Le médicament Avastin devrait bientôt être remboursé
Le médicament Avastin devrait enfin faire l’objet d’un remboursement en Belgique dans le courant de cette année, a indiqué le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke (Vooruit) en commission Santé de la Chambre.
Ce produit pharmaceutique qui vise à lutter contre la dégénérescence maculaire liée à l’âge est au cœur d’une affaire de non-respect des règles de concurrence. Fin janvier, l’Autorité belge de la concurrence a ainsi décidé d’infliger une amende de 2,78 millions d’euros à la firme pharmaceutique Novartis pour abus de position dominante
Selon l’autorité, Novartis détenait, entre novembre 2013 et fin 2015, une position dominante collective avec le groupe Roche sur ce marché. La firme disposait d’un contrat conclu avec le gouvernement pour commercialiser un médicament concurrent plus cher, le Lucentis. Et elle a continué à mettre en garde les ophtalmologues, hôpitaux et autorités règlementaires contre les risques d’un usage off label d’Avastin. Novartis a réfuté ces allégations.
Interpellé par Catherine Fonck (Les Engagés) et interrogé par Sofie Merckx (PTB), Kathleen Depoorter (N-VA) et Dominiek Sneppe (Vlaams Belang), Frank Vandenbroucke a rappelé avoir demandé à l’Inami, dès janvier 2021, de travailler à un accord pour un remboursement de l’Avastin. « Ça pris beaucoup de temps », a admis le ministre, évoquant de nombreux points juridiques à éclaircir. En outre, le ministre a indiqué ne pas avoir prolongé en 2021 le contrat conclu pour le Lucentis. Depuis avril 2021, celui-ci est remboursé dans le système régulier et non plus selon les termes du contrat conclu mi-2014 et entré en vigueur en 1er juillet 2014, « soit avant le gouvernement précédent » (sous le gouvernement Di Rupo, ndlr).
Le vice-Premier Vooruit a toutefois justifié l’attitude de l’AFMPS (Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé), qui n’avait pas autorisé l’usage off label du Lucentis. « Celui-ci indique quand il n’y a pas d’alternative sous licence », a-t-il précisé.
« Oui on a payé beaucoup pour un médicament, alors qu’il y avait une alternative qui n’était pas sous licence », a admis Frank Vandenbroucke, évoquant une dépense totale brute de 34 à 35 millions d’euros par an entre 2013 et 2015. Pour les années 2017 à 2020, les dépenses totales ont dépassé les 50 millions d’euros, avec un pic à 61 millions en 2019.
Catherine Fonck a évalué la perte pour la Santé publique à au moins 300 millions d’euros et a regretté, à l’instar de sa collègue Kathleen Depoorter, que l’Avastin n’était toujours pas remboursé alors que c’est déjà le cas dans les pays voisins.
La députée N-VA, ainsi que Sofie mefckx (PTB) ont par ailleurs fustigé l’attitude de Vooruit dans ce dossier. « Vous ne répondez pas à notre demande de faire la lumière (sur le contrat passé) », a déploré l’élue communiste. Les deux députées ont rappelé que les socialistes flamands avaient porté en 2020 une proposition de loi adoptée à l’unanimité à la Chambre. Celle-ci permet de consulter les négociations controversées entre le gouvernement et les firmes pharmaceutiques à propos des nouveaux médicaments particulièrement onéreux. Cette loi ne s’applique cependant pas aux conventions conclues avant son entrée en vigueur. Sur ce point, Frank Vandenbroucke a en effet renvoyé les députés vers l’autorité belge de la concurrence.