La prise d’un antibiotique après un rapport sexuel réduit fort le risque de MST

Le Vif

La prise d’un antibiotique après un rapport sexuel non protégé peut drastiquement réduire le risque de contracter trois maladies sexuellement transmissibles (MST) d’origine bactérienne auprès de personnes à haut risque, selon une étude clinique révélée mercredi.

Ces résultats ont été présentés lors de la Conférence internationale sur le sida, qui a lieu à Montréal, au Canada, où ils ont été salués comme une étape importante. « Cela pourrait amener à changer les directives » cliniques, a estimé auprès de l’AFP Steven Deeks, spécialiste du sida à l’université de Californie-San Francisco (UCSF) et qui n’a pas participé à l’étude.

La prise de doxycycline a permis de réduire de plus de 60% les taux d’infection de type gonorrhée et chlamydia parmi des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, et a aussi semblé hautement efficace contre la syphilis – mais il n’y a pas eu assez de cas pour que ces derniers résultats soient significatifs d’un point de vue statistique. Le médicament était tellement efficace que les chercheurs ont arrêté les essais cliniques plus tôt que prévu.

La publication de cette étude intervient alors que les taux d’infection de ces maladies sont en augmentation, surtout auprès des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, chez qui l’usage de préservatifs a décliné depuis la généralisation de la PrEP (prophylaxie pré-exposition), un traitement préventif efficace contre l’infection au virus du sida, le VIH.

Un précédent essai clinique mené par des chercheurs français avait démontré l’efficacité de la doxycycline comme prophylaxie post-exposition (PEP) contre la syphilis et la chlamydia, mais pas contre la gonorrhée.

Succès dans 65% des cas

Cette nouvelle étude a été conduite auprès d’environ 500 personnes, principalement des hommes ayant des relations homosexuelles, à San Francisco et Seattle. Certaines suivaient un traitement PrEP contre le VIH, d’autres étaient porteuses de ce virus.

Au sein de chacun de ces deux groupes, environ deux tiers des participants recevaient la doxycycline tandis que les autres n’en prenaient pas. Un suivi était assuré en collectant les résultats tous les trois mois. Le traitement était donné dans les trois jours après l’exposition et aussi longtemps que nécessaire en fonction de la fréquence des rapports sexuels.

La prise de l’antibiotique a permis de réduire l’incidence de ces MST de 62% auprès des participants atteints du VIH, et de 66% auprès de ceux prenant la PrEP. Les effets secondaires ont été légers et les participants ont globalement suivi le traitement avec assiduité.

Usage ciblé

« Nous avons désormais deux études qui appuient l’usage de doxycycline comme PEP auprès des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes », a salué mercredi l’autrice principale Annie Luetkemeyer, de l’université UCSF, lors d’une conférence de presse. « Je crois vraiment que nous devons réfléchir très sérieusement au fait de déployer (ce traitement) et à la façon de l’intégrer aux directives », afin de conseiller son utilisation.

Elle a toutefois souligné que les données disponibles appuyaient l’usage de ce traitement de façon ciblée auprès de groupes à haut risque de MST, mais pas pour tout le monde. D’autres études devront se pencher sur l’impact potentiel sur la résistance de ces MST ou d’autres bactéries aux antibiotiques, ont ajouté les auteurs, ainsi que sur les conséquences potentiellement perturbatrices sur la flore intestinale.

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