Ces espoirs éternels

Futur Zidane, Nouveau Pelé, Maradona des Carpates… Les médias sont rarement à court de surnoms pour qualifier les futures pépites du football mondial. Mais entre blessure, comportement et mauvais choix, ces jeunes stars ne parviennent pas toutes à s’imposer au plus haut niveau.

LES BLESSÉS JONATHAN WOODGATE, DÉFENSEUR, 35 ANS

Titularisé à seulement 19 ans dans l’axe de la défense de l’équipe nationale anglaise dans un match crucial des éliminatoires de l’EURO 2000, c’est peu dire que Jonathan Woodgate était attendu au Royaume-Uni. À Leeds, son salaire s’évalue d’ailleurs à environ 18 000 € la semaine. En 2004, il est recruté pour 20 millions d’€ par le Real Madrid alors qu’il est déjà blessé au genou. Et, pour son premier match à Santiago Bernabeu, le défenseur parvient à inscrire un but contre son camp avant d’être exclu quelques minutes plus tard. Il n’enchaînera ensuite que 13 rencontres pour les Merengue en trois ans, la faute notamment à une sale blessure à l’aine qui l’empêchera de devenir le défenseur N°1 de l’équipe nationale anglaise. Condamné à 100 heures de travaux d’intérêt général pour avoir tabassé un étudiant en 2001, Woodgate a largement eu l’occasion de faire connaissance avec l’indisponibilité professionnelle.

ABOU DIABY, MILIEU, 29 ANS

Le véritable homme de verre. Depuis qu’il est arrivé à Arsenal en 2006, Diaby a été blessé 1200 jours, soit près de trois ans et demi. Lui qui avait été repéré à la suite d’une seule bonne saison à Auxerre alors qu’il avait 19 ans a, depuis lors, toujours été protégé par Arsène Wenger, qui lui a même proposé de prolonger son contrat qui se termine ce mois-ci. Si la blessure encourue à la cheville suite à un tacle de Dan Smith a beaucoup influencé la suite de la carrière du natif d’Aubervilliers, le corps fragile de ce dernier ne lui a jamais vraiment rendu service.

ALEXANDRE PATO, ATTAQUANT, 25 ANS

Le Brésilien était décidément trop pressé. Trop précoce pour la loi italienne qui l’empêche de jouer tout de suite quand il est transféré au Milan AC à 17 ans en tant que future pépite, trop précoce pour Naples à qui il marque un but dès son premier match en Série A, trop précoce pour la défense de Barcelone qu’il surprend après seulement 26 secondes en Champions League, mais peut-être tout simplement trop précoce pour son corps, qui le lâche régulièrement au niveau musculaire, à la cheville ou encore au tendon d’Achille. Revenu au Brésil en 2013 en vue de la Coupe du Monde, il a quitté Corinthians après avoir été agressé par ses supporters, et a regardé le Mondial à la télévision.

ILS ONT EU LEUR HEURE DE GLOIRE… MACEO RIGTERS, ATTAQUANT, 31 ANS

Quand les espoirs néerlandais remportent le championnat d’Europe 2007 à domicile, Maceo Rigters fait figure de véritable star de l’équipe. Le joueur du NAC Breda termine meilleur buteur en scorant notamment en oe finale et surtout en inscrivant l’égalisation en finale à la dernière minute contre l’Angleterre. Conséquence : le buteur est illico transféré aux Blackburn Rovers d’où il va amorcer une des chutes les plus vertigineuses pour un espoir du football. Huit rencontres en quatre ans, avant des départs pour Norwich, Barnsley ou Willem II. Après un dernier match pro en 2012 en Australie, Rigters joue actuellement dans la troisième division du football amateur néerlandais… et il a pris une quarantaine de kilos.

MOHAMED ZIDAN, ATTAQUANT, 33 ANS

Un nom qui en rappelle un autre, une technique au-dessus du lot et quelques hauts faits d’armes qui ont propulsé Mohamed Zidan en tête de liste des futures stars du foot mondial. Goleador du championnat danois en 2004, 13 fois buteur en 15 matchs avec Mayence en 2007, efficace avec l’Egypte lors des victoires à la CAN en 2008 et 2010, Zidan a cependant laissé beaucoup trop de trous entre ces exploits : passages ratés au Werder Brême et à Hambourg avant de finir aux oubliettes à Dortmund, l’Egyptien se réveillera une dernière fois en 2012 à Mayence (12 matches, 7 buts) avant d’être condamné quelques mois plus tard à six ans de prison pour avoir émis un chèque sans provision.

LEROY LITA, ATTAQUANT, 30 ANS

Triple buteur au championnat d’Europe espoir en 2007 avec l’Angleterre, Leroy Lita est élu dans l’équipe-type de la compétition. Il couronne ainsi sa superbe première saison en Premier League avec Reading (12 buts). Alors que Michael Owen est sur le déclin, que Peter Crouch ne convainc pas tout le monde et que Jermaine Defoe est inconstant, l’Angleterre se dit qu’elle a peut-être trouvé le futur compagnon de route de Wayne Rooney. Mais après une saison 2007-2008 en demi-teinte, le puissant attaquant ne s’imposera plus jamais en Premier League et descendra progressivement dans la hiérarchie du foot anglais jusqu’à stagner en League One avec les Barnsley ou autres Notts County. Alors que Peter Crouch, lui, est toujours en Premier League.

LES GROSSES DÉSILLUSIONS FREDDY ADU, MILIEU, 26 ANS

Il restera dans l’Histoire des Etats-Unis comme le plus jeune sportif à avoir évolué en tant que professionnel. Il avait 14 ans à l’époque, et était alors encore considéré comme une future star du foot mondial. Freddy prend par la suite (un peu) le temps de progresser dans son pays, évoluant pour DC United et Real Salt Lake tout en recevant sa première sélection nationale en 2006. Adu fait le grand saut pour l’Europe à 17 ans, plus précisément à Benfica, où rien ne va se passer comme prévu. Insuffisant et pas fort efficace, il enchaîne les désillusions au point de faire une croix sur le haut niveau européen à 20 ans (transfert à Belenenses), sur l’équipe nationale à 22 ans et sur le chemin des filets un an plus tard. Il évolue désormais à KuPS, en D1 finlandaise.

KEIRRISON, ATTAQUANT, 26 ANS

C’est certainement le seul Brésilien de l’Histoire du FC Barcelone à ne pas avoir joué une seule seconde avec le club blaugrana. Transféré pour 14 millions d’€ en 2009, Keirrison sera prêté un peu partout en Europe et au Brésil, mais ne retrouvera jamais son niveau pré-Barcelone. À ses débuts à Coritiba, l’attaquant avait pourtant cassé la baraque en inscrivant 21 buts pour sa première saison en tant que professionnel et en devenant par la suite le premier joueur à enchaîner 14 buts en 16 rencontres pour Palmeiras. Surnommé K9 en hommage à Ronaldo, Keirrison ne parviendra jamais à faire le pas vers le top. En 2014, il est revenu définitivement à Coritiba où il marque… parfois.

ROYSTON DRENTHE, MILIEU, 28 ANS

Beaucoup espéraient en faire le successeur d’Edgar Davids, mais seul son look aura finalement pu être comparé à l’ancien pitbull de la Juventus. Héros des Néerlandais au championnat d’Europe espoir qu’il remporte en 2007, Drenthe est immédiatement transféré au Real Madrid où il commence en force en plantant un coup de canon des 30 mètres dès son premier match contre Séville. Mais, incapable de se plier aux exigences d’un club du top, Drenthe se frite avec la plupart de ses entraîneurs et finit par quitter le club après cinq ans et une soixantaine de matchs. Pas pour un club du subtop, mais pour la Russie et plus précisément Alania Vladikavkaz, puis Reading (Championship), puis Kayceri Erciyesspor en Turquie…

CAS PARTICULIERS ARNAUTOVIC, MILIEU, 26 ANS

Discrètement titulaire du côté de Stoke City, Marko Arnautovic (26 ans) est désormais bien loin de son transfert à 20 ans à l’Inter Milan où il était considéré comme une future star mondiale. C’était à l’époque où il enchaînait les conneries, aussi. D’abord insultant envers des policiers –  » Fermez-là. Moi je gagne tellement que je pourrais acheter vos vies. « , le joueur se fait ensuite voler une Bentley prêtée par Samuel Eto’o. Sur le terrain, c’est la catastrophe et après une saison à trois matches, l’Autrichien rejoint le Werder Brême d’où il sera exclu après avoir été pris quelques heures avant un match crucial en train de faire une course nocturne sur l’autoroute… Heureusement, pour toutes ces sorties de route, Arnautovic a trouvé l’explication :  » C’est la faute du démon.  »

BRENO BORGES, DÉFENSEUR, 25 ANS

En janvier 2008, il rejoint le Bayern Munich à 18 ans pour 12 millions d’€. Mais le seul match qu’il débutera sera contre Anderlecht lors du 1/16e de finale retour de la Coupe UEFA (1-2). Après un été où il est titulaire indiscutable avec un Brésil médaillé de bronze aux JO 2008, il retourne à Munich où il est encore considéré par Karl-Heinz Rummenigge comme une star du futur. Mais entre les blessures et les méformes, Breno ne joue pas plus d’une trentaine de matches en trois saisons. À bout mentalement et surtout en état d’ébriété, il met volontairement le feu à sa villa en septembre 2011. Condamné à 3 ans et 9 mois de prison, il est libéré en décembre dernier et a depuis lors rejoint São Paulo.

GIOVANNI DOS SANTOS, MILIEU, 26 ANS

Goleador de la Danone Nations Cup à 12 ans, deuxième meilleur joueur du championnat du monde des U17 remporté par le Mexique en 2005, deuxième meilleur jeune de la Coupe du Monde 2010 et auteur du plus beau but de la Gold Cup 2011 en finale contre les Etats-Unis après une sublime pichenette, Giovanni dos Santos est ce qu’on peut appeler un vrai patriote. Toujours excellent avec son pays, le milieu offensif n’a cependant jamais confirmé tous les espoirs que l’on plaçait en lui à Barcelone puis à Tottenham. Installé à Villarreal depuis 2013, il s’est surtout montré efficace en Europa League cette saison.

KEREM BULUT, ATTAQUANT, 23 ANS

Son corps est rempli de tatouages et son regard n’est pas des plus rassurants. Lui, c’est Kerem Bulut, un Australien d’origine turque actif à Western Sydney et qui est encore vu par certains comme une future star du football socceroo. Pourtant, à l’époque où il n’est pas encore majeur et que la première équipe européenne à lui faire confiance n’est déjà pas plus réputée que le Mladá Boleslav en Tchéquie, l’attaquant se fait pincer à Sydney durant une bagarre au couteau avec son gang, le Muslim Brotherhood Movement. Défendu par la fédération australienne qui espère avoir trouvé en lui le successeur de Tim Cahill, Bulut voit l’affaire classée sans suite et déménage pour l’Europe… où, avec deux buts en trois saisons, sa lame ne brillera jamais.

Auraient également pu être cités : Federico Macheda, Bojan Krkic, Ben Arfa, Jô, Dominic Adiyiah, Luc Castaignos, Miroslav Stoch, Dedryck Boyata, Alan Smith, Sinama Pongolle, Marcus Berg, etc… .

PAR ÉMILIEN HOFMAN – PHOTOS : BELGAIMAGE

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