En octobre 2022, les activistes de Code Rouge avaient mené des actions contre TotalEnergies.

« Nous nous attendons à des intrusions »: les aéroports belges « pris en otage » par des activistes climatiques ce week-end?

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Après le blocage des sites de Total Energies et d’Engie, Code Rouge s’en prend au secteur de l’aviation. Du 16 au 17 décembre, les activistes climatiques organisent des actions de désobéissance civile dans plusieurs infrastructures-clés. Les aéroports craignent d’être visés et renforcent leur sécurité.

De Bierset à Zaventem, les aéroports belges s’attendent à de sérieuses turbulences ce week-end. Pas de grève des pilotes ou d’action spontanée des douaniers à l’horizon. Cette fois, ce sont des activistes climatiques qui risquent de jouer les trouble-tarmac. Le mouvement de désobéissance civile Code Rouge prévoit en effet des actions de masse contre le secteur aérien du 16 au 17 décembre.

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Pour les militants, cibler le domaine de l’aviation est loin d’être anodin. « C’est un secteur qui se développe au-delà des limites planétaires, qui est un vecteur d’injustices et qui bénéficie pourtant de subventions publiques massives », déplore Louis Droussin, porte-parole de Code Rouge.

Aéroports: la sécurité renforcée

Les activistes portent trois revendications majeures. D’abord, ils exigent la fin immédiate des subventions à l’aviation et de certains avantages fiscaux, tels que l’exonération de la taxe sur le kérosène. « Alors que le carburant utilisé pour tous les autres moyens transports est taxé, seul l’avion bénéficie d’une exception. C’est vraiment un non-sens ! », s’indigne le porte-parole. Ensuite, Code Rouge réclame l’interdiction des jets privés, véritables symboles de l’injustice climatique. « Ces avions sont utilisés par une minorité d’ultra-riches mais émettent pourtant bien davantage de CO2 que les vols commerciaux et que les autres moyens de transports », dénonce Louis Droussin. Enfin, les militants appellent à une réduction drastique du nombre de vols d’ici 2030, tant à l’échelle belge que mondiale.

À l’instar des blocages menés contre TotalEnergies en octobre 2022 et contre Engie en juillet 2023, les infrastructures ciblées par Code Rouge sont tenues secrètes jusqu’au dernier moment. Malgré le flou volontairement entretenu par les organisateurs, les aéroports du pays s’attendent à être visés. « Il n’y a pas 3.000 infrastructures aériennes en Belgique, donc nous nous préparons à des intrusions, concède Christian Delcourt, porte-parole de Liège Airport. Des mesures de sécurité supplémentaires sont prévues. » À Brussels Airport, les services de sécurité, en collaboration avec la police fédérale, évaluent les risques et prendront « les mesures qui s’imposent ». Même son de cloche du côté des aéroports d’Anvers et d’Ostende, qui disent « suivre la situation de près ». Tout comme à l’aéroport de Charleroi, où la « sécurité aérienne » reste la priorité. « Les activités seront interrompues en cas de danger sur les pistes ».

Gaz lacrymo et superglue

À Liège, la direction espère éviter un blocage « trop durable » de ses activités, mais surtout garantir la sécurité de ses employés… et des manifestants. « Au vu de leurs actions précédentes, on peut s’attendre à tout, s’inquiète Christian Delcourt. S’ils investissent les pistes de décollage ou d’atterrissage, par exemple, cela peut devenir très dangereux, tant pour eux que pour notre personnel. » De son côté, Code Rouge assure que la sécurité est sa priorité numéro 1. « Nos actions ne mettront personne en danger et respecteront l’intégrité physique de tous », insiste Louis Droussin. Et de compléter : « Bien que nous pensons que les infrastructures fossiles doivent être démantelées, notre objectif n’est pas de causer de dommages irréversibles aux équipements. »

« Nos actions ne mettront personne en danger et respecteront l’intégrité physique de tous »

L’organisation se veut toutefois transparente quant aux risques encourus par les participants. « Au cours de l’action, vous êtes susceptibles de faire l’objet d’une arrestation administrative ou judiciaire », rappelle-t-elle sur son site Internet, où d’autres conseils pratiques sont également prodigués. Il est notamment conseillé aux militants de ne pas porter de lentilles de contact ou de maquillage « au cas où la police utiliserait des gaz lacrymogènes ou des bombes au poivre ». Les participants sont également invités à se munir de « superglue extra-forte » (pour se coller au tarmac ?) et à laisser leur carte d’identité ainsi que leur téléphone chez eux, pour « éviter une identification trop aisée ». L’organisation privilégie également les moyens de communication plus confidentiels, tels que l’application cryptée Telegram.

« Aviation bashing »

Si l’aéroport de Liège se dit « ouvert à la contestation et au débat démocratique », il regrette le modus operandi de Code Rouge. « Que les activistes manifestent devant nos bureaux, aucun souci. Nous les inviterions même à entrer pour discuter. Mais, ici, leur mode d’action nous pose problème. Il vise à prendre notre secteur d’activités en otage, sans laisser place au débat », déplore Christian Delcourt, qui dénonce une tendance à « l’aviation bashing ».

Pour les organisateurs, la désobéissance civile est aujourd’hui devenue « indispensable » pour obtenir des avancées concrètes. « Les marches pour le climat font partie d’une boîte à outils, expose Louis Droussin. Elles ont permis quelques progrès, mais qui restent encore insuffisants. Nous devons passer à la vitesse supérieure. »

Après avoir rassemblé un millier de manifestants lors des blocages contre Total Energies et environ 700 contre Engie, les organisateurs espèrent battre des records de participation ce week-end. « On ressent un véritable engouement, se réjouit Louis Droussin. Mais dans tous les cas, réussir à mobiliser des centaines de gens dans le froid pour une cause juste, ce sera déjà une victoire. »

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