Manifestation LGBTQI+ à Namur : "l'homophobie tue encore en 2021" © belga

LGBTQI+: la Belgique interdit formellement les thérapies de conversion

Le Vif

133 mesures vont entrer en vigueur pour tendre vers plus d’inclusivité.

Le Premier ministre Alexander De Croo et la secrétaire d’État à l’Égalité des genres et des chances Sarah Schlitz ont présenté ce mardi le nouveau plan fédéral pour une Belgique LGBTQI+ friendly. Ce plan en 133 mesures entend renforcer la sécurité des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queers, intersexes, asexuelles et toute personne ne se reconnaissant pas dans les normes hétérosexuelles et cisgenres, et tendre vers plus d’inclusivité.

Le troisième plan fédéral, qui court jusqu’en 2024, se déploie en quatre axes stratégiques (connaissance et information, politique d’inclusion, bien-être et santé, anti-discrimination). Parmi les mesures phares se retrouve l’interdiction des thérapies de conversion, soit diverses pratiques se basant sur le postulat que l’homosexualité et la transidentité sont des maladies qu’il conviendrait de guérir. « La Belgique sera alors le troisième pays européen et le cinquième au monde à interdire formellement ces pratiques », a déclaré Sarah Schlitz.

Accès à la santé

Le gouvernement entend également prohiber les opérations non nécessaires et non consenties sur les enfants intersexes et améliorer l’accès à la santé des personnes LGBTQIA+, un accueil encore entravé par la méfiance et l’inconfort de ces dernières face au corps médical, ainsi que par le manque de connaissances du personnel soignant envers cette patientèle. Côté Justice, alors que les violences infligées en raison de l’orientation sexuelle et/ou de l’identité et expression de genre sont encore peu rapportées à la police et que plus rares encore sont les plaintes qui aboutissent, le gouvernement veut qu’un motif de haine constitue une circonstance aggravante quelle que soit l’infraction perpétrée. Dans l’optique d’un meilleur suivi, le fédéral entend d’ailleurs renforcer le rôle d’Unia. Sur internet, la lutte contre les délits de haine perpétrés en ligne passera par une formation approfondie pour les magistrats. Le volet « sensibilisation » s’illustrera quant à lui notamment par le financement d’une exposition à la Kazerne Dossin sur la persécution des homosexuels et lesbiennes dans l’Europe nazie. « La Belgique est l’un des rares pays où l’homosexualité n’a jamais été punissable », a relevé Alexander De Croo. « Mais ailleurs, des gens sont condamnés à mort pour ce qu’ils sont. Notre plan est donc national, mais aussi international car en Europe aussi, il reste énormément de progrès à faire. Des gouvernements conservateurs et des extrémistes menacent des droits fondamentaux ; nous ne pouvons pas laisser faire cela. »

Nombreux espoirs

De manière générale, les autorités veulent renforcer la confiance du fédéral envers la société civile, qui « effectue un travail communautaire énorme de soutien et d’accompagnement » des personnes LGBTQIA+, a ajouté la secrétaire d’État à l’Égalité des genres et des chances. Pour ce faire « un budget spécifique a été débloqué pour ces questions, ce qui n’avait encore jamais été fait auparavant ». Ce budget dépend de chaque ministère. À l’Égalité des chances, il atteint trois millions d’euros pour 2022-2024, a précisé Mme Schlitz. Ce plan est « vaste et ambitieux », car « la Belgique fait bien, mais elle pourrait faire encore mieux », a conclu Anna Devroye, coordinatrice au sein de Prisme, la Fédération wallonne des associations LGBTQIA+. « Notre message au gouvernement est le suivant: ‘vous pouvez compter sur nous, nous comptons sur vous’, car les espoirs sont nombreux. » La bruxelloise Rainbow House et la coupole flamande Çavaria étaient également présentes.

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