C’est le panard!

Mais ses chaussures mauves le serraient trop fort.

Vous souffriez déjà des ongles des orteils quand vous jouiez en Tchéquie. Se pourrait-il que vos chaussures soient un rien trop petites?

Jan Koller : Oui, c’est partiellement dû à ça. J’ai surtout des problèmes quand elles sont neuves et qu’il fait froid.

Vous ne pouvez pas commander une pointure au-dessus, tout simplement?

Oui, mais c’est difficile car la pointure 51 n’existe pas. Le 50 est la plus grande et elle n’est déjà pas facile à trouver.

C’est quand même incroyable! Un joueur aussi intéressant en termes de marketing ne trouve aucun fabricant disposé à réaliser des chaussures 50 ou 51 exclusivement pour Jan Koller?

Peut-être ne suis-je pas un si grand footballeur (il rit)!

Vous cognez-vous toujours aussi souvent la tête?

Oui, surtout cette saison, avec tous ces déplacements (il rit): dans l’avion, sur la télévision dans le car aussi.

En résumé, vous vivez vraiment une saison pénible?

Oui, la pire de toutes, je crois (il rit). Le système de la Ligue des Champions est taillé sur mesure pour moi. Je parviens plus facilement à garder mon rythme quand on joue tous les trois ou quatre jours que quand on n’a qu’un match par semaine.

Anderlecht se plaint régulièrement du manque de sportivité des défenseurs adverses. Vous étiez particulièrement ulcéré après le match contre Charleroi…

Oui, c’était incroyable. Frank Defays m’a mis les deux jambes à sang. J’avais quatre ou cinq plaies ouvertes. Parfois, c’est vraiment pénible.

Que faites-vous pour y remédier?

C’est le travail de l’arbitre mais s’il n’intervient pas, que puis-je faire?

Vous laisser maltraiter?

Oui. A Lokeren, j’ai appris à conserver mon calme car quelques réactions m’avaient valu une carte rouge.

De ce point de vue, comment est la Ligue des Champions?

Bien. On ne me rentre pas dedans comme en championnat de Belgique.

A l’exception du match à domicile contre la Lazio, quand Nesta…

Oui mais c’était la seule fois. Sinon, les défenses adverses ont fait preuve de plus de correction qu’en Belgique.

Vous vous laissez rarement tomber dans le rectangle. Pourquoi?

Je ne sais pas (il rit).

Est-ce la meilleure saison de votre carrière?

Oui.

Vous insistez souvent sur l’importance de Hedvika, à laquelle vous avez pour ainsi dire dédié votre Soulier d’Or. Vivez-vous davantage pour le football depuis que vous cohabitez?

Oui, ça a évidemment un effet positif sur le football. Je suis davantage à la maison, je me repose plus et je me nourris mieux. C’est un plus évident pour ma carrière. Je le sens: mon corps récupère plus vite, je suis plus fort. C’est très important.

Durant les semaines qui ont suivi le Soulier d’Or, vous avez répété que vous n’étiez pas frais mentalement. Pourquoi?

Je n’aime pas tellement la publicité et j’ai été gâté à ce moment-là.

Hedvika semblait le vivre plus facilement.

Oui, mais c’était parfois trop.

Notamment quand des journaux ont raconté qu’Hedvika vous avait quitté. En avez-vous beaucoup souffert?

Quand Hedvika était partie? Oui, bien sûr, elle est le grand amour de ma vie, elle est… J’étais fâché sur le journaliste qui a publié cette information. C’est pour ça que j’ai demandé à Michel Verschueren si la presse ne pouvait pas me laisser ma vie privée.

Mais ça n’arrête pas. Hedvika reste un sujet d’actualité. Le groupe des joueurs l’apprécie aussi, apparemment. Le magazine flamand P-Magazine était à peine sorti que son poster était affiché dans le vestiaire.

Oui (il rit)!

Qui a fait ça?

Walter Baseggio, je crois.

Voulez-vous partir à tout prix?

Pour moi, c’est le moment idéal. Il me serait très difficile d’accepter l’idée de prolonger mon séjour ici.

Pouvez-vous partir?

On ne me l’a pas signifié en ces termes mais j’ai cru comprendre qu’Anderlecht était disposé à collaborer.

Après votre Soulier d’Or, Michel Verschueren a clamé que vous valiez un milliard. Connaissez-vous le montant de votre transfert?

Non.

Honnêtement, Jan… A Fulham, vous pourriez gagner 1,2 million par semaine et Anderlecht semble apprécier la compagnie de Monsieur Al Fayed quand la conversation tourne autour de l’argent.

Pour l’instant, je n’en suis pas encore sûr.

Etes-vous déjà allé là-bas?

Non, je n’ai encore jamais mis les pieds à Londres (il rit). Je n’en sais que ce que me raconte mon manager tchèque, Pavel Paska.

Pourquoi Fulham serait-il un club idéal pour vous?

Le championnat anglais est prioritaire à mes yeux. L’international tchèque Smicer m’a dit que Fulham n’avait pas une mauvaise équipe. Il l’a affronté avec Liverpool en Coupe. Fulham nourrit de grandes ambitions. Peut-être va-t-il transférer quatre ou cinq joueurs.

Fulham n’est-il pas trop modeste pour Jan Koller, après tout ce que vous avez prouvé sur la scène européenne avec la Tchéquie et Anderlecht?

Je ne réfléchis pas en ces termes. Je dois continuer comme avant. Je veux un tremplin où la concurrence n’est pas trop forte car je veux jouer. Voilà mon idée.

Londres, en revanche, n’est pas une petite ville.

Non et c’est aussi important. J’ai besoin de vivre dans une grande ville.

Nous pensions que vous préfériez la tranquillité de la campagne.

Après ma carrière, oui. J’habiterai à 20 ou 30 kilomètres de Prague. Mais pour le football, mieux vaut une grande ville.

Vous avez déjà 28 ans. Combien de temps vous reste-il pour atteindre l’élite absolue?

Cinq ou six ans.

Et ensuite?

Je retournerai à l’AFK Smetanova Lhota. Je veux à tout prix y achever ma carrière. C’est mon club, il est en troisième Provinciale. Peut-être y jouerai-je jusqu’à 40 ans, à moins que je ne joue dans le but et alors, je continuerai jusqu’à 50 ans. Mon père a arrêté à 53 ans.

Comment Anderlecht doit-il compenser votre départ?

Je ne sais pas, ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question.

Quel est l’Anderlechtois le plus difficile à remplacer?

Je ne sais pas. Peut-être pourrai-je le dire la saison prochaine.

Certains estiment que Jan Koller domine trop le jeu d’Anderlecht. Vous êtes à la fois défenseur et avant. Vous êtes moins omniprésent en équipe nationale?

Oui et sans doute est-ce mieux ainsi.

A moins que vous n’ayiez besoin d’être sans cesse en mouvement?

Oui, justement, c’est ça (il rit). Je veux bien rester devant et épargner mes forces mais je veux toucher le ballon de temps en temps. Je joue toujours mieux contre les grandes équipes. C’est plus difficile quand l’adversaire joue à dix devant son but.

Anderlecht est-il rassasié, après son titre et sa campagne en Ligue des Champions?

Oui, par moments. Les joueurs pensent à leur avenir personnel, ce qui n’est pas favorable aux prestations.

A l’idée de rater la Ligue des Champions la saison prochaine, la direction se trouvait mal. L’argent constitue une source de motivation inestimable pour les footballeurs professionnels. A-t-on augmenté la prime au titre ces dernières semaines?

Pas que je sache. Nous devions gagner ce match à La Louvière. Puis il y a eu le 7-0 contre le GBA et notre victoire si importante à Bruges. Contre les Anverois, réduits à dix, les circonstances nous ont été favorables mais nous avons réalisé de jolies combinaisons.

Avant le déplacement à Bruges, l’équipe n’était quand même pas tranquille?

Nous avions déjà deux points d’avance. Je pense que le Club était plus inquiet que nous, surtout après notre 7-0 et sachant qu’il était obligé de gagner.

Votre départ est acquis. Nous reverrons-nous?

Oui car la Belgique est ma seconde patrie. Quand j’en aurai le temps, je reviendrai.

A Anderlecht ou à Lokeren?

Les deux.

Pour boire laquelle de nos 200 bières?

Certainement pas une trappiste ni une Hoegaarden, je ne les aime pas (il rit).

Christian Vandenabeele

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