Quel massage choisir? Mode d’emploi
Relâchez vos tensions, videz votre esprit, respirez. Et remettez-vous en aux mains de votre masseur. Le bien-être est au bout des doigts.
Au spa, au club de sport, en institut, chez le kiné, on est tous devenus addicts. La demande (et l’offre, forcément) seraient multipliées par cinq depuis quelques années. Ce phénomène répond donc à un vrai besoin. Dans notre société qui exalte le culte du corps et le bonheur immédiat, les massages ont tout pour plaire. Et paradoxalement, dans ce monde de l’hypercommunication où tout le monde est « connecté » en permanence, nous manquons cruellement de contacts.
Les adultes ne se touchent plus, de peur que ce ne soit pas mal interprété. Dès lors, il n’est pas étonnant d’entendre dire que les masseurs ont remplacé les psys. « Oui, effectivement, confirme Alain Daligault, formateur dans une école de massage à Bruxelles et praticien du massage thaï. Parfois, les gens ont tendance à se confier et certains masseurs s’improvisent psy. Je suis contre, ce sont des métiers complètement différents. Personnellement, je travaille avec un réseau de médecins, d’ostéopathes, de kinés ou d’énergéticiens. En fonction des demandes et des besoins, j’essaye de guider les personnes vers les spécialistes. »
D’une manière générale, le massage apporte relaxation, apaisement, mais aussi de l’énergie, bref, un bien-être irremplaçable. C’est un échange. Pendant une heure, on vit une relation privilégiée dans un espace privilégié: on est écouté, on est chouchouté, bref, on existe. Un moment très précieux pour les personnes qui se sentent seules. Cela dit, le massage peut s’auréoler, aussi, d’une dimension philosophique. Dans nos vies hachées et morcelées par des zappings incessants, se faire masser de la tête aux pieds permet de récupérer son corps dans sa globalité. En travaillant sur les tensions musculaires, on aborde un concept plus vaste: le lâcher-prise, une qualité parfois difficilement acceptée par les occidentaux qui doivent tenir toutes les situations « sous contrôle ».
Quel massage choisir? « Il doit toujours être adapté à la demande de la personne, poursuit Alain Daligault. Un massage relaxant en surface et un massage traditionnel asiatique (thérapeutique), ce sont deux univers très différents. Il faut bien cerner ses besoins et, dans la mesure du possible, les expliquer très clairement au masseur, ce qui n’est pas toujours le cas. » Avant toute chose, renseignez-vous! Pour trouver la « perle rare », le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Les boutiques « bio » ou les écoles de massage sont aussi une bonne source d’information. On peut, aussi, surfer sur Internet (en vérifiant toutefois la formation des masseurs).
Equilibrant, le massage chinois
En Chine, le tui-na est l’une des cinq branches de la médecine traditionnelle, au même titre que la phytothérapie, l’acupuncture, la diététique ou le qi-gong. Là-bas, il est pratiqué aussi bien au quotidien, en famille, que par des masseurs diplômés, dans un but thérapeutique. Pour les Asiatiques, le corps est en bonne santé quand l’énergie (le qi) circule librement à l’intérieur du corps. Le but du « tui-na » est donc de libérer les « noeuds énergétiques », physiques et émotionnels, de relancer la circulation, de rééquilibrer le yin et le yang en agissant sur les tissus, mais aussi sur les méridiens et les points d’acupuncture. Un traitement idéal pour lutter contre la fatigue, la tension nerveuse, les coups de blues, les petits bobos, pour dérouiller les articulations ou, simplement, entretenir sa vitalité. On s’allonge sur la table en sous-vêtements et recouvert d’un drap fin. Les mains du thérapeute entrent en action avec une alternance de pressions, frottements, étirements plutôt fermes et appuyés, mais pas douloureux. Les manoeuvres circulaires s’enchaînent à un rythme ultrarapide, avec une dextérité incroyable. On a l’impression qu’il se sert de divers instruments, tant les sensations varient… Négatif, seules ses mains sont en action. Le thérapeute se concentre longuement sur le dos, la nuque, le crâne et le visage, avant de traiter le bas du corps pour faire « descendre » l’énergie, trop souvent bloquée aux étages supérieurs. Rien à voir donc avec un massage relaxant à l’huile, où il suffit de fermer les yeux et lâcher prise. Cela dit, on passe un excellent moment. On en sort détendu, mais pas ramollo et on se sent tonifié en profondeur.
Déstressant, le massage aux pierres chaudes
Emprunté à la culture traditionnelle des Indiens d’Amérique du Nord, le massage aux pierres chaudes renaît de ses cendres dans les années 1980 en Arizona. Cet ancien territoire des Indiens Navajo, doté de paysages lunaires, est « habité » et les pierres qui s’y trouvent sont chargées d’énergie. Certains établissements, puristes, se procurent ces pierres (en basalte) venues d’Arizona, d’autres choisissent des pierres volcaniques d’origines diverses, ou encore vont les pêcher au fond des océans. Après les avoir baignées dans l’eau salée, on les recharge aux rayons de la Lune. C’est dire si on y croit! Les pierres chaudes sont donc censées recharger les batteries et « équilibrer le flux d’énergies ». Plus simplement, accompagnées d’un bon massage déstressant, elles favorisent la relaxation. Dans une salle bien chaude et douillette, le praticien pose des pierres rondes, douces et tièdes, sur la nuque, le long du dos et au creux des reins. Côté face, elles seront aussi disposées sur les points stratégiques (points d’énergie) de l’anatomie (plexus et ventre). Avec d’autres pierres, le praticien effectue un long massage relaxant, constitué de glissements et de pressions. Bien effectué, on ne peut distinguer s’il s’agit des mains ou des galets. Après, on plane.
Revitalisant, le massage thaï
En Thaïlande, la médecine traditionnelle a été codifiée dès le XVIIIe siècle par les médecins de la cour du roi. Elle associe une pharmacopée et un rituel (le massage) destinés à soigner et à détendre. Le massage redonne de l’énergie, tonifie la peau et les tissus musculaires, stimule la circulation, équilibre les systèmes nerveux et endocrinien. Traitant le corps dans sa globalité, c’est une méthode préventive, protectrice et régénérante qui réharmonise le corps et l’esprit. Donc rien à voir avec les massages des quartiers chauds de Bangkok. Les « vrais » masseurs sont formés avec une extrême rigueur dans des écoles spécialisées, très contrôlées par le gouvernement, car leur réputation est en jeu. Le massage se pratique habillé (tee-shirt et pantalon léger). On s’allonge sur un tatami. Le praticien commence par palper la plante des pieds: c’est là qu’il va repérer les zones de blocage. Puis, il remonte le long des jambes en combinant plusieurs techniques: digitopuncture, massage des muscles, étirements et manipulations qui ressemblent à celles utilisées par les ostéopathes. Tout le corps y passe, recto-verso. La séance se termine par un massage très léger du cou et du front. On en sort en général tout endolori, mais l’effet bénéfique se fait sentir dans les heures qui suivent. Indiqué pour tous ceux qui ont des problèmes de dos, d’insomnies, de circulation, d’articulations, d’angoisse ou de stress.
Réconciliant, le massage ayurvédique
En sanskrit, ayurveda signifie « connaissance de la vie ». Il s’agit d’une approche globale, ancestrale (elle a cinq mille ans) et surtout préventive de la santé comme du bien-être. En Inde, les médecins ayurvédiques suivent une formation allopathique et reçoivent en consultation dans les cliniques. En Europe, seul l’aspect préventif et bien-être de cette médecine reconnue par l’OMS est autorisée. Voisine de la médecine chinoise, elle travaille sur l’énergie et repose sur l’équilibre des trois doshas, les forces régulatrices du corps: « vata » (l’air), « pitta » (le feu), « kafa » (l’eau). Les fonctions vitales du corps, l’affectif et le mental, tout entre en ligne de compte et tout fluctue en permanence. L’hygiène alimentaire et les rites de purification ont leur importance. Exercices de relaxation (yoga) et massages sont conseillés chaque jour. Et il en existe plusieurs, du plus ciblé (yeux, doigts de pied) au plus général, un pétrissage du corps à l’huile de sésame, parfumée aux huiles essentielles de fleurs. La gestuelle, chorégraphiée selon un tempo bien précis, alterne les touchers, avec le coude, la paume, le poing, et les rythmes, en mélangeant grandes frictions toniques aux mouvements doux et davantage en profondeur. On en ressort « bien dans son corps » mais ce n’est absolument pas planant. Des améliorations n’arrivent pas en une fois. Le massage ayurvédique demande du temps, entre cinq et dix séances. D’après ceux qui le pratiquent assidûment, c’est cette régularité qui maintient à distance les montées de stress.
Et aussi… Le massage suédois
Inspiré des massages ancestraux, le massage suédois a été mis au point au XXe siècle par le Suédois Per Henrik Ling pour soulager les sportifs. Né au pays du corps sain, ce vrai bon massage, sans fioritures, s’attaque en priorité au muscle. Ce dernier, pris en main en profondeur, est décollé par des manoeuvres variées rappelant celles du massage sportif. Les mains pétrissent la masse musculaire avant de l’étirer en étoile du bout des doigts. De légers pincements, des battements avec le revers des mains ou des poings accélèrent la circulation sanguine. Tout le corps est ainsi malaxé de la nuque aux pieds. A l’endroit où le stress provoque des contractures – épaules, dos – une légère douleur peut être ressentie. Mais en fin de séance – elle se termine par des effleurements plus doux – on se sent bien dans son corps et dans sa tête. En résumé: effleurages, frictions, pétrissages, torsions, percussions: la combinaison bien dosée de toutes ses manoeuvres fait très vite son effet. Un massage plus défatiguant que relaxant. A essayer en fin d’une journée stressante pour délier corps et âme.
Le massage californien, doux, doux, doux…
Ce « sensitive » massage, doux et charnel, est parfaitement adapté aux tempéraments nerveux, à ceux qui sont constamment noués. D’une grande douceur, le massage californien exige une confiance totale dans celui qui masse, pour un abandon nécessaire au bien-être du corps. La main glisse sur la peau enduite d’huile végétale. Les mouvements – effleurages ou pressions légères – sont lents, enveloppants, et sous les doigts les tensions physiques et psychiques diminuent, s’apaisent même. Pratiqué régulièrement, une fois par semaine, par exemple, ce massage peut prévenir les effets du stress sur l’organisme.
Le shiatsu, générateur d’énergie
Ce massage japonais (littéralement : pression des doigts) fait partie, au même titre que l’acupuncture, de la médecine traditionnelle orientale. Son but: garder le corps en bonne santé en régulant l’énergie vitale, le « qi ». Pour éviter la stagnation de cette énergie, le masseur exerce des pressions le long des méridiens où elle circule. Il agit sur les points-clés avec les pouces ou la main. Le shiatsu peut être utilisé pour relaxer et tonifier l’organisme. Il peut également être envisagé comme une véritable thérapeutique pour traiter maux de tête, insomnies ou troubles digestifs. Conseil: mieux vaut être dans des mains expertes.
Le do-in ou le self massage
Proche de la technique du shiatsu, cet automassage, pratiqué le matin à jeûn, favorise un réveil harmonieux. Il active la circulation de l’énergie dans le corps. Pressions, frictions et martèlements se font dans un ordre précis qu’il est important de respecter. On commence par les mains, les bras, puis viennent le crâne, le visage, le thorax et les membres inférieurs. On termine par le ventre, centre de la circulation de l’énergie et de l’équilibre dans les philosophies orientales. Mieux vaut le pratiquer au calme, assis à la japonaise: les jambes repliées sous les cuisses. Le do-in est une bonne façon d’harmoniser la totalité des fonctions corporelles et de rééquilibrer le système nerveux. Une initiation avec un maître est obligatoire. Ensuite, il peut être pratiqué seul.
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