Anne-Sophie Bailly

Affaire Hadja Lahbib: le Parlement est le seul qui sort grandi du visagate

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le Parlement, malmené au plus fort de la crise sanitaire, a exercé son rôle de contrôle de l’exécutif dans l’affaire des visas iraniens. Il est le seul qui sortira grandi de cette saga.

L’affaire des visas accordés à une délégation iranienne invitée au Brussels Urban Summit, du 12 au 15 juin, a suscité moult remous au sein de la Vivaldi. Avec, pour conséquence, entre autres, de ralentir l’action des partenaires de la coalition, contraints de postposer le travail sur certains dossiers majeurs comme la réforme fiscale ou de faire passer au second plan la signature prochaine de l’accord avec Engie sur la prolongation du nucléaire. De conjuguer un temps la survie du gouvernement De Croo au mode interrogatif.

A tel point qu’au café du commerce, on entendait dire qu’il fallait « se préoccuper des vrais problèmes des gens »,  « passer à autre chose », que les convocations multiples d’Hadja Lahbib devant le Parlement, « franchement, ça suffit ».

Réformer la fiscalité comme assurer l’avenir énergétique de la Belgique sont évidemment indispensables et requièrent toute la mobilisation de l’équipe gouvernementale. 

Les enjeux que ces réformes charrient sont majeurs, personne ne dira le contraire. Mais les séquences parlementaires autour du « visagate » n’étaient pas secondaires pour autant. Les demandes des députés d’entendre la ministre des Affaires étrangères et de l’entendre encore tant que toute la lumière n’a pas été faite sur cette affaire qui touche autant à des vies humaines, à la sécurité nationale, qu’à la place internationale de la Belgique, à la realpolitik et à la diplomatie étaient légitimes.

Les séquences parlementaires autour du « visagate »
n’étaient pas secondaires.

Comme leur demande l’était quand la secrétaire d’Etat au Budget Eva De Bleeker (Open VLD) avait dû s’expliquer sur l’inexactitude de certains chiffres rapportés dans le projet de budget 2023.

Comme leur demande l’était quand la secrétaire d’Etat à l’Egalité des genres Sarah Schlitz (Ecolo) avait dû répondre aux questions suscitées par l’apposition de son logo personnel sur une communication sans avoir requis ni reçu l’autorisation de la commission des dépenses électorales de la Chambre.

Comme leur demande l’était quand la ministre des Entreprises publiques Petra De Sutter (Groen) avait dû passer un grand oral suite à l’affaire des travailleurs détachés et payés par bpost au sein de son cabinet.

Ce n’est qu’au sortir de ces débats et des réponses apportées aux zones d’ombre que la question du maintien de la ministre ou des secrétaires d’Etat dans leurs fonctions a été tranchée.

Le cas d’Hadja Lahbib ne devait pas différer. L’affaire était suffisamment importante pour que le fond des choses soit examiné et que le Parlement joue son rôle de contrepoids, garant du bon fonctionnement de nos institutions démocratiques. Et qu’à la suite, seulement, une décision politique soit prise comme cela a été le cas.

Le Parlement, malmené, by-passé, ignoré au plus fort de la crise sanitaire, a donc, à raison, exercé son rôle de contrôle de l’exécutif. Il est le seul qui sortira grandi de cette saga.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire