Dans le rétro: Citroën M35, une histoire des plus singulières

Connaissez-vous la Citroën M35? Non, plus que probablement… Normal puisqu’il ne s’agit pas d’une voiture de série, mais bien d’un « laboratoire roulant » qui fut, voici plus de 50 ans, confié à des clients de la marque aux chevrons triés sur le volet, dans le but de tester la fiabilité de son moteur rotatif. Son histoire est des plus singulières.

Dans les années 60, nombre de constructeurs automobiles s’intéressent au moteur rotatif, aussi appelé Wankel, du nom de son inventeur, l’Allemand Félix Wankel. On peut citer Mazda au Japon – qui est le seul à être parvenu à rendre le Wankel fiable – et NSU en Allemagne, avec la fameuse Ro80, mais aussi Citroën, qui n’appartenait pas encore à Peugeot. Le constructeur aux chevrons s’était du reste associé à NSU pour créer une filiale commune, la Comotor, dans le but de développer et construire des moteurs rotatifs, notamment pour la remplaçante de la DS.

Peu familier de ce nouveau type de moteur, Citroën décida de le tester en conditions réelles en construisant une petite série de prototypes à moteur rotatif monorotor confiés à des clients sélectionnés pour qu’ils les utilisent au quotidien, à raison de 30.000 km/an minimum. Baptisé M35, ce prototype utilisait un châssis d’Ami 8, semblable à celui de la 2CV, mais profondément modifié, notamment par le montage d’une suspension hydropneumatique sur les 4 roues, comme sur la DS qui sortait alors de l’usine du quai de Javel. Sous la capot, le bicylindre à plat 602 cc de l’Ami 8 avait cédé la place à une moteur Wankel de 995 cc et 49 ch, associé à une boîte de vitesses mécanique, commandé par un levier coudé au tableau de bord, façon 2CV. La carrosserie était celle de l’Ami 8 dans sa partie avant, mais s’agissant d’un coupé 2 portes, la poupe avait été redessinée dans un style pour le moins « abrupt ». 500 exemplaires devaient être construits chez le carrossier Heuliez, mais seuls 267 ont réellement vu le jour.L’expérience M35 ne fut guère concluante: les moteurs rendaient généralement l’âme bien avant 60.000 km et la consommation était bien trop élevée. Citroën mit à profit les enseignements récoltés avec la M35 pour améliorer le Wankel et en créer une version birotor plus puissante qui sera montée dans la GS Birotor, qui se voulait aussi performante qu’une DS mais plus moderne. Malheureusement pour elle, la GS Birotor, soiffarde, subit de plein fouet les conséquences du premier choc pétrolier de 1973. Elle disparut en 1975, après avoir été construite à 874 exemplaires seulement. Destinée à équiper la CX, qui sortira en 1976, sa mécanique fut remplacée dans l’urgence par le 4 cylindres culbuté de la DS, dont les origines remontaient à… 1934 et à la 11 CV Traction Avant! Quant aux M35, elles ont été progressivement rachetées par Citroën qui les fit détruire, ce qui fait qu’une soixantaine de voitures à peine subsistent aujourd’hui et les maintenir en état de fonctionnement est tout sauf une sinécure, les pièces étant introuvables…

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