Carte blanche
Il est temps de cesser la construction d’infrastructures pour les énergies fossiles
L’Accord de Paris ne mentionne pas les combustibles fossiles. Les résultats de la COP27 ne mentionnent pas le pétrole et le gaz. Pour plusieurs eurodéputées écologistes, il est temps d’adopter un traité de non-prolifération des combustibles fossiles.
Il y a un an, le Parlement européen rejoignait l’appel mondial pour l’adoption d’un Traité de non-prolifération des combustibles fossiles à l’appel des nations du Pacifique dont les fers de lance sont le Vanuatu et Tuvalu. Des centaines de milliers de personnes, de scientifiques et Prix Nobel, d’ONG à travers le monde, plusieurs villes et collectivités territoriales ainsi que l’Organisation mondiale de la santé appuient la demande.
86% des émissions de CO2
L’urgence climatique exige des décisions sans détours : si nous voulons maintenir le réchauffement global sous le seuil des 2°C, nous devons laisser 80 % des combustibles fossiles dans le sous-sol. Ils sont responsables de pas moins de 86% des émissions de dioxyde de carbone ces dix dernières années.
« Les énergies fossiles sont les armes de destruction massive, à l’origine de dérèglement climatique et de la destruction de notre planète »
Il est donc temps de mettre un terme à l’exploitation du charbon, du pétrole et du gaz. Temps de cesser la construction d’infrastructures pour les énergies fossiles et rediriger les fonds vers le développement des énergies renouvelables pour alimenter la vie des gens et les communautés dans le monde entier.
Dans un contexte toujours marqué par des inondations, des incendies et des records de chaleurs sans précédent, de plus en plus de voix réclament un traité de non-prolifération des énergies fossiles. Le 17 septembre dernier, 600.000 personnes se sont mobilisées aux quatre coins du monde pour exiger des dirigeants du monde entier qu’ils s’engagent pour l’adoption d’un Traité de non-prolifération des combustibles fossiles.
Une COP 28 ambitieuse
La 28e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 28) aura lieu du 30 novembre au 12 décembre avec la confirmation de l’objectif de « limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, accroître le financement de la lutte contre les changements climatiques pour les pays en développement et augmenter d’urgence les investissements dans l’adaptation aux changements climatiques, car les besoins ne cessent de croître dans le contexte de l’aggravation de la crise climatique ».
Cet agenda, visant à augmenter les investissements durables, est incompatible avec la poursuite des investissements dans les énergies fossiles. Inspiré du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, conclu en 1968, les énergies fossiles sont les armes de destruction massive, à l’origine de dérèglement climatique et de la destruction de notre planète. Le Traité reposerait sur trois piliers:
- Non-prolifération
Cesser d’aggraver le problème en mettant fin à l’expansion de la production de charbon, de pétrole et de gaz.
- Sortie progressive équitable
Un plan équitable de réduction progressive de la production de combustibles fossiles, dans lequel les nations ayant la capacité et la responsabilité historique de la transition en matière d’émissions sont les plus rapides, apportant leur soutien aux autres pays du monde.
- Transition juste
Accélérer l’adoption d’énergies propres et la diversification économique en s’éloignant des combustibles fossiles afin qu’aucun travailleur, aucune communauté, aucun pays ne soit laissé pour compte.
Depuis 2019, le Parlement européen exige la sortie de l’Union européenne du Traité sur la Charte de l’Énergie, TCE. Cet accord d’investissements international qui rassemble une cinquantaine de pays est en vigueur depuis 1998. Il établit un cadre multilatéral pour la coopération transfrontalière et les investissements financiers dans le secteur de l’énergie. En d’autres mots, qui assure la protection juridique des investissements dans les énergies fossiles.
Un traité dont les clauses assurent la supériorité à tout accord ultérieur comme l’Accord de Paris, et qui a déjà donné lieu à plusieurs règlements des différends (non conforme au droit européen selon la CJUE) entre investisseurs et pays hôtes, engendrant des pertes de plusieurs milliards pour ces derniers. Outre le retrait du TCE, le Parlement veut que l’Union européenne plaide pour et facilite l’adoption d’un Traité de non-prolifération des énergies fossiles aux Nations Unies.
Nous appelons également nos gouvernements et particulièrement la Belgique, qui prendra la Présidence du Conseil l’Union Européenne en 2024, à se montrer solidaire avec les Etats les plus impactés par le dérèglement climatique et à prendre la tête de cet appel à faire de l’UE le premier continent à rejoindre la coalition pour un traité mondial de non-prolifération des énergies fossiles.
Les citoyen.nes peut également apporter leur soutien à ce texte, en le signant directement et en le partageant : https://fossilfueltreaty.org/fra
Face au défi mondial du dérèglement climatique, l’engagement à ne plus investir un euro d’argent public et à se désengager des énergies fossiles doit devenir un engagement mondial.
Le titre est de la rédaction. Titre original: « Appel mondial. Pour un Traité de non-prolifération des combustibles fossiles »
Saskia Bricmont, eurodéputée Verts/ALE (Belgique)
Saraswati Matthieu, eurodéputée Vert/ALE (Belgique)
Tilly Metz, eurodéputée Vert/ALE (Luxembourg)
Marie Toussaint, eurodéputée Vert/ALE (France)
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