Pourquoi voit-on flou quand on est sous l’eau?
Alors que l’humain peut voir très près ou très loin, une fois sous l’eau tout devient flou. Une question d’accomodation et de réfraction de la lumière.
L’horizon est d’azur, le sable immaculé. On distingue parfaitement ses orteils qui font trempette dans la mer limpide. Pourtant, si on y plonge la tête, on n’y verra goutte. Pourquoi tout ce flou sous l’eau?
Pour voir net, il faut que l’image s’imprime sur la rétine, où prend naissance le nerf optique qui transmettra l’information au cerveau. Le cristallin, opérant comme une lentille, permet qu’elle ne se forme ni trop à l’avant ni trop à l’arrière. Ce mécanisme, dit d’accommodation, explique qu’on voit de très près (trente centimètres environ)… à l’infini. Pour preuve, nous apercevons les étoiles à cent mille milliards de kilomètres.
Faire la focale
La Voie lactée mais pas le bout de ses pieds? «Notre œil est adapté à l’air, pas à l’eau, dont l’indice de réfraction est plus élevé, ce qui signifie que la lumière y circule moins vite, développe le professeur Pasquale Nardone, physicien, enseignant à l’ULB et chroniqueur radio (RTBF). L’image vient trop à l’arrière de la rétine, comme chez les hypermétropes. Or, l’œil humain n’est pas capable de se déformer en milieu aquatique afin que le cristallin puisse faire la focale. Les petits muscles destinés à étirer ou raccourcir le cristallin n’ont pas la force nécessaire pour remplir cette fonction sous l’eau, plus résistante que l’air.»
Les objets paraîtront plus grands et plus proches d’environ 30%. Et le port du masque n’y changera rien. En faisant en sorte que la surface de l’œil reste en contact avec de l’air et non avec l’élément liquide, il améliorera tout au plus le confort oculaire, mais ni la netteté ni la perception des dimensions et des distances.
Tous bigleux !
Outre la réfraction, un autre phénomène physique intervient dans cette mauvaise visibilité. La lumière blanche étant en réalité formée de plusieurs couleurs, chacune d’entre elles est «absorbée» à mesure que l’on plonge plus profondément.
Le rouge disparaît déjà dès six mètres; vient ensuite le tour de l’orangé, puis du jaune et, à partir de soixante mètres, c’est le Grand bleu. Au-delà de quatre cents mètres, place à la Nuit noire : aucun rayon n’arrive si bas. Dans les abysses, pas de scènes d’horreur sur grand écran mais quelques monstres aux noms évocateurs. Le poisson ogre, le revenant, le dragon à écailles ou le requin lézard, on est plutôt soulagés de ne pas avoir à les croiser… même s’ils sont tout aussi bigleux que nous.
L’absence de lumière
Surprenant? A première vue seulement. «En réalité, beaucoup d’animaux marins n’utilisent pas spécialement leurs yeux, relativement petits, reprend le professeur Pasquale Nardone. Contrairement à l’ouïe ou l’odorat, chez eux, ce sens n’est pas primordial puisqu’ils sont aussi tributaires que l’humain de l’absence de lumière dans les grandes profondeurs.»
Le poulpe, le calamar et la seiche sont les seuls êtres vivants évoluant en milieu aquatique dotés de globes oculaires pouvant se distordre pour affûter leur vue. A part peut-être L’Homme de l’Atlantide, ce qui expliquerait sa vision décuplée? Depuis les années 1970 et le lancement de la série, aucune info n’a fuité.
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