à autre un but de ce genre, avec l’équipe trouée qui râle ou qui discute. Mais je n’ai jamais vu l’annulation de pareil but lorsqu’il est marqué ! Je n’ai jamais vu un arbitre qui oserait revenir 10 secondes et 25m en arrière : pour rectifier, suite au but inscrit, son jugement quant à la participation de A… et octroyer alors, en différé, un coup franc pour hors-jeu effectif à l’équipe défendante ! Et pourtant… lisons la Loi 11 ! Elle nous explique que A, qui ne reçoit pas le ballon au départ, doit être néanmoins considéré comme prenant part active au jeu dans un des trois cas suivants : s’il intervient dans le jeu, s’il influence un adversaire ou s’il tire un avantage de cette position !

Ceci pour redire que la Loi est folle quand elle assoit le principe qu’un joueur sur la pelouse n’est pas là pour jouer : par le fait même d’être présent sur le terrain, tout joueur prend part active au jeu… même s’il se gratte le nez, baye aux corneilles ou relace sa chaussure ! Car si moi, libero d’en face, je fais trois pas en avant pour mettre hors-jeu l’attaquant qu’on dit passif, je le rends actif rien que par mes trois pas ! Le hors-jeu dit de position est un nid d’embrouilles, qu’on pourrait bazarder du jour au lendemain en modifiant les textes de loi : il suffirait d’énoncer que  » seul est désormais hors-jeu et punissable le joueur auquel la passe aboutit  » et tout serait clair pour tout le monde ! C’est simple comme l’£uf de Colomb, mais le Board n’aime pas Christophe : il préfère les embrouilles qui génèrent les passions…

Prompts à utiliser les brumes réglementaires, les clubs bien huilés exploitent désormais cette situation : de plus en plus souvent, l’attaquant revenant d’un effort jusqu’au but adverse reçoit l’ordre formel d’ensuite revenir en marchant, plutôt sur un flanc et en jouant le parfait touriste ! Si la défense adverse garde ce réflexe collectif pavlovien d’alors monter pour le mettre hors jeu, si les potes de cet attaquant retrouvent à ce moment la possession du cuir, la consigne est de balancer un ballon profond sur l’autre demi-largeur d’où doit surgir un infiltreur : la défense réclame candidement le hors-jeu du touriste à gauche, l’arbitre juge qu’il faut laisser s’infiltrer l’infiltreur du centre-droite. Mon pied au feu que, pareils automatismes se travaillent au minimum chez les rupins du G14 !

Le G14 est ce groupe de pression d’aujourd’hui 18 clubs qui entendent faire la loi à la place des fédérations, simplement parce qu’ils sont friqués et pour le devenir plus encore : eh bien, un seul de ces 18 prétendument caïds (Porto) vient d’accéder aux demi-finales de la Ligue des Champions, houuh ! houuh ! ha ! ha ! ha ! Je propose que Monaco, Chelsea et le Deportivo exigent leur intégration au G14, et qu’il en soit ainsi chaque saison avec les demi-finalistes qui n’en feraient pas partie : si bien que dans cinq ans, le G14 comptera 25 ou 30 clubs qui commenceront à s’engueuler.

Si bien que dans 10 ans, le G14 aura vécu et que personne ne s’en portera plus mal.

par Bernard Jeunejean

 » Que MONACO, CHELSEA et le DEPORTIVO exigent leur intégration au G14.

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