La voiture électrique pas chère n'est pas encore là et les modèles les moins coûteux peinent à séduire.

La voiture électrique séduit 50% des Belges: voici les modèles les plus populaires

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

La moitié des Belges se disent prêts à passer à la voiture électrique. Mais où sont les voitures moins chères, d’entrée de gamme ? Encore trop rares, boudées par les particuliers et les sociétés, elles restent très loin des meilleures ventes.

Près de la moitié des Belges (48%) affirment que leur prochaine voiture sera électrique. C’est une forte hausse par rapport à l’an dernier. La proportion atteint même 55% parmi les habitants des zones urbaines et 63% chez les moins de 35 ans. A contrario, elle plafonne à 39% chez les plus de 55 ans. Les incitants à la transition plébiscités par les sondés sont la baisse de prix des véhicules (47%, +11), une meilleure infrastructure (40%, +9) et le soutien financier (39%, +10). Une prime importante à l’achat d’un véhicule électrique neuf, comme c’est déjà le cas en Flandre (5.000 euros), inciterait d’ailleurs 45% des Bruxellois et 30% des Wallons à franchir le pas, affirment-ils.

Voiture électrique: où sont les modèles d’entrée de gamme ?

La Renault 5 E-Tech, dévoilée il y a quelques jours, est la dernière voiture électrique du constructeur français. Beaucoup moins chère que la Zoe, qu’elle remplace, son prix d’appel devrait se situer autour de 25.000 euros. Un tarif élevé dans l’absolu pour une version de base, mais parmi les moins coûteux actuellement pour les véhicules zéro émission.

Ce segment de l’entrée de gamme reste à défricher et à conquérir en Belgique. Les voitures électriques aux prix plus attractifs sont quasiment invisibilisées. Les ventes restent marginales, les immatriculations minimes. Si le marché électrique décolle enfin en Belgique, l’explication provient principalement des «voitures-salaires».

En effet, sur les quelques 138.000 voitures 100% électriques qui arpentent les routes belges, l’immense majorité se trouve dans le parc détenu par les sociétés, selon les chiffres 2023 diffusés par Statbel, l’office belge de la statistique. En quatre ans, les véhicules de société propulsés par l’énergie électrique sont passés de 11.000 à plus de 112.000 unités. Un remplacement encouragé par une fiscalité plus avantageuse, au détriment des véhicules thermiques, essence et diesel.

Ces chiffres confirment la place marginale de la voiture électrique parquée chez les particuliers : à peine 26.000 unités. Une paille parmi le total de 4,5 millions de véhicules détenus. Le moteur hybride semble convaincre davantage de Belges, avec 222.000 véhicules combinant carburant et électricité. Mais là aussi, ce nombre reste toujours inférieur à celui enregistré du côté des sociétés, qui détiennent 313.000 voitures hybrides. Probablement un baroud d’honneur, la fiscalité ayant été bouleversée le 1er juillet 2023 pour favoriser désormais le 100% électrique.

Prix des voitures les plus vendues : 50.000 € en moyenne

Avec des tarifs globalement revus à la hausse par rapport aux équivalents thermiques, le véhicule électrique a réduit d’autant son marché potentiel. Le prix des SUV et autres berlines zéro émission le confirme : en prenant le Top 10 des voitures électriques neuves les plus vendues l’an dernier en Belgique, la facture moyenne se situe au-delà des 50.000 euros.

Il faut descendre à la 18e place des ventes pour trouver un premier véhicule plus abordable, la Peugeot 208, une petite citadine avec des tarifs qui débutent tout de même autour des… 35.000 euros.

Parmi les modèles les moins chers du marché, comme la Dacia Spring (lancée à 20.000 euros) ou la Renault Twingo (23.000 euros), les ventes semblent rester confidentielles. A peine 550 exemplaires écoulés pour la première l’an dernier, dont 284 pour des particuliers. Bien loin des plus de 9.000 unités d’une Dacia Sandero, du même fabricant, en thermique.

L’entrée de gamme électrique reste au garage actuellement. « Les nouvelles technologies dans le monde automobile entrent toujours sur le marché par le haut de gamme », explique Christophe Dubon, porte-parole de la Febiac, fédération de l’automobile et du cycle. « Ces chiffres sont donc plutôt conformes à ce qui est attendu. Les tarifs descendront au plus l’électrique se propagera. Les modèles bons marché, ou en tout cas moins chers, finiront par percer eux aussi ».

Primes, réseau de recharge et chinoiseries

Côté flamand, la prime votée par le gouvernement régional entend casser le premier frein à l’achat. Concrètement, le citoyen flamand pourra récupérer 5.000 euros pour une voiture neuve dont le prix d’achat ne dépasse pas les 40.000 euros, et 3.000 euros pour un véhicule d’occasion d’une valeur catalogue de maximum 60.000 euros à l’origine.

Le succès semble au rendez-vous et dépasse même les attentes. La Febiac espère un même geste côté wallon et bruxellois. « Le prix reste la première barrière. L’infrastructure suit, mais si le parc de voitures électriques se développe, le réseau de recharge augmentera plus facilement », espère Christophe Dubon.

Concernant la vague de nouvelles marques chinoises, qui pourraient inonder à terme le marché avec des véhicules aux tarifs plus agressifs, le Belge devrait probablement aussi y succomber. L’an dernier, c’est un constructeur chinois, BYD, qui a vendu le plus de véhicules électriques au niveau mondial. Voilà les marques européennes prévenues.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire