Religion: la crise de l’Eglise catholique est devenue existentielle
En Belgique, seuls 2,5 % de la population assistent encore à la messe, contre 25 % en 1983, année de naissance du Vif. Trois baptêmes sur dix, à peine un mariage sur dix et quatre enterrements sur dix sont encore catholiques. Le délitement des pratiques religieuses s’est accéléré en quarante ans, tandis que les fondamentalismes ont progressé.
Paroisses et couvents désertés, églises à vendre ou en partie réaffectées à des usages profanes, chute du nombre de prêtres en fonction: en Belgique comme dans d’autres pays européens, la crise de l’Eglise catholique est si profonde qu’elle est devenue existentielle. Dans les années 1950, la moitié des Belges se rendent encore à la messe le dimanche. En 1983, année de naissance du Vif, les catholiques pratiquants ne représentent plus qu’un quart de la population du pays. Un déclin brutal, surtout en Flandre, où la pratique religieuse était plus élevée qu’en Wallonie et à Bruxelles. «L’avenir de la religion et de l’Eglise catholique n’est pas rose», pronostiquait, à l’époque, le sociologue des religions Karel Dobbelaere (Evolutions récentes du catholicisme, UCLouvain, 1985).
De fait, l’effondrement s’est poursuivi. Aujourd’hui, à peine un Belge sur quarante assiste encore au culte dominical, tandis que la participation aux rites de passage catholiques – baptêmes, mariages, funérailles – n’a cessé de diminuer depuis plus de quatre décennies.
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Principale cause de la fin de la «civilisation paroissiale»: la sécularisation croissante de la société. Les fidèles eux-mêmes sont de plus en plus nombreux à juger anachroniques les prescriptions et la doctrine de l’Eglise (notamment le célibat des prêtres ou le rôle des femmes dans l’Eglise). Si des croyants ont renoncé à la pratique religieuse, voire à leurs convictions, c’est aussi en raison de la perte de crédibilité de l’Eglise liée aux scandales de pédophilie. Par ailleurs, l’assistance au culte a souffert de la suspension des offices pendant la pandémie.
A peine un Belge sur 40 assiste encore au culte dominical contre un sur deux dans les années 1950.
«La majorité des jeunes sont aujourd’hui désaffiliés de toutes religions ou non affiliés», note le sociologue jésuite Charles Delhez, sur lalibre.be, en novembre dernier. «Le fait religieux n’en conserve pas moins une importance centrale», remarque l’Observatoire des religions et de la laïcité (Orela). Des clivages philosophiques persistent sur la laïcité de l’Etat, le maintien ou non des cours de religion dans l’enseignement obligatoire, le port de signes religieux… Dans le même temps, le fondamentalisme religieux ne cesse de progresser, de l’essor d’Eglises évangéliques ultraconservatrices à la montée du radicalisme musulman, favorisé par l’implantation du wahhabisme dans un nombre croissant de mosquées et centres islamiques du pays.
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