Zoom sur les Marocains de Belgique

Barbara Witkowska Journaliste

En 1964, la Belgique et le Maroc signaient l’accord bilatéral pour l’envoi de travailleurs immigrés. Un demi-siècle plus tard, l’exposition Nass Belgica dresse le portrait de ces femmes et hommes impliqués dans la vie publique.

A l’issue de la Première Guerre mondiale, des soldats marocains de l’armée française présents en Belgique choisissent d’y rester. Ils sont embauchés dans les charbonnages. Dans les décennies qui suivent, des petits contingents de 100 ou 200 personnes continuent à affluer pour travailler dans les mines. Ce n’est qu’après l’indépendance du Maroc, en 1956, et surtout après la signature de la convention portant sur le recrutement de main-d’oeuvre, en 1964, que l’immigration prendra un caractère massif.

Combien de Marocains y a-t-il aujourd’hui en Belgique ? Si le chiffre consulaire fait état de 200 000 personnes, nul ne connaît leur nombre exact.  » On a du mal à les compter et du mal, aussi, à les nommer, en les appelant tour à tour Maroxellois, nouveaux Belges, musulmans ou encore Maghrébins, voire Maghrébiens, explique Ahmed Medhoune, directeur du département des services à la communauté universitaire de l’ULB et commissaire général de l’exposition Nass Belgica. Bruxelles est l’une des villes au monde où la présence des Marocains est la plus importante. D’ailleurs, ces dernières années, Mohamed était le prénom le plus souvent donné dans la capitale. Ce n’est qu’en 2012 qu’il a été détrôné par Adam. Les Marocains sont présents dans tous les secteurs. Acteurs économiques, architectes, artistes, commerçants, médecins, sportifs professionnels… ils sont pleinement insérés et prennent part à la vie publique. Plusieurs ont brigué des mandats électifs. Incontestablement, ils sont aujourd’hui partie prenante d’une Belgique diverse, multiculturelle, multiconfessionnelle.  »

La parole aussi aux artistes

Nass Belgica ( » Les gens de Belgique « , en dialecte marocain) va à la rencontre de ces citoyens comme les autres qui sont loin d’être en marge ou en rupture avec notre société et ses valeurs. Elle articule à la fois des clés de compréhension de l’immigration marocaine et présente les apports des immigrés marocains et de leurs descendants à l’histoire et à la construction de la Belgique, à son développement économique, à ses évolutions sociales (notamment par la contribution à la croissance démographique) et à sa vie culturelle. Le projet est ambitieux et ambitionne d’attirer 100 000 visiteurs. Après le Botanique, Nass Belgica tournera à Liège, Tournai, Charleroi, La Louvière et Mons, puis passera par Paris avant d’être accueillie à travers le Maroc.

Admirablement scénographiée par les étudiants de La Cambre, l’exposition fait la part belle aux récits historiques, aux témoignages, aux archives publiques et familiales et aux extraits de films qui témoignent de l’extraordinaire vitalité apportée par cette immigration à la Belgique. Elle donne aussi la parole aux nombreux artistes contemporains qui traitent des questions d’exil, de métissage, d’identité et de nouvelle citoyenneté.  » Mêlant raison et émotion, nuance et humour, ce projet bat en brèche nombre de préjugés et de clichés que génère la réalité de l’immigration et ambitionne de jeter les bases du  » vivre ensemble « , conclut Ahmed Medhoune.

Nass Belgica. L’immigration marocaine en Belgique, jusqu’au 27 avril prochain, au Botanique, à Bruxelles. www.nassbelgica.be

Barbara Witkowska

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