CADEAU empoisonné

Niksa Bavcevic avait voulu offrir un cadeau aux supporters en convainquant le géant croate (2m18 et 24 ans) de jouer les playoffs avec Pepinster.

L’affaire BrunoSundov n’a pas fini de susciter des commentaires. Les clubs avaient le droit, jusqu’au 2 mai, d’engager des joueurs actifs dans un championnat étranger. Avant d’entamer le rush final, les clubs ont donc fait leurs emplettes là où il y avait de bonnes affaires à réaliser.

Ostende a engagé le pivot lituanien Marijonas Petravicius, mais la plus-value qu’il devait apporter a été atténuée par la blessure de Joey Beard. Mons a placé sous contrat l’ailier croate Dubravko Zemljic, qui a joué aux côtés de Butch Tshomba à Würzburg, pour pallier l’indisponibilité d’ Ivan Gemaljevic victime d’une blessure aux adducteurs. NiksaBavcevic, l’entraîneur de Pepinster, a voulu offrir un cadeau aux supporters du club verviétois en convaincant le pivot Bruno Sundov (24 ans et 2m18), qu’il avait eu sous ses ordres à Split, de rejoindre le Hall du Paire. Le jeune géant avait encore remporté, le 1er mai, le FinalFour de l’Euroligue avec le Maccabi Tel-Aviv en battant le CSKA Moscou de J.R. Holden, puis la Fortitudo Bologne de TomasVandenSpiegel sur le score impressionnant de 118-74.

Pour le formulaire de transfert, pas de problèmes : il peut se remplir par fax. Mais il fallait aussi une déclaration d’arrivée sur le territoire belge. Or, Bruno Sundov a débarqué en Belgique le 3 mai, à l’aube et le document aurait été antidaté. Les trois clubs wallons concernés par les playoffs (Charleroi, Liège et Mons) ont directement demandé un complément d’information et Ostende a déposé plainte.

La fédération a rendu son verdict dimanche après-midi : Pepinster perd par forfait les deux matches auquel Bruno Sundov a participé (deux matches déjà perdus sur le terrain : celui du 3 mai à Charleroi û qui aurait dû se disputer le 24 mars mais avait été reporté à cause d’un panneau défectueux au Spiroudome û et celui du 5 mai à Ostende) et la licence a été retirée au joueur.

Conséquence : Pepinster perd deux points au classement, et passe de la deuxième à la quatrième place. Là où l’affaire se corse, c’est que cette décision a provoqué des conséquences inattendues pour les autres clubs. Au lieu d’une égalité à trois clubs avec 84 points (Liège, Mons et Ostende), on obtient une égalité à quatre clubs avec 84 points (Liège, Mons, Ostende et… Pepinster). Sur base des confrontations mutuelles, Mons qui avait terminé cinquième est repêché pour les playoffs. Par contre, Ostende, qui avait terminé quatrième, devient cinquième… et éliminé. Victime de sa propre plainte, en quelque sorte.

Inacceptable, évidemment. Dimanche soir, au moment de boucler, on nageait en plein imbroglio.

Deux ans en Europe, puis le retour en NBA

Bruno Sundov présente pourtant l’un des plus beaux CV que l’on ait jamais vu dans le championnat de Belgique. Drafté en 35e position en 1998 par les Dallas Mavericks, où il a joué jusqu’en 2000, il a ensuite évolué aux Indiana Pacers (de 2000 ou 2002), aux Boston Celtics (2002-2003), aux Cleveland Cavaliers (début de saison 2003-2004) et encore cette saison aux New York Knicks sur base d’un contrat de dix jours, avant de rejoindre Israël en février de cette année.

 » Pourquoi ai-je accepté l’offre de Pepinster ? La saison était terminée en Israël, et j’avais encore envie de fouler les parquets, un privilège qui ne m’avait été accordé qu’à doses homéopathiques jusqu’ici « , explique- t-il dans le lobby de l’hôtel spadois où il a posé ses bagages.  » Je connais Bavcevic depuis mon adolescence. Il fut mon entraîneur à Split, chez les Juniors et en équipe B qui évoluait en D2, et m’a beaucoup apporté. C’est un formateur hors pair. Il m’a aidé à progresser. Je lui en suis reconnaissant. Nous sommes toujours restés en contact, et lorsqu’il m’a appelé dans l’optique d’une possible venue à Pepinster, j’y ai vu une manière de lui rendre service à mon tour « .

Ce qui compte surtout pour lui, c’est de jouer et continuer à progresser.  » Pour, après deux années en Europe, retenter ma chance en NBA avec de meilleurs arguments « . Car, si son CV est impressionnant, il traduit aussi une difficulté du joueur à réellement s’imposer au plus haut niveau mondial.  » Faire partie de la NBA, qui réunit les 400 meilleurs joueurs du monde, c’est grisant. Celui qui m’a le plus impressionné ? TimDuncan, à qui j’ai eu l’occasion de me mesurer. Mais, lorsqu’on ne joue pas ou très peu, c’est parfois difficile à vivre également. Suis-je parti trop tôt outre-Atlantique ? C’est possible, mais je ne regrette rien. Si c’était à refaire, j’agirais exactement de la même manière. Dans quel domaine dois-je encore progresser en particulier ? Défensivement, probablement « .

Au Maccabi Tel-Aviv aussi, son apport fut minime. En finale de l’Euroligue, sur les 118 points inscrits par son équipe, il n’en a pris que quatre à son compte, en six minutes passées sur le parquet.  » Je garde néanmoins un très bon souvenir de mon séjour en Israël « , déclare-t-il.  » Remporter le FinalFour, devant 10.000 supporters en délire, c’est géant. La vie à Tel-Aviv était très agréable aussi : le soleil, la mer, le… calme. Rien à voir avec toutes les images que l’on montre à la télévision « .

Du répondant pour les tours jumelles

Bruno Sundov aura donc joué deux matches en Belgique… qui se sont soldés par autant de défaites. Mais le joueur avait droit à des circonstances atténuantes.  » Le jour du match au Spiroudome, je venais de débarquer en Belgique à six heures du matin, en provenance de Tel-Aviv. Je ne connaissais aucun de mes nouveaux partenaires et j’étais, forcément, un peu fatigué. A Ostende, dans des conditions normales, on aurait dû gagner de 20 points. Mais que peut-on faire lorsque l’arbitrage vous est contraire ? Apparemment, l’arbitrage constitue un problème en Belgique. Un gros problème !  »

Lors de ses matches, il a parfois semblé refuser la confrontation directe dans la raquette, pour s’éloigner de l’anneau.  » Je suis polyvalent « , explique-t-il.  » Je peux jouer comme n°4 ou comme n°5. J’ai un bon shoot. Et, lorsque je m’éloigne de la raquette, avec mes 2m18, je pose un gros dilemme au coach adverse qui ne trouve pas toujours la solution pour défendre sur moi « .

Ceux qui ont assisté au tournoi des quatre nations, en août 2003 à Liège, ont déjà vu Bruno Sundov à l’£uvre : il y avait affronté la Belgique, la France et la Roumanie avec l’équipe nationale croate.  » L’équipe nationale ? Oui, c’est aussi un objectif pour moi. J’ai encore envie d’y jouer. Mais je dois d’abord régler certains détails avec certaines personnes. « .

Daniel Devos

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