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Ventilus, de l’électricité dans l’air

Le Vif

Le pendant flamand de la Boucle du Hainaut sera aérien. Non sans mal, le gouvernement Jambon n’a fait que se ranger à l’unanimité des experts mais il s’expose à l’obstruction des riverains qui seront survolés par cette ligne à haute tension qui porte bien son nom.

En l’air ou sous terre? Gros dilemme que le gouvernement flamand, aux prises avec le futur visage à donner à Ventilus, a mis quelque temps à trancher. Sur papier, la décision à prendre semblait pourtant d’une facilité déconcertante tant l’option aérienne s’imposait comme une évidence au fil des expertises. La dernière en date, remise en novembre par le professeur allemand Westermann, n’a pas fait exception et ne pouvait que lever les derniers doutes de l’équipe Jambon (N-VA – Open VLD – CD&V).

Hors la voie des airs, point de salut pour Ventilus, ces 82 kilomètres de ligne à haute tension incontournable pour acheminer sur la terre ferme l’électricité verte fournie par les éoliennes en mer du Nord. Cruciale, donc, pour l’indépendance énergétique de la Flandre, vitale pour son futur industriel. Acteurs de l’énergie et monde de l’entreprise peuvent commencer à respirer. La solution du bon sens, la moins coûteuse, la plus robuste, la seule technologiquement réalisable et la plus rapide à mettre en œuvre, l’a emporté.

Sauf que sur le terrain, l’affaire est tout sauf pliée. Dans les campagnes de Flandre-Occidentale, on reste sur le pied de guerre. Les West-Flandriens, appelés à côtoyer le futur tracé de la ligne électrique, ne jurent toujours que par son enfouissement plusieurs pieds sous terre. Par crainte des effets des champs magnétiques sur leur santé, en particulier celle des enfants, sur celle du bétail, mais aussi par volonté de préserver la valeur des maisons et la beauté du paysage champêtre. Les collectifs citoyens ont pu trouver de précieux alliés en la personne de leurs bourgmestres, majoritairement CD&V et bien placés pour mettre la pression sur leur parti qui siège au gouvernement.

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Course d’obstacles

La bombe à retardement politique menaçait dangereusement jusqu’à ce que l’ultime rapport de Herr Westermann, sollicité par le camp des opposants à la voie aérienne, ne vienne ruiner les espoirs immédiats d’une issue souterraine, décrétée technologiquement inenvisageable avant 2030. Raison suffisante pour que le CD&V rentre dans le rang et que ses bourgmestres récalcitrants se résignent au verdict tout en restant en embuscade, prêts à saisir la moindre faille juridique pour jouer l’obstruction.

Rendez-vous en 2027 pour l’activation de Ventilus. D’ici là, 2023 sera l’année de la fixation précise du tracé avec son lot d’étapes à franchir, rapport d’incidence environnementale et de sécurité, enquête publique, analyse des coûts et fixation de compensations financières destinées à faire fléchir les résistances. Une vraie course d’obstacles que promettent d’animer des groupes de riverains qui ne désespèrent pas de ramener l’option souterraine dans le parcours à la faveur d’avancées technologiques. Emerge ainsi le spectre d’un scénario à l’Oosterweel, l’interminable chantier du ring anversois qui fut source d’une guérilla juridique à n’en plus finir.

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