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 » Il risque de rester au fond du trou « 

Prêté à Eupen par le Standard, Jean-Luc Dompé devait trouver au Kehrweg le temps de jeu qui lui était refusé à Sclessin. Mais plutôt que d’émerger, le Français a sombré corps et âme.

4 février 2017, mi-temps de Eupen – Waasland-Beveren. De manière exceptionnelle, Jordi Condom procède à deux changements : Christian Brüls remplace Lazare Amani et Jean-Luc Dompé se substitue à Jeffrén. Si le premier s’est, depuis, installé dans le onze de base, le second a, quant à lui, disparu de la circulation. Ses 45 minutes disputées face aux Waeslandiens sont ses dernières sous le maillot des Pandas. Pourtant, le 6 février, le joueur indiquait sur son compte Twitter que  » le meilleur restait à venir « . Visionnaire.

Avec 172 minutes jouées (dont 82 en championnat en 2 matchs), le passage de Jean-Luc Dompé à Eupen est un échec cuisant. Potentiellement, il aurait pu participer à 14 rencontres pour les  » Noir et Blanc « . On est très loin du temps de jeu  » garanti  » qu’il évoquait lors de sa présentation.

Comportement de starlette

A son arrivée à Eupen, le joueur fait dans le classique insipide pour justifier son prêt chez les Pandas.  » Je suis content d’être ici. J’avais d’autres pistes mais quand j’ai rencontré la direction, j’ai senti qu’on me voulait « , avance-t-il avant de poursuivre de manière un peu présomptueuse :  » Je voulais du temps de jeu et ce sera garanti ici.  »

Etonnée, l’assemblée de journalistes le sera encore quand le joueur évoque la Coupe de Belgique.  » J’ai entendu dire qu’Eupen avait perdu la demi-finale aller de Coupe 1-0 « , glisse-t-il. Une petite phrase un peu bizarre qui en dit long sur la personnalité du gaillard.

En zone mixte, il s’illustre par un comportement particulièrement hautain. A l’issue de l’élimination en Coupe de Belgique contre Zulte-Waregem, les journalistes présents sur place espèrent obtenir du Français une déclaration sur le match joué, son premier au Kehrweg.  » Non, pas ce soir. La prochaine fois « , répond-il face aux sollicitations.

 » C’est quelqu’un avec une très forte personnalité, sûr de lui. Il sait ce qu’il veut « , lâche le Trudonnaire YohanBoli pour décrire son pote. Les deux se sont connus chez les Canaris où ils sont arrivés en même temps, à l’été 2015.

Manque d’investissement

Après la rencontre face à Waasland-Beveren, les mêmes journalistes retentent le coup.  » Non, la prochaine fois « , lance à nouveau l’ailier avec un air dédaigneux. De prochaine fois, il n’y en aura pas, Jordi Condom ne le reprenant plus une seule fois dans son groupe.

C’est à Sclessin, où il est transféré au coeur de l’hiver 2016, que les ennuis commencent pour Dompé. Là-bas, il retrouvait l’entraîneur qui l’avait dirigé à Saint-Trond, Yannick Ferrera. Quelqu’un qui ne voulait, à l’époque, tout simplement pas de lui et qui avait mis sa direction en garde contre le comportement peu professionnel du gaillard.

Amené par Daniel Van Buyten et Christophe Henrotay, le joueur symbolisait la fracture qui existait entre le duo, d’une part, et le staff sportif de l’autre.

A Liège, déjà, le temps de jeu du Français était très limité (888 minutes en 1 an, toutes compétitions confondues). Pour Yannick Ferrera, le joueur en était le premier fautif :  » C’est un choix de non-investissement de sa part « , fait-il remarquer. Pourtant, l’actuel coach de Malines reconnaît que Dompé est  » un excellent joueur quand il a faim. C’est probablement le joueur le plus rapide balle au pied que j’ai eu sous mes ordres « . Mais, parce qu’il y en a toujours un dans pareil cas,  » il doit se donner les moyens. Il n’est pas encore focalisé sur son métier « . Et de prévenir :  » S’il ne le fait pas, il risque de rester au fond du trou.  »

Bars à chicha

Si le comportement du joueur est largement à remettre en question et explique en partie sa mise à l’écart, son hygiène de vie est un autre élément important de cette équation quasi insoluble. Il y a 40 ans, écumer les cafés et collectionner les filles n’empêchaient pas de jouer. Aujourd’hui, les joueurs pros ne peuvent plus se le permettre.

Or, lors de sa période au Standard, il n’était pas rare de voir Dompé traîner dans des bars à chicha et autres boîtes de nuit jusqu’à pas d’heure, des veilles ou avant-veilles de matchs. Mais n’est pas Roger Claessen ou GeorgeBest qui veut.

Boli coupe court :  » Jean-Luc vit comme un pro. Quand il a signé à Saint-Trond, je l’ai pris sous mon aile. Il a une bonne hygiène de vie. Le reste, ce ne sont que des on-dit. C’est un choix du coach et de la direction de ne pas le faire jouer. Rien d’autre.  »

En attendant, l’ancien Canari était venu à Eupen pour récupérer du temps de jeu, mais il n’aura fait que creuser un peu plus profond le trou dans lequel il était. Fin janvier, quand il débarque dans l’est de la Belgique, il est censé remplacer – ou au moins concurrencer – HenryOnyekuru, alors en vadrouille dans la nature et sur qui le club ne sait pas s’il pourra encore compter.

Retour à Liège

Monté au jeu contre Mouscron, Dompé enchaîne avec une titularisation en Coupe face à Zulte-Waregem avant de disputer la deuxième mi-temps contre Waasland. Mais quand Onyekuru refait surface à l’issue du mercato, le Français doit s’effacer, surtout que le Nigérian collectionne les bonnes prestations et enfile les buts amenant le maintien.

Pour ne rien arranger, il contracte une blessure à l’adducteur qui contrarie son intégration. Officiellement, on parle d’un problème musculaire suite à une surcharge de travail. Officieusement, certains évoquent une blessure liée à son hygiène de vie peu adéquate.

Une fois rétabli, on s’attend à voir le joueur réintégrer le groupe, ses minutes jouées ayant été très convaincantes, il faut bien l’avouer. Mais Jordi Condom y coupe court, expliquant vouloir récompenser le groupe qui avait fait les efforts pour aller chercher le maintien.  » Il aura peut-être du temps de jeu durant les play-offs 2 « , ajoutait-il à l’époque. On attend toujours.

Prêté sans option d’achat, les chances de voir Jean-Luc Dompé prolonger l’aventure à Eupen sont très faibles, pour ne pas dire nulles. A l’issue de la saison, le joueur reviendra donc à Liège où son contrat court jusqu’en juin 2019.

Sa chance – peut-être – c’est qu’un nouvel entraîneur débarquera en même temps, l’occasion pour lui de se racheter une conduite et, qui sait, du temps de jeu. C’est en tout cas le souhait du joueur. A 21 ans, on n’imagine pas encore la carrière du joueur stopper net. Mais il est grand temps d’enclencher la deuxième. Voire la troisième.

par Julien Denoël – photo Belgaimage

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