le podium du mondial

1 Thomas Müller

Trois buts, deux passes décisives, élu homme du match face aux Anglais, Thomas Müller tient les premiers rôles du blockbuster de l’été : les Teutons flingueurs avec à ses côtés, Mesut Ozil, Lukas Podolski et autre Miroslav Klose. Dire qu’on attendait cette jeune Mannschaft aussi étincelante serait mentir, même si des signes avant-coureurs étaient perceptibles. Comme l’avènement météorique du jeune milieu offensif du Bayern Munich. Cette saison, Müller n’a pas fait dans la dentelle : 13 buts, 11 passes décisives en Bundesliga voilà qui a le mérite d’être clair. Et pourtant, mis à part les experts du championnat allemand, qui connaissait ce longiligne bonhomme d’1m88 il y a douze mois ?

Quelques timides apparitions sous Jurgen Klinsmann lui avaient permis de pointer le bout du nez lors de la saison 2008-2009. Mais l’imposant recrutement du FC Hollywood l’été dernier au niveau offensif ( Mario Gomez, Ivica Olic, Arjen Robben, etc.) aurait normalement dû le confiner à l’anonymat. Seulement voilà : deux facteurs ont joué en sa faveur. Primo, l’arrivée de Louis van Gaal dont on connaît le goût prononcé pour la chair fraîche et qui a lancé Müller dans la bagarre dès la quatrième journée pour ne plus le retirer du 11 de base. Secundo, la polyvalence, la précocité, les courses, le physique, la frappe, enfin toutes des qualités qui ont poussé plusieurs stars du Bayern à regarder du banc la montée en puissance du nouveau Müller, du nouveau Bombardier allemand. Gerd et Thomas ont beau n’avoir aucun lien de parenté, on leur trouve certaines similitudes : comme jouer au Bayern, secouer les filets ou porter le 13 en sélection. Si la nouvelle star du foot allemand est encore loin de son célèbre homonyme Gerd (62 buts en 68 sélections !), il marche sur ses pas. Certes dans un rôle plus désaxé, sur la droite des trois offensifs allemands en soutien de Klose. Der Bomber, lui, rodait essentiellement dans le rectangle, alors que Thomas aime venir de loin, jouer les infiltreurs, être posté en pointe, derrière les attaquants, voire même à gauche, faire jouer sa polyvalence et sa frappe sèche des deux pieds. Si tout va très vite pour ce pur Bavarois, arrivé au Bayern à l’âge de dix ans, qui a connu sa première sélection avec la Mannschaft en mars dernier et qu’on cite aujourd’hui à Chelsea, rien ne l’effraie : Thomas aime faire les choses vite et bien. En décembre dernier, il a passé la bague au doigt à la délicieuse Lisa et est prêt à s’envoler pour le voyage de noces le 12 juillet prochain. Au lendemain d’une finale gagnée ?

2 Carlos Tevez

Ok, il doit aller chez le dentiste plus souvent. Mais, en même temps, c’est ce qui fait son charme. OK, il a une gueule à jouer dans les westerns de Sergio Leone ou dans les films de Quentin Tarantino. Mais cela le singularise et lui offre sur un plateau d’argent, un surnom ( l’Apache) avec lequel il n’hésite pas à jouer (il suffit de voir sa coupe de cheveux). Ok, on croit qu’il va devoir s’effacer face à des joueurs plus techniques mais Carlos Tevez arrive toujours à montrer qu’il est indispensable. Seul Alex Ferguson ne l’a pas vraiment compris. Pourtant, du côté de Manchester United, les supporters étaient déjà prêts à financer les frais inhérents à la construction de sa statue. Joker de luxe lors de sa dernière saison à United, il avait plusieurs fois sauvé les Red Devils leur offrant leur troisième titre de rang en 2009. Deux ans plus tôt, il avait déjà sauvé un autre club, West Ham, quasiment relégué avant que la machine Tevez, qui avait eu du mal à s’acclimater à l’Europe lors de ses premiers mois, ne se mette en route : trois buts en deux matches (dont un contre… United) et les Hammers revenaient du diable vauvert.

Bref, Tevez, 26 ans, c’est du panache, de la sueur et surtout une force de caractère hors du commun. Il faut dire que quand, à 18 mois, on reçoit de l’eau bouillante et qu’on est brûlé au troisième degré du cou à la poitrine, cela vous fortifie. Comme le fait de rentrer en conflit avec Boca Juniors qui vous offre la chirurgie esthétique pour faire disparaître les cicatrices. Refus indigné du joueur. Comme le fait, pour un Argentin, d’évoluer dans le championnat brésilien (à Corinthians) et d’y réussir (31 buts en 47 matches). Comme le fait d’aboutir à West Ham, petit club anglais, lorsqu’on est courtisé par le monde entier, par la simple volonté d’un manager douteux. Et d’y réussir. Ou comme le fait de quitter United pour le rival honni de City. Et d’y réussir. Après cela, on ne se demande plus pourquoi Tevez ne cesse de courir 90 minutes durant. C’est dans sa nature.

3 Kevin-Prince Boateng

Sa Coupe du Monde aurait dû être foutue. On en connaît qui ne s’en seraient jamais relevé. Lui, dans la foulée, il offre au monde son vrai visage. Pas celui affiché à la une des journaux allemands après la finale de la Cup lors de laquelle il avait blessé Michael Ballack, entraînant du même coup le forfait du capitaine de la Mannschaft. Destin singulier pour l’ancien joueur de Tottenham, 23 ans. Son frère, Jerome (21 ans) le défenseur de Hambourg, a décidé de porter le maillot de l’Allemagne et lui a décidé d’enfin montrer un talent déjà entraperçu sporadiquement sous le maillot des Spurs et plus souvent sous celui de Portsmouth dans des circonstances pourtant peu favorables.

Né dans la banlieue de Berlin, d’un père ghanéen et d’une mère allemande, il débute sa carrière sous le maillot du Hertha Berlin, où il resta près de 13 saisons. En 2006, le voilà auréolé du titre de nouvel espoir du football allemand, gagnant même la médaille Fritz Walter, qui sacre le joueur ayant à la fois marqué les catégories -17, -18 et -19 ans. De quoi déjà alimenter le carrousel des transferts. A ce jeu-là, ce sont les Anglais de Tottenham qui se montrent les plus convaincants. Pour 6 millions d’euros, il traverse la Manche en juillet 2007 mais la réussite n’est pas au rendez-vous. Un prêt à Dortmund et un transfert à Portsmouth plus tard, le voilà prêt à exploser. Ce qu’il fait lors de cette Coupe du Monde, lui qui avait décliné une première offre du Ghana lors de la précédente édition, mais qui, après mûres réflexions, choisit la terre de ses ancêtres en 2009, les portes allemandes s’étant tout doucement refermées, après un incident avec les jeunes lors du tournoi de Toulon en 2007. Le temps de se pencher sur la demande de naturalisation, la FIFA approuva son changement en mai…2010, juste à temps pour la Coupe du Monde. Une chance pour lui et pour le Ghana, qui avait bien besoin d’un médian de sa trempe, suite à la blessure de Michael Essien.

par thomas bricmont et stéphane vande velde- photo: reporters

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