« BRUGES N’A QU’UN RIVAL: LUI-MÊME »

Georges Heylens commente le championnat.

Le match au sommet entre Bruges et le Lierse a confirmé la souveraineté du Club.

Georges Heylens: Tout à fait. Et au train où vont les choses, j’ai bien peur pour la concurrence qu’on ne s’oriente vers un cavalier seul de l’équipe flandrienne. Contrairement aux années passées, celle-ci possède des ressources insoupçonnées en profondeur puisqu’elle a dominé son sujet lierrois sans le concours de plusieurs valeurs sûres comme Marek Spilar, Rune Lange ou encore sa dernière recrue, Bengt Saeternes. Avec de telles Réserves, je ne vois pas les Bleu et Noir fléchir avant la trêve, même si leur calendrier ne sera pas de tout repos. Pour les hommes de Trond Sollied, il importera surtout de bien passer la trêve hivernale car c’est là, chez eux, que le bât avait blessé ces dernières saisons. Compte tenu de la qualité de l’effectif, cette entreprise devrait se révéler nettement moins ardue ce coup-ci. A mes yeux, Bruges n’a désormais plus qu’un seul rival: lui-même. Il lui incombe donc de bien gérer cette situation.

La treizième journée était placée sous le signe des hat-tricks. Et même d’un double coup de chapeau pour Wesley Sonck.

Dans cette chronique, j’avais déjà eu l’occasion de vanter les mérites de ce joueur qui a d’ailleurs de fortes chances de se succéder en tant que lauréat du Soulier d’Or, même si le Brugeois Timmy Simons et le Trudonnaire Danny Boffin lui mèneront sans nul doute la vie dure jusqu’au bout. J’ai déjà évoqué aussi le cas de son jeune coéquipier Kevin Vandenbergh, qui me semble réellement appelé à marcher sur les traces de son illustre père, Erwin. Dès lors, je vais plutôt m’attarder sur deux autres joueurs qui ont réussi l’exploit d’inscrire trois buts samedi soir. D’abord Cédric Roussel, qui grandit dans son rôle de semaine en semaine chez les Dragons. Grâce à lui, l’entraîneur des Canaris, Jacky Mathyssen, sait à présent ce que représente un déplacement dans la Cité du Doudou. J’ai beau être impliqué depuis plus de 40 ans dans le football belge, comme joueur d’abord, puis comme entraîneur, je n’ai pas souvenance d’une telle abondance en matière de jeunes attaquants de valeur chez nous. Derrière Emile Mpenza et Wesley Sonck, il y a Kevin Vandenbergh, Cédric Roussel, Stijn Huysegems, Tom Soetaers et j’en passe. Ce qui n’est pas rien.

Le dernier auteur d’un hat-trick, samedi soir, c’était le jeune Ghanéen Kwame Quansah du GBA.

Voilà encore un de ces Africains, complètement inconnu au bataillon des footballeurs en ce début de campagne, susceptible de se retrouver parmi les cinq nominés du Soulier d’Ebène en fin de saison. C’est fou le roulement à ce niveau aussi car depuis l’entame de cette compétition, les découvertes ne manquent pas. Comme Lezou Doba à Lokeren ou Asanda Sishuba à Mouscron, notamment. Sans oublier évidemment ceux qu’on connaît déjà mais qui ont pris une dimension nouvelle cette année, comme Désiré Mbonabucya à St-Trond. Pour en revenir à Quansah, sa prestation a, malgré tout, largement été favorisée par l’apathie de la défense carolorégienne, complètement dépassée par les événements, une fois de plus. Si les Zèbres veulent se tirer d’affaire cette saison, il n’y a plus 36 solutions: il leur faut une solide dose d’expérience. Non seulement au poste d’entraîneur, où le président Abbas Bayat aurait été beaucoup plus inspiré en nommant un coach ayant du vécu au lieu du novice qu’est Dante Brogno, en dépit de toute l’estime que j’ai pour lui. Et, surtout, je pense qu’il faudra transférer, cette fois, autre chose que des joueurs iraniens, qui ont encore tout à découvrir et à prouver.

Le mercato d’hiver promet d’être animé puisqu’on cite le nom de Pär Zetterberg avec insistance au RSCA tandis qu’Ali Lukunku n’est plus en odeur de sainteté au Standard.

Je n’ai qu’un conseil à donner aux dirigeants: qu’ils pèsent soigneusement le pour et le contre. D’un côté, faut-il vraiment rappeler un numéro 10 à l’ancienne et, de l’autre, peut-on se passer d’un élément comme Alis, même s’il fait parfois figure d’empêcheur de tourner en rond? Si le Standard a repris du poil de la bête, selon moi, c’est parce que le trio Lukunku-Aarst-Walem a été reconstitué et tourne à présent à plein régime. Dès lors, se séparer d’un de ces trois-là, c’est courir au suicide.

Bruno Govers

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