Cab driver

Le Français n’a pas mis longtemps à jouer les conducteurs pour Newcastle. Présentation.

« La mentalité est quasi similaire à celle du nord de la France, c’est un chouette, chaud et joli environnement comme à Lille « . Ceux qui auraient mis un jour les pieds à Newcastle peuvent s’étonner du descriptif fait par Yohan Cabaye dans le Guardian quelques mois après son arrivée chez les Magpies. Le Français de tout juste 26 ans a quitté cet été son Nord pour celui de l’Angleterre, encore un peu plus brumeux, encore un peu plus pluvieux.

Arrivé pour environ 5 millions d’euros, Yo n’a pas mis longtemps à briller et faire briller ses partenaires grâce notamment à sa superbe lecture du jeu. Et pourtant, le pari était risqué. Quitter son club, le LOSC, où il était titulaire depuis six saisons, et qui restait sur un doublé historique Coupe-championnat, pour l’une des formations les plus instables des Iles, fallait oser. Aujourd’hui, le challenge est relevé et avec classe. Au côté de Cheick Tioté, davantage ratisseur et cogneur, il forme l’une des paires du milieu de terrain les plus efficaces de Premier League. Venu remplacer Kevin Nolan, parti se perdre à West Ham en Championship, le natif de Tourcoing (ville frontalière à la Belgique) a amené davantage de variantes dans le jeu de Magpies bien calés dans le subtop anglais.  » Le coach Alan Pardew m’a demandé à mon arrivée de changer le style de jeu du club et de travailler davantage la possession de balle. Son approche est assez similaire à celle de Rudi Garcia.  »

La saison dernière, Cabaye était le régulateur des quatre fantastiques aux côtés d’ Eden Hazard, Moussa Sow et Gervinho. Aujourd’hui, il peut s’appuyer sur le talent de Hatem Ben Arfa, de retour après une double fracture tibia-péroné, et sur le sens du but de Demba Ba (ex-Mouscron), auteur de 15 buts en 19 matches.

 » Il sait tackler, il sait passer, il sait frapper « , écrivait le Daily Mail. Que demande le peuple ? Un peu de respect et de disponibilité pour les fans et l’affaire est dans le sac. Cabaye n’a jamais eu pour habitude de se la jouer diva quand d’autres, comme Gabriel Obertan dont les prestations sont chancelantes, appuie sur l’accélérateur à la simple vision de demandeurs d’autographes. Aux abords de Saint James Park, The Cab est l’un des joueurs les plus populaires. Durant les fêtes, son nom trônait en tête des flocages de maillot. Au-delà de la qualité de son jeu, c’est le style Cabaye qui séduit.

The boy next door, comme on dit là-bas, sympa, correct, bonne gueule ; ses partenaires n’hésitant pas à le comparer à Mark Owen, chanteur du groupe à minettes Take That. Seule ombre au tableau : Joey Barton, qui ne voyait pas d’un très bon £il la popularité du French Boy. Celle-ci s’est éclipsée fin août avec le transfert vers Queen’s Park Rangers d’un des plus beaux spécimens du foot briton.

Tout sauf un bourrin

Malgré l’assurance de disputer la Ligue des Champions avec le LOSC, Cabaye a préféré le challenge Premier League. Saint James Park au Stadium Nord, les vertes pelouses anglaises et ses ambiances électriques aux 0-0 de L1.  » Par rapport à mes stats en France, tout est doublé. Je crois que je me suis bien adapté parce que je suis le joueur le plus fit, celui qui fait le plus de miles. Ici, le rythme ne retombe jamais. C’est la bagarre tout le temps, moi j’adore.  »

Il kiffe tellement les Iles que le Frenchie n’a pas voulu perdre de temps avec la langue de Shakespeare, malgré le contingent de joueurs de langue française dans le groupe pro (7), et même si à son arrivée sur les bords de la rivière Tyne, ses seules notions se limitaient à yes and no. Aujourd’hui, Yo suit sa femme Fiona à des lectures de pièce de théâtre à l’Université de Newcastle. Pas du genre sectaire non plus puisqu’il aime traîner dans le bario des Sudacs, Fabio Coloccini et Jonas Gutierrez, pas non plus bourrin puisqu’il aime se mater une toile ou bouquiner entre deux matches.

On est très loin des clichés  » footballeur Playstation « , un descriptif qui plaît plutôt à Laurent Blanc, engagé notamment pour relooker des Bleus bien ternes depuis l’épisode sud-africain. Le sélectionneur français ne s’y est d’ailleurs pas trompé en lui offrant sa première sélection en août dernier lors d’un amical en Norvège. Blanc a même concédé après la victoire face à l’Albanie début octobre :  » Cabaye devient important. Il est bon techniquement et intéressant dans le repli défensif.  » Sauf surprise, Cabaye devrait se retrouver parmi les 23 du voyage pour le prochain Championnat d’Europe. Reste à voir s’il arrivera à se frayer un chemin au milieu des Diarra et M’Vila dans le onze Bleu.

Dans le c£ur des Toons (fans de Newcastle), la plus grosse partie du chemin semble déjà faite.  » We don’t need Cantona, cos’ we have Ginola ! « , chantait Saint James Pak dans les nineties. On attend la version 2012 pour le nouveau hit boy français.

PAR THOMAS BRICMONT – PHOTO: IMAGEGLOBE

 » Je suis le joueur le plus fit, celui qui fait le plus de miles. Ici, le rythme ne retombe jamais. C’est la bagarre tout le temps, moi j’adore. « 

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