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Un parlement citoyen pour l’urgence écologique: « Le parlement actuel n’arrive pas à prendre de décision »

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Le parlement aurait une mission d’un an et comprendrait 101 citoyens tirés au sort.

Ils sont 20. Vingt citoyens à travailler depuis trois mois sur un outil à présenter au gouvernement pour améliorer la lutte contre l’urgence écologique.

Leur solution ? Un parlement citoyen mis en place pendant toute une année qui rassemblerait 101 citoyens tirés au sort afin de proposer de nouvelles mesures pour l’écologie. « Parfois on a l’impression que les gens de la presse et les politiques se trouvent sur une autre planète, explique Sébastien Hendrickx, porte-parole du mouvement. J’ai fait un choix lors de mon vote, j’ai été manifesté, mais je vois que ça n’avance pas. C’est pour ça qu’on soutient un parlement pour que chacun puisse porter sa voix. »

Huit principes fondateurs

Après avoir fait appel à différents experts pour les conseiller, le projet soutenu par plusieurs organisations environnementales est aujourd’hui une proposition concrète au gouvernement De Croo, avec huit principes fondateurs. A prendre comme un tout. « Bien évidemment, tout pas dans la bonne direction est un pas à prendre, mais on ne voit rien qu’on pourrait retirer de notre proposition » explique Youna Marette, porte-parole.

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La proposition du parlement qui aborderait des questions écologiques (climatiques, mais aussi de biodiversité) se base sur l’article 7bis de la Constitution pour appeler le gouvernement à agir. Il trouve aussi une place dans le nouvel accord de gouvernement qui invite à laisser plus de place aux citoyens.

  1. La question écologique.Le parlement traitera d’une question qui ne se limite pas au réchauffement climatique, mais portera sur la crise écologique de manière plus large et prendra ainsi en compte les neuf frontières planétaires actuellement identifiées
  2. Représentativité. Le parlement sera un groupe de citoyens tirés au sort qui forment un échantillon représentatif de l’ensemble de la population belge sur base de différents critères comme le genre, l’âge, le niveau d’éducation ou la catégorie socio-professionnelle.
  3. Rémunération. La participation au Parlement citoyen s’accompagne d’un financement pour indemniser ceux qui participent.
  4. Information. Pour aider les participants à faire leur choix et à débattre des questions écologiques, des experts viendront leur présenter les enjeux actuels de façon « neutre et objective ».
  5. Indépendance. Les citoyens à la base de l’initiative veulent éviter tout lobbying au sein du parlement en faisait en sorte que ses membres soient détachés de toute entreprise, de tout mouvement social ou de tout parti politique.
  6. Niveaux de pouvoir. Les propositions seront aussi bien faites à un niveau fédéral, que régional et communautaire.
  7. Impact. Pour s’assurer que les propositions soient suivies et que le parlement ne soit pas juste consultatif, chacune de ses propositions politiques sera mise en oeuvre ou soumise au parlement compétent pour un vote. Chaque proposition rejetée devra être motivée par un raisonnement détaillé rendu public.
  8. Proportionnelle. Toute mesure sera adaptée et proportionnelle en fonction des risques.

Côté budget, l’initiative se veut transparente. Sur le site du parlement citoyen, on peut lire : « Le Parlement citoyen national sur l’urgence écologique est initiée et financée par le niveau fédéral. Pour avoir un ordre de grandeur financière, on peut s’inspirer de la Convention Citoyenne pour le Climat. L’ensemble de l’opération (avec 150 membres au lieu de 101, et 11 sessions de trois jours au lieu de sept, et sans les traducteurs interprètes nécessaires) a coûté un total de 5.431.223 euros. Pour la réalisation du Parlement citoyen national dans notre pays, nous pensons à un montant plus élevé, en raison des coûts de traduction et de la durée plus longue. »

Politiques de long-terme

Derrière les citoyens, des personnalités soutiennent le projet : Mathias Schoenaerts, la Princesse Esmeralda, Olivier De Schutter ou encore David Van Reybrouck, historien et écrivain belge. « Je soutiens l’initiative parce que je suis d’accord avec les diagnostics et d’accord avec les remèdes. On sait ce qu’il faut faire, mais on ne met pas les mesures en place. Le problème n’est pas ce qu’on doit faire, mais comment on doit le faire. Si on veut des mesures ambitieuses, le parlement actuel ne peut pas le gérer, il faut une autre solution. On est avec un système myope dans lequel on doit, pour l’urgence climatique, avoir des politiques de long terme. Du côté des remèdes, le but n’est pas de changer le parlement, mais de rajouter un parlement au parlement qui n’arrive pas à prendre des décisions sur l’urgence climatique. Les citoyens du parlement ne devront pas faire avec les contraintes des politiques : se faire réélire et se présenter devant les médias. Ils sont plus aptes de penser à long terme. » L’écrivain cite comme exemple la fermeture des centrales nucléaires : « C’est un dossier qui est très politisé et un débat neutre dans la particratie actuelle n’est pas possible. Il faut laisser les citoyens couper le noeud dans lequel on est pris. »

Réactions politiques

Dans le rang des politiques, les premières réactions loin d’être très enthousiastes. Sébastien Hendrickx cite par exemple de Bart De Wever. « Il nous répondu que notre proposition était valable et construite, mais que notre système démocratique était celui de la représentation. Que l’endroit où se prenaient les décisions était le parlement. » Hendrickx voit tout de même une brèche dans l’accord de gouvernement pour lancer, c’est ce qu’il vise, le parlement citoyen centré sur l’écologie en janvier 2021, après six semaines de tirage au sort.

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