Le 12e homme, c’est le coach

S’il continue comme ça, un jour, il faudra élever une statue à Alain Perrin, le coach de l’Olympique de Marseille. Il y a deux semaines, son gardien, l’ancien Rouche Vedran Runje, exprimait son désaccord quant aux méthodes de l’entraîneur :  » Il nous critique quand ça va mal, mais quand ça va bien, c’est uniquement parce qu’on fait ce qu’il demande. Toutes les critiques sont pour nous « .

Le lendemain, Perrin demandait à Runje de donner l’entraînement, et lors du match contre Nice, il a laissé ses joueurs s’auto-coacher pour trouver les solutions de la victoire. Lors du match de Ligue des Champions contre le Partizan, la communication était rétablie entre le groupe et son mentor.

Perrin est coutumier de ce genre de procédés. A Troyes, il l’avait déjà expérimenté à plusieurs reprises, laissant parfois couler une semaine sans adresser un seul mot à ses joueurs parce qu’ils n’appliquaient pas ses consignes. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, une telle attitude a toujours été bénéfique car û aux dires des joueurs û elle les obligeait à se prendre en mains et à aller au bout de leur réflexion.

Critiquer c’est facile, encore faut-il avoir autre chose à proposer. Voilà le message de Perrin à ses hommes.

Comment Hugo Broos aurait-il réagi, s’il s’était appelé Alain Perrin, face à l’incompréhension de Constant Vanden Stock de ne pas faire toujours jouer Walter Baseggio et Pär Zetterberg ensemble ? Aurait-il aligné Mister Z contre Bruges aux côtés de Walt’ en laissant à l’équipe le soin de se débrouiller ? En lieu et place, le coach mauve a aligné Baseggio et laissé Zetterberg sur le banc jusqu’à la 71e minute lorsqu’il voulut préserver le 1-0. Broos a remplacé l’attaquant Ivica Mornar par le médian Zetterberg et le médian Mark Hendrikx par le défenseur Olivier Doll. Résultat des courses : Anderlecht reculait et 11 minutes plus tard, Andres Mendoza faisait 1-1. Ce n’était sûrement pas ça que CVDS avait en tête. Faire entrer Pär pour défendre. Potverdoume.

Le championnat reste plus ouvert que si les Mauves avaient gagné, mais ça ne fera pas taire le mécontentement de la présidence d’honneur. Les résultats sont là en championnat de Belgique, mais l’équipe ne pratique pas toujours un jeu témoignant d’une recherche suffisante du beau. Et en restant très calme, on doit bien constater que le calendrier des leaders n’a pas été des plus rudes jusqu’à présent, et qu’ils n’ont pas été totalement convaincants lors des deux tests à Lyon et contre un Bayern réduit à dix.

Quoi qu’il fasse, Broos a l’air coincé entre le marteau et l’enclume. Il n’y a rien de pire pour un coach que d’être obligé de suivre les directives de ses dirigeants. Mais quel est le souhait réel des entraîneurs ? Avoir des patrons qui s’y connaissent bien peut les soumettre à des critiques rapides sur les problèmes fondamentaux, mais sans doute aussi leur valoir de la compréhension par rapport aux vrais impondérables du jeu. Ainsi, Dominique Leone n’a pas été patient avec Marc Grosjean, et on a l’impression que Marc Degryse a été débauché par le Club Brugeois pour bien analyser le travail de Trond Sollied. Au Standard, le positivisme et l’enthousiasme de Dominique D’Onofrio font le jeu d’un club qui réagit toujours vite et fort sur le marché des transferts. Sans coach malléable, Sclessin ne pourrait jamais se permettre une créativité à géométrie variable.

Comme prévu, le nouveau potentiel des Rouches est à la hauteur d’une très bonne suite de championnat. Les trois matches sans points ont constitué un mauvais passage obligé qui devrait déboucher sur une nouvelle envolée. Exemple : Almani Moreira, complètement à côté de ses pompes il y a peu et qui est revenu en force à l’Antwerp…

 » Oui, mais D’Onofrio a complètement changé son système « , entend-on déjà. Et alors, où est le mal ? En Italie, terre de tactique, les coaches n’hésitent jamais à modifier leurs batteries. Rares sont-ils à conserver longtemps le ou les mêmes systèmes (car évidemment, une équipe pro qui se respecte maîtrise plus d’une manière de jouer). Et au Standard û avec les fratelli D’Onofrio û, on est justement imprégné de foot italien, où la valeur d’un match ne se juge pas de la même manière que dans des contrées plus nordiques.

par John Baete

 » Sans coach malléable, Sclessin ne pourrait jamais se permettre une créativité à géométrie variable  »

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