Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Pourquoi les femmes préfèrent les hommes plus grands qu’elles

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Sale temps (amoureux) pour les petits ! Sur Tinder, certaines femmes ont une obsession pour la taille: prière d’être plus grands qu’elles, sinon next. Pourquoi sont-elles obnubilées par les centimètres ?

Se mettre en vitrine pour vendre ses charmes: voilà qui n’était pas une attitude particulièrement masculine. Jusqu’à Tinder. Depuis dix ans qu’elle existe, l’appli de rencontre oblige les hommes à devenir désirables, eux qui étaient jusqu’alors plutôt habitués à être «désireurs». Pas facile, hein, messieurs? Selon une enquête de Judith Duportail, autrice de L’Amour sous algorithme (éd. Goutte d’or, 2019), le taux de succès moyen s’élève à 50% pour les femmes mais à… 2% pour les utilisateurs.

«Créer le profil parfait», «comment matcher dès ce soir», «astuces pour obtenir plus de likes»… Les conseils pour mieux briller dans l’univers de la drague virtuelle, où les hommes sont plus que jamais soumis au bon vouloir féminin, remplissent près de 46 528 pages de résultats de recherche sur Google. Et se résument finalement à quelques points: ne pas être trop moche, ne pas être trop con et… ne pas être trop petit. Y a pas que la taille qui compte, hum, mais apparemment les filles en font un critère capital, et beaucoup de mecs prennent les devants en l’indiquant dans leur bio, du sobre «180» au «1,90 m, avec moi tu pourras mettre des talons», en passant par le désabusé «175, mais pas la peine de direct me friendzoner».

L’obsession féminine pour les centimètres, sur Tinder et compagnie, laisse penser qu’en vingt ans, le cliché de la taille associée à la virilité n’a pas particulièrement été déconstruit.

«Le masculin et le féminin sont créés à travers l’érotisation de la domination et de la soumission», selon l’avocate féministe américaine Catharine MacKinnon. Donc: pour désirer, ils aiment se sentir supérieurs. Financièrement, intellectuellement, physiquement. Mais: elles préfèrent se sentir inférieures. «Cet écart [de taille] est recherché par les hommes, mais, semble-t-il, davantage encore par les femmes», écrit Mona Chollet dans Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles (éd. Zones, 2021). Une étude de l’université de Groningen – qui commence à dater un peu: 2012 – conclut que mesdames «veulent des hommes plus grands, davantage» que l’inverse: elles apprécieraient 21 centimètres d’écart, là où ils se contenteraient de huit.

«La vie en couple est moins fréquente parmi les hommes de petite taille», exposait le sociologue Nicolas Herpin, en 2003, dans un article de la revue Economie et statistique. «Cette situation n’est pas due à leur condition sociale, ajoutait-il. Bien que les ouvriers soient en moyenne plus petits que les cadres, les effets de la taille sur la mise en couple sont de même intensité dans ces deux milieux sociaux.»

L’obsession féminine pour les centimètres, sur Tinder et compagnie, laisse penser qu’en vingt ans, le cliché de la taille associée à la virilité n’a pas particulièrement été déconstruit. C’est un peu la parabole de la paille et de la poutre: pendant que les féministes exhortent les hommes à démanteler leur masculinité toxique, beaucoup de femmes se complaisent dans ce stéréotype de genre, sans même vraiment le percevoir.

Le grand, c’est le fort. Le puissant. Le protecteur. Celui sur qui poser la tête, sans devoir descendre de trois marches façon Bruni-Sarkozy. Celui qui réussit professionnellement («A diplôme constant, les hommes de taille élevée font une meilleure carrière car leur sont confiées davantage de responsabilités d’encadrement», dixit Nicolas Herpin). C’est celui qui, par effet miroir, reflète d’une certaine manière l’infériorité féminine. Bref, c’est le mâle alpha. CQFD: ce qu’il fallait (pourtant) déconstruire.

Désenchantées

Quel est le parcours d’une victime de violences sexuelles?, se sont demandé les journalistes Marine Guiet et Audrey Vanbrabant. «Désenchantées» est le fruit de leur travail, un podcast en huit épisodes qui suit le parcours de Sofia, Margot et Zoé, survivantes d’agressions sexuelles, en mettant en lumière toutes les failles de leur prise en charge. «Désenchantées» est disponible sur Spotify.

214 000

femmes enceintes ont vécu les tremblements de terre en Turquie, dont 24 000 doivent accoucher en mars. Les pertes d’habitations et de biens exposent particulièrement les femmes, les filles et les nouveau-nés à des risques de maladie et de violence. En Syrie aussi, des milliers de femmes enceintes auront besoin de soins obstétriques d’urgence. Dans les deux pays, la plupart des centres de santé et de maternité sont sinistrés. Les professionnels sur place font face à des situations parfois mortelles.

Dénonciation sanglante

Au Kenya, la sénatrice Gloria Orwoba a assisté, l’entrejambe taché de faux sang, à une séance du Sénat. Son action s’inscrit dans le cadre d’une campagne pour l’accès gratuit aux protections hygiéniques dans ce pays où une personne menstruée sur deux n’a pas les moyens d’en acheter. Des citoyens ont jugé cet acte honteux et ont remis le statut de la sénatrice en question. Celle-ci a dû quitter la séance pour infraction au code vestimentaire. Pour Gloria Orwoba, «l’important est que nous avons fait parler les hommes des menstruations». (Z.L. st.)

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