Le besoin de continuité

Il y a tout juste un an, notre magazine publiait une longue interview de Christoph Daum, qui entraînait alors le Club Bruges. Lorsque nous lui avions demandé ce qui devait changer chez les Blauw-Zwart, l’Allemand avait été clair :  » Tout.  »

Douze mois plus tard, Sport/Foot Magazine a interrogé l’entraîneur actuel du Club, Juan Carlos Garrido. Il est tout aussi clair quand on lui demande ce qu’il faut changer :  » Tout.  »

Le football est un éternel recommencement et ce constat n’est pas neuf. Ainsi, le Standard est fier, à juste titre, d’avoir renoué avec certaines de ses valeurs sous la férule de Mircea Rednic, mais des onze joueurs qui ont rejoint Sclessin l’été dernier, deux sont loués et plusieurs autres sont libres de partir s’ils suscitent quelque intérêt. Après de longues et pénibles négociations pour transférer Jordan Remacle, Gand le remet en vitrine. Le Club Bruges passe également un coup de balai dans son noyau et Anderlecht a prié six footballeurs de se chercher un autre employeur. Les nouveaux patrons placent d’autres accents et provoquent même parfois des tremblements de terre (provisoires). Ce n’est pas difficile puisque maints clubs ne disposent pas des fondements requis, quoi qu’ils en disent.

Zulte Waregem et Lokeren, les surprenants deuxième et troisième de ce championnat, récoltent les fruits de la continuité. Le premier allie l’éclosion des jeunes talents aux résultats, il n’a pas modifié grand-chose à l’ossature de l’équipe et il possède en Francky Dury un entraîneur capable de mettre en place une solide organisation. La saison passée, Lokeren n’a guère été actif sur le marché des transferts et il s’appuie sur ses automatismes. Tout le monde suit la ligne imposée par Peter Maes, exigeant et parfois lassant, un entraîneur que certains avaient jugé intenable à terme.

La situation de Gand est radicalement différente. Si on effectuait un classement des neuf dernières journées, soit depuis l’entrée en fonction de Bob Peeters à l’Ottenstadion, Gand serait lanterne rouge. C’est moins la récente défaite à Malines que la manière dont elle a été essuyée qui interpelle. Certains joueurs ont fait preuve d’une apathie presque humiliante.

Les quatre footballeurs qui vont être embauchés seront-ils en mesure de provoquer un revirement ? Ils risquent d’atterrir dans un groupe malade, même si on en a déjà ôté quelques pommes pourries. En outre, il faut développer de nouveaux automatismes et le début de l’année est ardu : il y a d’abord un match de Coupe à Anderlecht, puis la visite du Standard et un déplacement au Club Bruges.

Le Beerschot prend également un nouveau départ. On peut se demander combien de temps son président, Patrick Vanoppen, résistera à toutes les tempêtes. Son entraîneur, Wim De Corte, demande trois joueurs en sus de Benito Raman, loué par Gand. Pourtant, l’été dernier, le Beerschot a engagé treize joueurs. Certains clubs font décidément penser à des sociétés d’import-export.

Cette trêve hivernale est très courte. Elle est venue à point nommé pour le RC Genk. On loue le football attractif des Limbourgeois mais ceux-ci gaspillent trop de points : ils ont concédé neuf nuls. Mario Been estime que son équipe doit faire preuve de plus d’intelligence mais la saison dernière, Genk avait déjà fait preuve d’irrégularité.

La manière dont Glen De Boeck impose son empreinteau modeste Waasland- Beveren est impressionnante. L’ancien Diable Rouge avait déjà séduit au Cercle, par son approche positive des joueurs et la fraîcheur de ses idées. Il s’est toujours appuyé sur les qualités de son équipe plutôt que sur ses carences. Par la suite, il s’est quelque peu surestimé, et s’est cassé la figure au Beerschot. Après coup, il n’a pu convaincre non plus au VVV-Venlo. De Boeck a passé une année à la maison, perplexe, à attendre le coup de fil salvateur.

Cela ne vaut pas que pour les joueurs : les entraîneurs doivent marcher convenablement avant de vouloir courir, comme Enzo Scifo l’expérimente à Mons : il a tiré les leçons du passé et il contrôle parfaitement son noyau.

PAR JACQUES SYS

Certains clubs ressemblent à une société d’import-export.

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