BOUC ÉMISSAIRE

 » On prend des mesures contre les insultes raciales alors qu’il faudrait bannir toutes les insultes « , dit un coach critiqué et navré de voir ses attaquants manquer autant d’occasions de but.

Au vu des objectifs de début saison, la première partie de championnat de l’Olympic Charleroi est quelque peu décevante. En effet, les dirigeants avaient clairement laissé entendre qu’ils souhaitaient que le club accède en D2, que ce soit en étant champion ou par le tour final. Cette dernière opportunité reste réalisable car le club carolo n’est qu’à quelques unités des leaders.

Mais pour quitter la D3B, il faudrait que l’équipe entraînée par Patrick Thairet affiche une plus grande régularité lors de ses rencontres. Ce qui n’est pas chose aisée compte tenu de la jeunesse de l’effectif. Rien n’est impossible. Cependant, l’Olympic devra, dans les prochaines semaines, jouer contre des équipes d’un calibre plus gros que celles affrontées récemment. On peut aussi s’interroger sur les objectifs annoncés. Etaient-ils concevables ou pas ? Et les dirigeants resteront-ils bien disposés envers Thairet dans le cas où le club n’engrangeait pas plus de points. L’entraîneur de l’Olympic se livre…

Patrick Thairet : Je souhaite directement faire preuve d’honnêteté. Nos résultats sont bien en deçà de nos ambitions annoncées au début de l’exercice. On avait pourtant bien débuté notre championnat mais nos prestations ont commencé à fléchir. On a donc accumulé quelques points de retard sur nos principaux rivaux. Suite à notre récent match nul à Tongres (1-1), on affichait un maigre bilan d’un point sur neuf. C’est totalement inacceptable ! Surtout lorsqu’on annonce que l’on souhaite absolument être promu. On s’est donc un peu ravisé. Une place parmi les trois premiers constitue dorénavant notre but. Mais il faudra se battre car les autres formations sont d’un très bon niveau. Visé, descendant de D2, était déjà cité comme favori dès le début de saison. Malgré son départ difficile, l’équipe liégeoise semble être beaucoup plus solide. On note un net regain de forme. Ce club terminera sûrement parmi les trois premiers. Tirlemont est aussi un favori pour le titre. Cette formation est un véritable bloc. Namur pourrait jouer les trouble-fêtes si l’on prend en considération l’expérience de son noyau. Par contre, les Francs Borains rentreront logiquement dans le rang. Ce club n’aura pas assez de souffle pour conserver la première place.

Mais peut-on envisager la montée avec un effectif dont la moyenne d’âge est si basse ?

En effet ! Elle atteint à peine 25 ans. Il faut aussi prendre en compte l’intégration de nos six joueurs ivoiriens. Pour la plupart d’entre eux, ils ne sont pas habitués à la Belgique. Ils sont très jeunes et ils ont encore beaucoup à apprendre. Il faut donc laisser le temps au temps. L’expérience ne s’acquiert pas en un tournemain. On risque d’être un peu courts, mais rien n’est encore joué. On doit continuer à espérer. Dans tous les cas de figure, nous devons nous montrer dignes d’accéder dans l’antichambre de l’élite. Mon équipe n’est pas non plus dénuée de qualités. Elles sont nombreuses et il va falloir les mettre en £uvre. Si notre promotion est impossible, on devra alors se résoudre à joindre la D2 à long terme. La saison prochaine fait partie du long terme…

 » Que nos supporters restent réalistes…  »

Ne subissez-vous pas trop de pression ?

Surtout de la part de certains supporters, oui ! Ils espéraient peut-être que l’on allait tout casser cette saison au vu de nos premières prestations et de nos résultats en Coupe. C’était évidemment une erreur de considérer que notre parcours allait s’avérer commode. C’est vrai aussi pour les dirigeants ! Ils se sont trop précipités. C’est logique qu’ils aspirent à jouer le haut du classement mais je souhaite qu’ils soient aussi réalistes. Beaucoup de formations affichent également beaucoup d’ambitions après quelques matches amicaux durant la trêve…

Une place parmi les trois premiers est-elle réellement jouable ?

Pas si nos performances demeurent en dents de scie ! Nos joueurs doivent être plus efficaces. Lors de la rencontre face à Tongres, Mandella Banga a par exemple été inexistant, tant sur le plan offensif que défensif. C’est inacceptable mais c’est aussi compréhensible. Certains de mes joueurs sont extrêmement jeunes. Guy Niangbo et Mahamed N’Diaye ont seulement 19 ans. Ces Ivoiriens ont beau être doués, ce ne sont pas encore des internationaux… même s’ils progressent rapidement… On aspire maintenant à un peu de stabilité et à une fin de championnat en boulet de canon. Notre tâche est ardue puisque des déplacements très difficiles nous attendent. Il faut absolument que les garçons restent sur leurs gardes. On remarquera aussi que l’on a aussi beaucoup joué de malchance. Trop de nos rencontres se sont soldées par une défaite ou un match nul, alors que nos attaquants ont eu de multiples occasions. Trop de points ont été gaspillés bêtement ! Il est souvent arrivé qu’une occasion suffise à nos adversaires pour inscrire un goal. Ce qu’il faudrait pour remonter le moral des troupes, c’est une belle série de victoires. Mais j’ai effectivement un peu peur que mes éléments soient désabusés, et ce, même inconsciemment.

Comment appréhendez-vous votre noyau ?

La venue d’un attaquant, un pivot de préférence, durant le mercato me semble impérative. Le problème tient dans le fait que presque tous les clubs sont à la recherche d’un tel joueur. On a quelques pistes mais rien n’est encore fait. On attend un peu et on verra. Nous n’avons plus le choix. Niangbo a inscrit une dizaine de buts, mais il a eu tellement d’occasions qu’il aurait dû en inscrire le double. Il faut donc qu’il soit un tant soit peu plus patient devant le cadre. J’ai également six bons défenseurs dont un jeune qui vient d’intégrer le noyau A. J’ai beaucoup de solutions de rechange, sauf sur les flancs où il n’y a que Banga et Alain Aka qui y officient et qui sont incapables de fournir le moindre travail défensif.

 » Mon challenge à l’Olympic est toujours passionnant  »

N’êtes-vous pas lassé de pas être encore parvenu à monter avec l’Olympic ?

Non, je suis là depuis quatre ans et je ne ressens aucune lassitude. Le challenge est toujours aussi intéressant. Je devrais peut-être viser plus haut mais cette idée ne m’obnubile pas. Entraîner en D3 n’est pas donné à tout le monde. Ce que je regrette principalement, c’est la très mauvaise mentalité de certains supporters. Je ne suis pas contre la critique constructive, mais ils dépassent trop souvent les bornes. Je fais état de véritable bouc émissaire et je ne suis pas du tout d’accord avec ce qu’ils disent. Je suis par moment totalement impuissant par rapport aux résultats. Que voulez-vous faire lorsque votre équipe se crée des occasions à la pelle et qu’elles n’entrent pas ? L’Olympic a presque toujours pratiqué un beau football mais ça n’a pas été suffisant. Le pire pour l’instant, c’est les insultes et les altercations verbales. On prend des mesures contre les insultes raciales alors qu’il faudrait tout simplement bannir toutes les insultes. Attention, je conserve toute ma motivation. L’ambiance dans le groupe est bonne mais parfois, la frustration s’immisce. Pour ma part, je dois dire que je suis très frustré par rapport à nos résultats.

Vous avez prolongé votre contrat pour deux années en avril dernier. Le regrettez-vous ?

Non, absolument pas ! Comme je l’ai déjà dit, faire monter l’Olympic est un défi très captivant. D’ailleurs, la convention qui me lie au club stipule que je dois faire monter le club dans les deux ans à venir. Si cela fonctionne, je serai extrêmement heureux. A l’époque, j’avais d’autres propositions intéressantes. Mais je ne pouvais pas refuser les perspectives financières que m’offrait l’Olympic. Je ne souhaite pas non plus citer les clubs qui me convoitaient car ils sont encore susceptibles d’entrer en contact avec moi.

Quel bilan dressez-vous de vos quatre années à l’Olympic ?

Un paramètre est à mettre inévitablement en évidence : je n’ai jamais pu travailler dans la continuité. Ma première saison a été bonne, mais par la suite, le groupe que j’avais construit a éclaté. Lors de la seconde année, j’ai dû composer avec les moyens du bord car beaucoup de mes éléments avaient quitté le navire. Ma troisième année a été marquée par un très mauvais départ et en conséquence, elle a été très moyenne. Cette saison, je suis presque parvenu à garder mes meilleurs joueurs. De plus, les Ivoiriens sont venus hausser le niveau technique de mon noyau.

Et votre avenir ?

J’espère pouvoir entraîner l’Olympic en D2. Le club en a vraiment les moyens. Les infrastructures sont très bonnes, mais les places sont chères partout. Cette saison amène un peu plus de professionnalisme grâce à l’apport financier de nos nouveaux investisseurs. Il y a vraiment de grosses différences par rapport à avant. La santé du club est excellente, alors qu’encore récemment, l’Olympic allait droit financièrement droit dans le mur. Montée ou pas montée, c’est le court terme qui est important. Ces prochaines semaines vont s’avérer décisives.

TIM BAETE

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