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Réchauffement climatique: ce qu’il faut retenir du « Guide de survie » du Giec

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) vient de sortir une synthèse de neuf années de travaux, un « guide de survie pour l’humanité », estime le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Que faut-il en retenir ?

Le dernier rapport du Giec n’est pas des plus optimistes. « Pour tout niveau de réchauffement futur, de nombreux risques associés au climat sont plus élevés que ce qui avait été estimé dans le rapport de 2014″, écrivent le scientifiques en s’appuyant sur la multiplication observée des événements météo extrêmes comme les canicules, et de nouvelles connaissances scientifiques.

Le réchauffement climatique causé par l’activité humaine atteindra 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, préviennent-ils, ayant compilé les neuf dernières années de recherche, représentant le consensus scientifique le plus à jour sur le climat.

Cette projection est valable dans presque tous les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre de l’humanité à court terme, compte tenu de leur accumulation depuis un siècle et demi. Mais « des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (…) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ deux décennies », écrit aussi le groupe de scientifiques pour le compte de l’ONU.

Message d’espoir

Pourtant, « ce rapport est un message d’espoir », insiste le président du Giec, Hoesung Lee. « Nous avons le savoir-faire, la technologie, les outils, les ressources financières et tout ce dont on a besoin pour surmonter les problèmes climatiques que nous avons identifiés » mais « ce qui manque pour l’instant, c’est une volonté politique forte afin de les résoudre une fois pour toutes », juge l’économiste coréen.

Le réchauffement atteindra 1,5°C dès 2030-2035

Le réchauffement climatique atteindra 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle dès les années 2030-2035, prévient le Giec, alors que la température a déjà grimpé de près de 1,2°C en moyenne. Cette projection est valable dans presque tous les scénarios d’émissions de gaz à effet de serre de l’humanité à court terme, compte tenu de leur accumulation depuis un siècle et demi.

Les émissions de CO2 qui émaneraient des infrastructures fossiles existantes, si elles ne sont pas équipées de moyens de captage, suffiraient à elles seules à faire basculer le monde vers les 1,5°C. Mais « des réductions profondes, rapides et prolongées des émissions (…) conduiraient à un ralentissement visible du réchauffement mondial en environ deux décennies », écrit aussi le groupe de scientifiques pour le compte de l’ONU.

« Ce rapport de synthèse souligne l’urgence à prendre des mesures plus ambitieuses et montre que, si nous agissons maintenant, nous pouvons toujours assurer un futur vivable pour tous », insiste le président du Giec, Hoesung Lee.

Les impacts plus graves qu’estimé auparavant

« Pour tout niveau de réchauffement futur, de nombreux risques associés au climat sont plus élevés que ce qui avait été estimé » dans le précédent rapport de synthèse de 2014, écrivent les scientifiques. Ils s’appuient sur la multiplication observée récemment des événements météo extrêmes comme les canicules, et de nouvelles connaissances scientifiques, par exemple sur les coraux.

« En raison de la montée inévitable du niveau des océans, les risques pour les écosystème côtiers, les personnes et les infrastructures continueront à augmenter au-delà de 2100″, soulignent-ils aussi.  La question des « pertes et dommages » causés par le réchauffement et déjà subis par certains pays, en particulier les plus pauvres, sera l’un des sujets de discussion à la COP28.

« La justice climatique est cruciale car ceux qui ont contribué le moins au changement climatique sont affectés de manière disproportionnée », souligne Aditi Mukherji, l’une des auteurs de la synthèse.

Les années chaudes d’aujourd’hui parmi les plus fraîches dans une génération

« Les années les plus chaudes que nous avons vécues jusqu’à présent seront parmi les plus fraîches d’ici une génération », résume Friederike Otto, coautrice de la synthèse, qui représente cette réalité par un graphique coloré de rouge plus ou moins foncé. « Certaines choses sont plus faciles à faire accepter aux gouvernements lorsque c’est dans les infographies » plutôt qu’explicitement dans le texte, explique-t-elle. 

Les huit dernières années ont déjà été les plus chaudes jamais enregistrées au niveau mondial. A l’avenir, elles compteront donc parmi les plus fraîches du siècle, quels que soient les niveaux d’émissions de gaz à effet de serre.  Ce constat souligne la nécessité de mener de front les efforts d’adaptation au changement climatique et ceux de réduction des émissions pour ne pas l’aggraver encore plus.

Cela coûte moins cher d’investir que de subir

« Les bénéfices économiques et sociaux d’une limitation du réchauffement climatique à 2°C dépassent le coût des mesures à mettre en place », assurent encore les experts. Mais toute procrastination supplémentaire élèverait la marche à franchir, note le Giec, alors que le monde bénéficie déjà des rapides progrès des énergies renouvelables. « De 2010 à 2019, les coûts ont diminué durablement pour l’énergie solaire (85%), éolienne (55%) et les batteries au lithium (85%) », rappelle la synthèse.

Outre l’effet sur le climat, des efforts accélérés et soutenus « apporteraient de nombreux avantages connexes, en particulier pour la qualité de l’air et la santé », écrivent les scientifiques, qui ne cachent pas le prix à payer: « à court terme, les actions impliquent des investissements de départ élevés et des changements potentiellement radicaux ».

« Nous devons réduire nos émissions de moitié d’ici 2030 », insiste Greenpeace

Greenpeace Belgique a appelé à réduire nos émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030 « car la situation est encore plus grave qu’on ne le pensait », indique l’ONG dans un communiqué.

L’organisation environnementale se veut toutefois optimiste « car des solutions existent, même si elles nécessitent d’urgence du courage et de la détermination de la part des responsables politiques », poursuit l’ONG.

Greenpeace appelle par ailleurs les gouvernements à faire payer les pollueurs pour les dommages causés aux pays et aux communautés les moins responsables de la crise climatique. Une taxe sur les méga-profits du pétrole et du gaz constituerait ainsi « un bon premier pas » aux yeux de l’ONG.

L’association appelle enfin la Belgique et singulièrement la Flandre, « en tant qu’émetteurs historiques » à limiter de manière « drastique » leurs émissions de gaz à effet de serre. La Belgique doit en effet remettre en juin prochain à la Commission européenne son nouveau plan national énergie climat, en phase avec les nouveaux objectifs européens qui prévoient une réduction de 55% des gaz à effet de serre d’ici à 2030. La Belgique s’est vu assigner dans ce cadre une réduction de 47% des émissions comme objectif.

Mais depuis, les négociations patinent, à cause de la Flandre notamment qui « renâcle à revoir à la hausse ses objectifs », selon Greenpeace. « Le rapport du GIEC nous implore de sortir de cette impasse », conclut Greenpeace qui enjoint « nos responsables politiques de faire de cette lutte contre la crise climatique un projet positif et fédérateur, et d’investir dans des solutions collectives qui incluent tout le monde dans cette transition. » (Belga)

 

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