4. Ce qui va changer à Anderlecht

R ogerVandenStock et LucienD’Onofrio ont entretenu de bonnes relations durant un bon moment, malgré la rivalité qu’entretenaient leurs clubs respectifs. Leur amitié a failli basculer lorsque MarcinWasilewski s’est retrouvé à l’hôpital suite à un tackle d’ AxelWitsel, le 30 août 2009. Une tentative de réconciliation a eu lieu le 7 octobre 2009, au château d’Hélécine, à l’initiative d’ AlainCourtois, mais avec l’impression que c’était surtout destiné à la galerie.

Les relations sont restées assez froides, mais ont fini par se réchauffer avec le temps. Cet été, D’Onofrio a quitté le Standard suite à l’arrivée d’un nouvel homme fort, Roland Duchâtelet, mais il est resté l’interlocuteur privilégié de Roger du côté de Sclessin. Avant l’Anderlecht-Standard de cette saison, lorsqu’on lui a demandé quelles étaient ses relations avec Duchâtelet, Vanden Stock avait répondu :  » Il sera invité à la table d’honneur, comme tous les présidents, mais je n’ai… pas de relations avec lui.  » Sous-entendu : c’est avec Lucien qu’il en avait.

Les deux hommes se sont retrouvés le lundi 14 novembre. Ce qu’Anderlecht a confirmé par le biais d’un communiqué qui disait textuellement :  » Le Président du Royal Sporting Club Anderlecht, Monsieur Roger Vanden Stock, a rencontré ce lundi Monsieur Luciano D’Onofrio afin de discuter d’une collaboration sportive éventuelle. Ni plus, ni moins. Aucune décision n’a été prise. Le club s’abstient de tout commentaire.  »

 » Ce communiqué est explicite. Il dit bien ce qu’il veut dire « , précise DavidSteegen, le responsable de la communication du Sporting.  » Le club ne nie pas qu’une rencontre a eu lieu et ne nie pas davantage l’objectif : une collaboration sportive éventuelle. De là à extrapoler, il y a de la marge. Ce que j’ai lu dans un journal flamand, notamment que D’Onofrio pourrait devenir actionnaire à Anderlecht, relève de l’imagination pure et simple « . Pourtant, il semble bien qu’un poste d’administrateur soit au centre des discussions entre les deux hommes.

Lorsqu’il a fallu négocier la reprise du Standard, Lucien D’Onofrio refusait toute piste dans laquelle on ne lui garantissait pas les pleins pouvoirs. Alors, pourquoi accepterait-il une collaboration avec Anderlecht où le pouvoir est déjà réparti entre trois personnes (Vanden Stock, PhilippeCollin et HermanVanHolsbeeck) ? Cette arrivée pourrait occuper une zone centrale dans une lutte de pouvoir que se livrent les hommes forts d’Anderlecht. Il se murmure qu’en gagnant l’Union belge, Collin aurait perdu de son influence au Parc Astrid, au profit de Van Holsbeeck qui se serait rapproché du président Vanden Stock, véritable garant financier du Sporting et seul homme capable de faire barrage aux appétits de Besix, en la personne de Johan Beerlandt, et d’ Alexandre Van Damme, un des actionnaires principaux d’ Inbev.

En étant au centre des négociations avec Lucien D’Onofrio, Collin se replacerait et mettrait surtout un sérieux concurrent dans les pattes de Van Holsbeeck. Mais le manager général ne l’entend pas de cette manière.  » Je ne ressens pas du tout cette tentative de rapprochement comme un désaveu de mon travail « , affirme-t-il.  » Lucien D’Onofrio se trouve actuellement sur le marché et ç’aurait été une erreur professionnelle de ne le pas le contacter pour voir ce qu’il pourrait nous apporter. « 

L’orientation des transferts pourrait donc prendre une autre direction.  » Ou prendre plusieurs directions « , corrige Van Holsbeeck.  » Nous avons nos entrées, Lucien en a d’autres. L’ajout d’un carnet d’adresses supplémentaire pourrait nous rendre encore plus fort. « 

Mais son arrivée éventuelle ne risque-t-elle pas d’empiéter sur les prérogatives de personnes en place depuis longtemps à Saint-Guidon.  » L’important, ce ne sont pas les personnes mais le club « , estime Van Holsbeeck.  » De toute manière, nous n’en sommes pas encore là. Comme le précise le communiqué, aucune décision n’a encore été prise. « 

Et Gérard Witters, qui scrute le marché sud-américain et a déjà ramené de belles pépites, comme MatíasSuarez et LucasBiglia, pour ne citer qu’eux ? Lui non plus ne ressent pas ces contacts comme un désaveu :  » D’une part, je n’ai pas été informé de la manière dont les négociations ont été menées. Et d’autre part, même si je l’avais été, le communiqué émis par le club est très clair : on doit s’abstenir de tout commentaire.  »

MichelVerschueren, de son côté, ne tient pas davantage à s’exprimer :  » Je suis un démocrate « , se contente-t-il d’affirmer.  » Je respecte la famille Vanden Stock et je m’en tiens à la ligne de conduite dictée par le club : nocomment ! Ce qui ne m’empêche pas d’avoir ma petite idée…  »

Du côté des anciens joueurs mauves, on ne voit pas ce rapprochement éventuel d’un mauvais £il, au contraire.  » Le football a évolué « , constate Georges Heylens.  » C’est devenu un business. Donc, on recherche des compétences dans tous les domaines, comme les chefs d’entreprises recherchent également des cerveaux. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas Lucien D’Onofrio, il faut reconnaître que ses compétences sont grandes. A l’heure actuelle, Anderlecht est le n°1 en Belgique mais a perdu beaucoup de sa superbe sur la scène européenne. D’Ono peut peut-être, grâce à ses connexions, redonner au Sporting son statut de grand d’Europe. Il y a le recrutement, mais il y a aussi l’aspect inverse que l’on a tendance à perdre de vue : la vente des joueurs. D’Ono a déjà démontre son savoir-faire dans ce domaine, en trouvant de bons acquéreurs pour ses protégés et en les vendant à un prix intéressant.  »

Et les ouvrir dans les deux sens, donc. On sait que D’Onofrio a déjà aidé Anderlecht à acquérir Dieumerci Mbokani, l’été dernier. On sait aussi que l’un des priorités du Sporting, pour le prochain mercato, devrait être la succession de RolandJuhasz, qui devrait s’en aller en fin de saison. Et, dans cette optique, Lucien possède les droits sur Kanu, le défenseur central du central du Standard.

Rayon départs, on sait que Lucas Biglia aspire depuis longtemps à un bon transfert, alors que seul Galatasaray a déposé une offre réellement concrète, il y a deux ans. Serait-il utopique de voir D’Ono lui ouvrir des portes au Portugal, comme il l’a fait pour Witsel et StevenDefour, voire dans d’autres pays du bassin méditerranéen où l’ancien homme fort du Standard a ses entrées ?

Rayon coaching, on sait aussi qu’Anderlecht lorgnerait vers MichelPreud’homme comme possible successeur d’ ArielJacobs, et là aussi, Lucien pourrait sans doute aider.

PAR DANIEL DEVOS

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