interview : Alexander Frei

Avez-vous le sentiment qu’on respecte suffisamment le football suisse ?

Non, on ne respecte absolument pas le football helvétique. Parfois, j’ai l’impression qu’on compare même la Suisse aux Iles Féroé. Donc, qu’on n’en pense strictement rien de bon sur le plan du football.

C’est ainsi qu’on voue la Suisse au rôle d’outsider du groupe B, par exemple ?

Ce n’est pas mon avis, en tout cas. Dans un bon jour, l’équipe suisse peut battre n’importe qui. Je ne me rends pas au Portugal pour m’amuser à Lisbonne ou à Porto. En d’autres termes, je ne vais pas au Portugal pour jouer les touristes. Je veux aider la Suisse à gagner.

Quelle est l’importance du premier match, contre la Croatie ?

Ce premier match est généralement crucial. Une victoire nous donnerait confiance et nous lancerait pour la suite du tournoi. Le premier match détermine souvent le reste de la compétition.

Après avoir quitté le Servette Genève, vous avez vécu une première saison difficile à Rennes mais maintenant, vous figurez parmi les meilleurs buteurs du championnat français. Comment expliquez-vous cette différence ?

Je n’ai jamais perdu confiance en mes moyens, ce qui est très important, et j’ai modifié mon style de jeu, en y insufflant plus de mouvements, en consacrant plus d’attention à l’aspect défensif. On progresse automatiquement quand on travaille dur à l’entraînement, tous les jours. Faire banquette m’a endurci. Je suis plus déterminé qu’avant. Jamais je ne me suis découragé. Pas le moindre instant, je n’ai été tenté de baisser les bras.

Vous voilà devenu une vedette dans l’Hexagone.

Ainsi va la vie. Je suis sous les feux de la rampe depuis que j’ai marqué quatre buts contre Marseille et que je trouve régulièrement le chemin des filets, mais ça ne change rien. Je suis resté le même homme, en tout cas. On ne devient pas un bon footballeur du jour au lendemain. Je suis conscient que cela a été facile de mettre quatre buts car j’ai eu des passes extraordinaires. Des fois, on se lève le matin et on ne sait pas pourquoi on est bien. J’avais passé les deux derniers matches sur le banc. J’avais déjà marqué quatre buts en championnat de Suisse. Mais c’est vrai que quatre c’est honteux. Trois, ça va. (il rit).

Le match contre la France sera-t-il spécial pour vous ?

Pas vraiment ou plutôt oui, dans la mesure où je joue en championnat de France. Ce sentiment spécial sera surtout induit par le fait d’affronter une des meilleures équipes du monde, des joueurs de la classe de Thierry Henry, Zinédine Zidane, Lilian Thuram, Patrick Vieira, Robert Pires. Avec de tels éléments, la France ne peut qu’être la grandissime favorite du tournoi.

Quelles équipes peuvent nous surprendre agréablement, au Portugal ?

Je vais faire plaisir à Petr Cech et à Kim Kallstrom, mes coéquipiers à Rennes. Je dis donc la Tchéquie et la Suède.

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