« The King wears the crown! »: LeBron James entre dans la légende de la NBA en devenant son meilleur marqueur
On pensait que le record de points établi par Kareem Abdul-Jabbar en 1989 était imbattable. Mais 33 ans plus tard, LeBron James a donc fait encore mieux et en moins de rencontres. Et il pourra encore continuer d’améliorer son total de points.
Stratosphérique: LeBron James est devenu mardi le meilleur marqueur de l’histoire de la NBA devant le légendaire Kareem Abdul-Jabbar, s’emparant du record individuel le plus prestigieux du basket américain, qu’il devrait s’employer à rendre imbattable, tant il compte bien durer encore longtemps au sommet.
C’est un shoot réussi en se retournant, à la moitié de la seconde période des Lakers face à Oklahoma City, qui a soudainement fait s’arrêter le temps, le match, le souffle de quelque 20.000 fans – parmi lesquels des célébrités comme Jay-Z, LL Cool J, John McEnroe, Magic Johnson et des fortunés ayant payé jusqu’à 24.000 dollars le siège courtside -, dans une Crypto.com Arena en fusion. Aussi, une pause nécessaire s’imposait pour célébrer cet exploit, certes attendu mais enfin réalisé par la superstar de 38 ans, que les larmes ont rapidement envahi au moment où sa famille et ses proches sont venus partager l’instant d’émotion, immortalisé par les caméras et les téléphones portables. « Merci à ma belle femme, ma fille, mes deux garçons, mes amis, ma mère, tous ceux qui ont fait partie de mon parcours durant ces vingt dernières années et plus », a-t-il dit. Il n’a pas manqué de remercier « les fidèles des Lakers, uniques en votre genre ». Sans oublier Kareem Abdul-Jabbar, venu pour l’occasion transmettre le flambeau. « Etre en présence d’une telle légende signifie beaucoup pour moi. C’est une grande leçon d’humilité, faites une ovation au capitaine, s’il vous plaît! ». Ce dernier avait mis la barre très, très haut – à 38.387 points – au soir du 5 avril 1989.
150 matches de moins pour y parvenir
L’inventeur du « sky hook », ce bras roulé signature qui fit tant de dégâts chez les défenses adverses a établi son record, au bout de 1.560 matches de saison régulière. James n’aura lui eu besoin de 1.410 rencontres.
Les messages se sont succédés sur les écrans géants jusqu’à la fin de ce match dont le résultat final n’importait plus, tel celui de Joe Biden pour saluer cet exploit ou des enfants de l’école qu’il a fondée à Akron, sa ville natale.
James avait néanmoins convenu la semaine passée avoir conscience de s’arroger « l’un des plus grands records dans le sport en général, l’un de ceux dont on pense qu’il ne sera jamais battu ». Les faits lui donnent raison, car ce trône n’a changé qu’une fois de propriétaire depuis 1966, lorsque Abdul-Jabbar dépassa Wilt Chamberlain, désormais septième sur la liste des meilleurs marqueurs de l’histoire.
Pourtant, il y en eut des scoreurs impénitents qui se sont succédés depuis. Sans qu’aucun ne puisse tutoyer « KAJ », les Karl Malone (3e, 36.928 pts), Kobe Bryant (4e, 33.643 pts), Michael Jordan (5e, 32.292), Dirk Nowitzki (6e, 31.560) ou encore Shaquille O’Neal (8e, 28.596).
L’exploit est vertigineux donc. D’autant qu’on est encore loin de connaître à quelle hauteur le « King » va porter son record, tant il a encore de belles années devant lui. Au point d’entretenir un rêve de moins en moins secret, celui de jouer avec son fils aîné Bronny, qui pourra se présenter à la Draft en 2024.
Pour « LBJ », qui a d’ailleurs déjà affronté dix joueurs et leur père bien des années plus tôt, la barre symbolique des 40.000 points est très largement à portée de main, car il n’en est désormais plus qu’à une cinquantaine de matches. Ce qui devrait se produire dès la saison prochaine.
Le GoaT au détriment de Michael Jordan ?
Reste la question qui brûle les lèvres de nombreux fans et observateurs: cet immense accomplissement fait-il de LeBron James le « GOAT » – le meilleur joueur de tous les temps – au détriment de Michael Jordan ? Rien n’est moins sûr, ne serait-ce que parce que ce dernier a remporté les six finales qu’il a jouées avec les Bulls, alors que le premier n’en a gagné « que » quatre sur dix.
Mais son énergie et son envie intactes lui font repousser les limites. Il a donc encore quelques années pour enfiler d’autres bagues et, qui sait, faire pencher la balance de son côté.
Tutoyant toujours l’excellence à 38 ans, « King » James,qui compte de nombreux autres records, sacré champion NBA à quatre reprises, MVP à quatre reprises, champion olympique à deux reprises, disposait déjà du record de points marqués en playoffs (7.631 points).
Le plus jeune N.1 de la draft à seulement 18 ans
Repéré très jeune comme une future star, il devient à 18 ans le plus jeune N.1 de la draft de l’histoire, choisi par les Cleveland Cavaliers. Force brute et diamant poli, James impressionne: on n’a jamais vu un panzer de 2,03 m et 120 kg se déplacer comme ça, avec l’agilité d’une mobylette.
Mais il ne gagne pas encore, malgré tout le talc jeté en l’air avant les matches, son rituel superstitieux. Il perd deux premières finales, avec les Cavs en 2007, puis avec Miami en 2011, où il décida, l’été précédent, « d’emmener (ses) talents », selon ses propres mots, longtemps raillés. Mais au Heat, une équipe compétitive l’entoure enfin et James remporte son premier titre la saison suivante. Un doublé l’attend même en 2013 contre San Antonio, mais la finale suivante se solde par un lourd revers face à des Spurs revanchards. James décide alors de revenir à la maison: il y a un travail à finir. Avec Cleveland, quatre autres finales consécutives s’enchaînent, toutes contre Golden State. Il en perd trois, mais une suffit pour déboulonner sa réputation de perdant magnifique. Car le sacre de 2016, après avoir été mené 3 victoires à 1, est « Une histoire américaine ».
Une image reste: ce contre stratosphérique et décisif sur Andre Iguodala au match N.7. Peut-être la plus mémorable action de sa carrière. « Je me suis dit que j’étais le meilleur joueur que les gens aient jamais vu », confiera-t-il plus tard, ravivant le débat quant à savoir qui de lui ou de Michael Jordan mérite ce statut.
James, qui se veut aussi acteur de son pays sur le plan social, comme avant lui Bill Russell ou Kareem Abdul-Jabbar. Très présent sur les réseaux sociaux (143 millions d’abonnés sur Instagram), il dénonce les injustices raciales, soutient « Black Lives Matter », critique Donald Trump président, quitte à s’entendre dire « dribble et tais-toi ».
En 2020, James enfile sa 4e bague de champion, avec les Lakers qu’il a rejoints en 2018, démontrant qu’il n’est pas en préretraite à Los Angeles, même si Hollywood lui offre le premier rôle dans « Space Jam 2 », 25 ans après Michael Jordan.
Jordan, encore et toujours. Tout là-haut, avec ses six sacres de champion en autant de finales, quand lui n’en est qu’à quatre sur dix possibles. Mais LeBron ne lâche rien, mû par un rêve ultime: jouer un jour avec son fils Bronny. « Tant que je serai sur un parquet, j’essaierai d’être le meilleur joueur de tous les temps. Et aussi, le meilleur homme et le meilleur père. Tout ça, sur le même chemin. »
« J’ai toujours l’impression d’être le meilleur à avoir joué à ce jeu »
« C’est surréaliste parce que je ne m’en étais jamais fait un objectif », a déclaré LeBron James, 38 ans, mardi, après être devenu le meilleur marqueur de l’histoire de la NBA, la ligue professionnelle de basket. « King » James s’est aussi dit prêt à continuer à « jouer encore quelques années ».
« Je n’ai jamais voulu vraiment devenir meilleur marqueur, alors je suis juste heureux de l’être. Je veux juste avoir de la longévité, être capable d’être le meilleur possible chaque soir », a-t-il réagi sur TNT. Interrogé par une ancienne idole des Lakers, Shaquille O’Neal, quant à savoir si sa performance historique faisait de lui désormais le plus grand joueur de l’histoire de la NBA, James a répondu d’une pichenette: « je vais laisser tout le monde en décider, ou en parler, mais c’est une grande discussion de salon de coiffure », a déclaré James, avant que O’Neal ne le coupe et exige une réponse directe. « Moi personnellement, je peux me mesurer à n’importe qui qui a déjà joué à ce jeu », a-t-il dit. « Mais tout le monde va avoir son favori, et tout le monde va décider qui est son favori, mais je sais ce que j’ai apporté à la table, je sais ce que j’apporte à la table chaque nuit, et ce que je peux faire sur ce parquet. J’ai toujours l’impression d’être le meilleur à avoir joué à ce jeu, mais il y a tellement d’autres grands joueurs que je suis heureux de faire partie de leur histoire. » O’Neal a également demandé si James croit qu’il peut continuer à améliorer le record dans les années à venir. James a laissé la porte ouverte à peut-être jouer pour une franchise différente avant de raccrocher ses baskets. « Je sais que je peux jouer encore quelques années. Je le sais à la façon dont je me sens, dont mon corps réagit cette saison. Tout dépend de mon état d’esprit. Si je suis toujours motivé pour essayer de disputer des titres, je sens que je peux encore le faire. Pour n’importe quel groupe de gars, pour n’importe quelle franchise, je peux aller là-bas et aider à gagner plusieurs championnats, ou à gagner un championnat. »
« C’est un sentiment assez surréaliste de pouvoir jouer à ce niveau 20 ans après mes débuts (en NBA, ndlr), d’être au sommet de mon basket », a encore dit le « King ». L’ancien recordman Kareem Abdul-Jabbar, qui était présent dans la salle pour voir tomber son record, s’est aussi exprimé dans une interview accordée à TNT après la performance de son désormais successeur au sommet des tablettes. « La carrière de LeBron est celle de quelqu’un qui avait prévu de dominer ce jeu. Et c’est en cours depuis presque 20 ans maintenant Vous devez lui donner du crédit pour juste la façon dont il a joué et pour la façon dont il a duré et dominé. Il a cette essence indéfinissable qu’on appelle le leadership. »