Le Beerschot droit dans le mur

La victoire 2-1 du Cercle Bruges sur le Beerschot, en PO3, évite tout problème juridique puisqu’elle rétrograde les Anversois en D2. Le Cercle avait en effet laissé entendre qu’il userait de tous les moyens pour assurer son maintien en Division 1. Il a étudié les méandres empruntés par son concurrent pour échapper à ses dettes et obtenir une licence pour la saison suivante – en vain.

La façon dont le Beerschot est allé droit dans le mur n’en soulève pas moins des questions. Le club anversois aurait pu sombrer en cours de saison, avec toutes les conséquences sportives qu’on imagine, alors que le système d’octroi des licences est censé éviter ce genre de scénarios. Les difficultés rencontrées par le Beerschot cette saison remontent à l’engagement pris l’année dernière par son président, Patrick Vanoppen, un promoteur immobilier.

En lui octroyant une licence pour cet exercice, la commission a évoqué dans son rapport  » une déclaration de M. Vanoppen, qui fournira au club les liquidités nécessaires pour la durée de la licence via ses sociétés.  » Le manager des licences, Roland Tis, précise :  » En signant ce document, il nous a présenté une garantie solide : il nous a montré le capital de ses sociétés.  » Mais le mois dernier, Vanoppen s’est tourné vers le tribunal, au nom du Beerschot, pour être protégé de ses créanciers.  » Il n’a donc pas tenu ses promesses.  »

Autre conclusion : le système actuel n’est pas imperméable.  » Nous n’en sommes pas loin quand même « , réagit Tis.  » Ce qui s’est passé nous a incités à ne pas lui accorder de licence pour la saison suivante. On peut nous abuser une fois mais pas deux.  »

La semaine dernière, Philip Valcke, l’avocat du Cercle, s’en est pris à la Fédération. Rappelant l’engagement pris par Vanoppen, il a affirmé que le Beerschot avait reçu une licence sous conditions, cette saison. Selon le règlement, le manager des licences doit suivre plus attentivement un club accepté avec des réserves, ce qui n’a pas été le cas. Si les conditions ne sont pas remplies, on peut infliger des sanctions à ce club et même lui retirer sa licence.

 » Ce n’était pas une licence sous conditions « , rétorque Tis.  » Nous n’attribuons plus ce genre de licences, précisément à cause des conséquences sportives en cas de retrait de la licence en cours de saison. Soit on démontre qu’on est capable de tout payer jusqu’à la fin de la saison et on reçoit sa licence, soit on ne reçoit rien.  »

Autre question : pourquoi le Beerschot n’a-t-il pas été interdit de transferts en hiver ? Le club faisait déjà de la corde raide. En juin 2012, il avait fait état d’un déficit de 7.446 euros mais le bilan du 31 décembre dernier affichait un solde négatif de 2.698.940 euros.  » Un contrôle intermédiaire ne concerne pas l’ensemble des finances « , explique Tis.  » En décembre, on vérifie simplement si le club a payé ce qu’il devait à ce moment-là : les salaires, l’ONSS, la TVA, le précompte, les dettes envers d’autres clubs… Le Beerschot s’en est tiré en effectuant les paiements requis ou en trouvant des accords avec les clubs créanciers.  »

Le club anversois a donc pu honorer sa réputation de champion des transferts et acquérir huit joueurs, malgré une comptabilité déficitaire, avant d’être en défaut de paiement à l’égard des clubs qui lui avaient vendu ou loué des joueurs. Par exemple, Benito Raman, loué par Gand, a marqué cinq buts pour le Beerschot depuis la trêve hivernale mais Michel Louwagie, le manager général de Gand, a confirmé, la semaine dernière, que le Beerschot n’avait pas encore acquitté la moindre facture concernant la location de Raman.

PAR KRISTOF DE RYCK

Le bilan du 31 décembre dernier affichait un solde négatif de 2.698.940 euros.

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