1. L’homme

Dans la vie et sur le terrain : une étude de caractère du capitaine du Standard.

P aul Stefani, l’agent de Steven Defour (un Limbourgeois d’origine palermitaine actif depuis 41 ans dans le secteur) défend ses intérêts depuis le turbulent transfert de Genk au Standard en 2005. C’est sans doute l’une des personnes qui connaît le mieux, actuellement, le capitaine Rouche. Avec son éternel sourire, Stefani nous livre en exclusivité un secret encore non avoué :  » On va souvent manger une glace ensemble. Et bien, la dame blanche est sa préférée. Une fois, nous étions présents au dîner d’un club de supporters. On a annoncé au micro : -Le dessert arrive mais hélas, nous n’avons pas de dame blanche.. . Evidemment, j’étais l’auteur de la fuite et Steven le savait pertinemment. Il n’a fait semblant de rien.  »

Et à part manger des glaces, que font un agent et son client ensemble ? Stefani :  » Nous nous racontons des blagues. La dernière ? Une demoiselle passe son permis de conduire. Elle fait le tour du rond-point à 50 reprises car le panneau indique 50. Elle échoue. Quand elle se confie à son amie, celle-ci l’interroge : -Tu ne t’es quand même pas trompée en comptant ? Nos caractères s’accordent bien. J’ai toujours pensé qu’il fallait voir la vie du bon côté. Je ne suis jamais dépressif, Steven non plus. Quand j’arrivais à Schalke 04, Rudi Assauer avait coutume de dire : -Nous allons régler nos affaires puis bien rigoler. Et si nous ne faisons pas d’affaires, nous rirons quand même. Steven est ainsi fait aussi : il veut pouvoir rire dans la vie.  »

 » Il s’est longtemps fichu de son look « 

La gaieté du capitaine du Standard est encore plus marquée en présence d’enfants. Stan Van den Buijs, entraîneur adjoint du Standard la saison passée, en témoigne :  » Il adore jouer au foot. De ce point de vue, il reste un enfant. Via un de mes amis, il a obtenu une campagne de promotion pour la soupe Royco dans toutes les cantines scolaires belges. La séquence est tournée avec deux enfants. Il est là, en train de shooter avec eux. Son amie était à côté de moi et elle m’a fait remarquer : -Regardez-le, Steven est encore un gosse.  » Willy Mraz l’a accueilli dans sa famille à Genk :  » Je décris son caractère en trois mots : jouer, rire, taquiner. Il me faisait souvent peur : -Attention, derrière toi ! Et il était ravi quand ça marchait. Il ne voyait la vie que du bon côté… La première fois que je l’ai rencontré, je me suis demandé s’il savait jouer. Il était en pantalon de training, les mains dans les poches, les cheveux longs, peu soigné. Den Duffe ( Duffe pour Defour) ne prêtait aucune attention à ses vêtements à l’époque. Nous avons d’ailleurs bien ri la première fois qu’il a dû enfiler le costume du club. Nous ne le connaissions pas sous cet aspect. Je crois que quelqu’un doit toujours lui dire : -Habille-toi comme ça,… et coiffe-toi.  »

David Hubert a joué avec Defour au FC Malines et au Racing Genk. Ils ont tous deux fréquenté l’école de sport de haut niveau de Louvain :  » Je pense que plus tard, il s’est laissé influencer pour sa coupe de cheveux car lui-même ne s’intéresse pas à ce genre de choses. C’était plutôt : -Passez-moi un coup de tondeuse en vitesse. Nos pères s’en chargeaient. Il arrivait souvent au club avec quelques cheveux qui avaient échappé à la tondeuse et pendouillaient sur son crâne. Mais il s’en fichait. Steven ne s’est jamais soucié de son apparence.  »

Van den Buijs :  » Son amie joue un rôle important maintenant. Elle est son contraire car Steven est nonchalant et chaotique. Quand on lui demande une photo, par exemple, cela prend du temps. C’est une façon de se détendre. S’il devait organiser sa vie en-dehors du football, il n’aurait jamais un instant de repos. Il parvient à s’abstraire de certaines choses obligatoires, il aime avoir son temps pour lui. Mais si je lui demande de passer dire bonjour à un supporter handicapé dans un café, il répond toujours présent… « 

 » Il voulait surtout qu’on lui fiche la paix « 

Vincent Stevens, son entraîneur en catégories d’âge à Malines :  » Steven était très léger et encaissait beaucoup de coups. Il était parfois intimidé. Je me suis replongé dans mes comptes rendus : quand il était libre, on ne l’arrêtait jamais. Mais quand l’adversaire plaçait un ou deux joueurs sur lui, c’en était fini. Steven ne sortait plus de son coin. Par la suite, sa personnalité s’est beaucoup affirmée. Il n’a jamais supporté la défaite. Quand il jouait en -14 ans, il a commencé à comprendre qu’il n’était pas seul responsable des défaites, que l’équipe entière était à incriminer. Il a alors commencé à remettre des gens à leur place, à donner des directives. Jusqu’à 14 ans, en-dehors des matches, il était tranquille, charmant…  »

Willy Mraz :  » Il comprend bien les choses de la vie. Si je lui raconte des trucs, il répondra – Oui, tu as raison, mais je sais qu’il a sa propre opinion et qu’il la garde. Quand son père, Jacques, le conduisait à l’entraînement, il lui expliquait beaucoup de choses, lui disait ce qu’il avait sur l’estomac, etc. Duffe ne s’intéressait sans doute pas beaucoup à ce que son père racontait. Il répétait : -Oui, oui, oui… pour avoir la paix mais il n’en faisait qu’à sa tête. A l’époque, il sortait du lot. Il débordait d’engagement et affichait une expression déterminée : -Je vais attraper ce ballon. Il aurait foncé droit dans le mur. Il a dû faire forte impression à un gamin de dix ans…  »

 » En dehors du terrain, il suivait les autres « 

Ronny Van Geneugden : actuel entraîneur de Genk, a entraîné Defour deux ans en Espoirs, avant qu’il n’effectue ses débuts en équipe fanion. Il l’a découvert à 15 ans :  » Durant ces deux saisons, il a surtout dominé par ses pieds. Il était présent d’une manière calme, sereine. On ne l’entendait pas plus que les autres. A cette époque, il y avait une différence entre le joueur et le jeune homme. Il était plus présent, plus disert sur le terrain. En-dehors, il était calme, obéissant. Il n’entraînait pas les autres, il participait à la vie du groupe, il suivait. Il était parfaitement intégré mais on l’entendait peu dans le vestiaire. Il était le cadet du noyau. Ses qualités footballistiques faisaient impression : il jouait avec maturité, temporisait, était dominant en appelant le ballon. S’il émergeait naturellement sur le terrain, il restait à l’arrière-plan dans la vie.  »

Bram Cottyn a été à l’école maternelle et primaire avec Defour. Il a joué avec lui à Zennester Hombeek et au FC Malines :  » En primaire, nous avons joué les Kreuners (groupe de rock flamand) en play-back pendant les classes vertes.  »

Roland Breughelmans, coordinateur des jeunes de Genk :  » J’ai toujours apprécié Steven sur le plan humain. C’est un brave garçon, pas difficile. C’est un battant. Il savait déjà ce qu’il voulait. Mais un battant est parfois confronté à une réalité : son heure n’est pas encore venue pour certaines choses. Il pratique suffisamment l’autocritique pour savoir ce qu’il apporte ou non. Il a un bon jugement.  »

David Hubert :  » Très jeune, il a été en contact avec des personnes plus âgées. Il a mûri très vite. J’étais son capitaine à Malines et je devais toujours le retenir. Il s’emportait toujours contre les mauvaises décisions de l’arbitre. « 

par raoul de groote

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