Les pâquerettes n’étaient plus aussi nombreuses lors du comptage qu’elles ne l’étaient en mai. © GETTY IMAGES

Fin de l’opération « En mai, tonte à l’arrêt » : bilan positif pour la biodiversité des jardins

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Plus de 1 400 jardins inscrits, 36 kilos de nectar produits par jour… La seconde édition de l’opération «En mai, tonte à l’arrêt» confirme l’intérêt d’une gestion différenciée dans nos jardins pour favoriser la biodiversité et les pollinisateurs. En voici les principaux résultats.

Tout est bon à prendre quand il s’agit d’aider la nature à se refaire une place dans notre environnement immédiat. Y compris le simple fait de cesser de tondre une partie des jardins pendant un mois. Pour la deuxième année consécutive, Le Vif a proposé aux particuliers, ainsi qu’aux secteurs public et privé, de participer à son opération En mai, tonte à l’arrêt, menée en partenariat avec l’asbl Adalia 2.0 et la faculté Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège). Il est temps d’en dresser le bilan, positif à de nombreux égards.

1. Des participants au profil varié

Début juin, le compteur s’est finalement arrêté à 1 448 jardins inscrits sur le site Web de l’opération, soit 73 de plus que l’année dernière. Parmi ceux-ci, 1 352 participants ont répertorié leur surface de non-tonte sur BioPlanner, le portail d’observation et de comptage des fleurs élaboré par Gembloux Agro-Bio Tech. Outre les particuliers, le profil des participants est varié, puisqu’il se compose aussi de treize communes, quatre entreprises, trois écoles primaires, deux écoles secondaires et cinq sites d’écoles supérieures. La superficie cumulée des zones de non-tonte atteint 48,5 hectares. Si 60% de celle-ci s’étendent sur cent mètres carrés maximum, près d’un pour cent des jardins participants présentent une surface de gestion différenciée supérieure à dix mille mètres carrés.

Les zones de non-tonte ont potentiellement permis de nourrir 600 000 larves d’abeille solitaire par jour du mois de mai.

2. Une belle richesse florale

Tout au long du mois de mai, 463 participants ont référencé sur BioPlanner quelque 225 espèces plus ou moins rares observées. En nombre absolu, c’est la pâquerette qui figure au sommet du classement (344 observations), devançant de peu le trop souvent mal aimé pissenlit (325) et le renoncule âcre (219) ou bouton d’or, comme il est plus couramment appelé. Un top 3 identique à celui de l’année dernière. Par ailleurs, si neuf espèces en moyenne ont occupé les zones de non-tonte répertoriées durant ce mois de mai, 37% des surfaces de non-tonte ont présenté au moins dix espèces florales. «Cinq ou six espèces, c’est déjà supérieur à ce que l’on trouve dans la plupart des prairies d’un système agricole conventionnel, soulignait, déjà l’année dernière, le professeur Grégory Mahy (ULiège). Dans nos paysages dominés par la présence de l’homme, cet apport des jardins est donc tout à fait significatif

3. Un indice nectar supérieur à 2021

Comme l’année dernière, chaque participant ayant compté le nombre de fleurs (sur un mètre carré de la surface de non-tonte) obtiendra, dès ce 9 juin, un indice nectar personnalisé. Celui-ci donne une estimation de la quantité de nectar produite sur la surface concernée, pour évaluer dans quelle mesure elle a permis de soutenir les populations de pollinisateurs. Le comptage des fleurs ne concernait que les espèces pour lesquelles il existe, dans la littérature scientifique, une estimation de leur indice nectar. Comme certaines fleurs observées n’ont pas pu être intégrées dans le calcul pour cette raison, il est probable que l’indice nectar final soit sous-estimé dans certains jardins.

Le comptage des fleurs constitue, en outre, une photographie de la flore à un moment spécifique, c’est-à-dire entre le 27 mai et le 3 juin inclus. Or, certains participants ont pu constater que des fleurs présentes en nombre durant le mois de mai, comme la pâquerette et le myosotis, n’étaient plus autant là lors de la période de comptage. «Bien sûr, la végétation évolue, commente Sylvain Boisson, expert en gestion de la biodiversité à Gembloux Agro-Bio Tech. Ce que nous avons fourni, c’est une mesure de l’indice nectar par jour qui concorde avec la période de comptage des fleurs. D’autres méthodes permettent certainement d’avoir un indice plus précis. Mais il était important de simplifier les choses, pour que le grand public puisse s’approprier la démarche.»

Malgré ces nuances, le bilan de l’indice nectar s’avère très positif: à raison d’une surface totale de non-tonte de 48,5 hectares et de 74,09 milligrammes de nectar produits par jour et par mètre carré, l’opération aurait permis de produire 36 kilos de nectar sur base journalière. Sachant qu’il faut soixante milligrammes de nectar par jour pour s’assurer du bon développement d’une larve d’abeille solitaire, les seules surfaces de non-tonte ont potentiellement permis d’en nourrir environ 600 000 par jour!

A titre de comparaison, l’indice nectar moyen s’élevait à 55,6 milligrammes par mètre carré et par jour au terme de la première édition de l’opération En mai, tonte à l’arrêt. Il serait toutefois hasardeux d’en tirer des conclusions. Les aléas météorologiques et la composition de l’échantillon des jardins, variant d’une année à l’autre, peuvent notamment expliquer cet écart chiffré. Mais il est intéressant de constater que la sécheresse de ces dernières semaines n’a visiblement pas affecté négativement l’indice nectar calculé à la fin du mois de mai, soit au moment où les insectes sont davantage présents.

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