« Le Pit-bull était un charmant compagnon d’infortune ».

R égis Genaux :  » Contrairement à d’autres, je n’ai jamais eu la collectionnite aiguë concernant les maillots. La plupart du temps, comme il s’agissait d’événements uniques, je conservais ma vareuse afin d’en faire plaisir à d’autres. Ma première casaque des Diables Rouges, face à la Tunisie en 1992, je l’ai offerte à mon père. La suivante, contre le Gabon, à ma mère. Mais c’est mon frère, Terrence, qui s’est taillé la part du lion. Il a gardé l’essentiel de la vingtaine d’autres tuniques que j’ai endossées avec l’équipe nationale ainsi que des pièces qui remontent à mes passages au Standard et à l’Udinese. Quoique, avec les Italiens, j’avais quand même fait une exception : après avoir rencontré l’Ajax, j’étais sorti du terrain avec la vareuse de Dany Hoekstra sous le bras. Ce n’était peut-être pas vraiment un nom. Mais il faut croire que le mien représentait quelque chose de magique pour lui (il rit).

Bizarrement, j’ai obtenu le maillot d’un autre Néerlandais, beaucoup plus célèbre, dans des conditions sensiblement différentes. Edgar Davids, à la Juventus à l’époque, était effectivement en rééducation, au même titre que moi, dans une clinique privée à Amsterdam, quand il m’a demandé si je ne voulais pas procéder à un petit troc avec lui. Je me suis exécuté d’autant plus volontiers que j’ai toujours eu un faible pour le Pit-bull, un garçon au tempérament encore plus trempé que moi, ce qui n’est pas peu dire. Sur les pelouses, j’avais eu quelquefois maille à partir avec lui et ce n’était pas un client, croyez-le bien. Mais là, sur une table de massage, c’était franchement le gars le plus sympa que l’on pouvait imaginer. Il déconnait à du cent à l’heure. Malgré nos ennuis physiques, on a passé de chouettes moments ensemble, en se remontant mutuellement le moral. Et en discutant des filles aussi (il rit).

Par la suite, dans des conditions à peu près analogues, j’ai pu lier connaissance – et emporter un petit souvenir aussi – de deux autres monstres sacrés du football, qui étaient en revalidation également mais chez Lieven Maesschalck cette fois : Andriy Shevchenko et Fernando Redondo. Si l’Ukrainien est revenu au premier plan après coup, au point de devenir Ballon d’Or, l’Argentin, malheureusement, n’allait plus jamais avoir cette chance. Vilainement blessé au genou, il ne parvint jamais à retrouver sa plénitude. Pourtant, pour l’avoir rencontré à l’occasion d’une joute amicale face au Standard, je suis bien placé pour dire que c’était un tout grand. Il récupérait toujours les balles sans avoir l’air d’y toucher, contrairement à Davids qui, lui, emportait toujours tout sur son passage (il rit). Finalement, si je ne possède que trois maillots dans mon armoire aux souvenirs, ils valent quand même le coup d’£il. Terrence a beau danser sur sa tête, ceux-là je ne m’en séparerai pas de sitôt « .

BRUNO GOVERS

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