Anne-Sophie Bailly

Choix de Charles Michel, nomination de Pierre Wunsch… Ca aussi, c’est ce que font les hommes politiques

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Charles Michel qui choisit de quitter ses fonctions pour emmener la liste européenne du MR. Le gouvernement belge qui valide en retard la nomination de Pierre Wunsch à la tête de la BNB. Des manières de faire de la politique qui ne vont pas recréer du lien avec le citoyen…

La décision de Charles Michel de se présenter aux élections européennes et de quitter prématurément son poste de président du Conseil européen a suscité son lot de critiques, dont les principales ont trait au choix de faire primer l’évolution d’une carrière sur les responsabilités confiées et au risque d’ouvrir une période d’instabilité si le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, devait assurer le job ad interim.

Pour d’autres, dont le Premier ministre belge Alexander De Croo, ce choix constitue une illustration du principe même de démocratie. «C’est ce que font les hommes politiques. Nous avons des discussions sur la manière de renforcer le lien démocratique avec le citoyen. La participation à une élection est une manière de le faire.»

Les top jobs restent une monnaie d’échange de premier plan. Malgré les conséquences délétères.

De fait, faire fonctionner la démocratie et le pays, renforcer le lien avec le citoyen sont des missions à part entière de la fonction politique. C’est pourquoi on ne pourra que s’étonner que le gouvernement actuel n’ait entériné la reconduction du mandat de Pierre Wunsch à la tête de la Banque nationale de Belgique (BNB) qu’avec retard. Or, cet atermoiement n’est dû ni à un problème de compétence, ni de disponibilité, ni de calendrier. Uniquement à un marchandage politique.

C’est aussi ce que font les hommes politiques.

Ces problèmes de reconduction ou de nomination ne sont pas neufs. Que du contraire, ils se répètent encore et encore. C’est que ces top jobs constituent une monnaie d’échange de premier plan. Pour valider un accord, boucler une réforme. Et malgré les conséquences désastreuses pour le pays, tant en matière de fonctionnement des institutions et des administrations que de perte de crédibilité éventuelle pour les candidats pressentis.

Spécifiquement dans le cas de la BNB, les effets s’avéraient délétères tant pour l’image de la Belgique, à l’heure où elle prenait en charge la présidence du Conseil de l’Union européenne, qu’ils auraient pu potentiellement l’être pour le maintien de la stabilité financière, alors que l’envolée des taux et les craintes de contagion à l’économie mondiale des faillites des banques régionales américaines datent de moins d’un an.

Cela restera ainsi tant que l’intérêt des partis l’emportera sur celui du pays. Que l’intérêt personnel l’emportera sur le collectif. Tant que c’est ce que feront certains hommes politiques.

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