Une oeuvre de feu

C’est avec Idomeneo, de Mozart, que le metteur en scène écos- sais David McVicar fut révélé sur le continent. Reprise

Idomeneo. A l’Opéra de Flandre. A Gand, les 27, 30 mars, les 2, 4 et 7 avril. A Anvers, les 15, 17, 20, 23, 25 et 28 avril. Tél. : 070 22 02 02 ; www.vlaamseopera.be

C’était à l’Opéra de Flandre, précisément à Anvers, en 1998 : après les Hermann, Carsen, Gruber, Dekker, Werniecke, le public belge découvrait l’Ecossais David McVicar à travers un opéra magnifique, mais difficile de Mozart, Idomeneo, Re di Creta. Difficile, parce qu’appartenant à la veine des opera seria, plus formels que les opéras ultérieurs, pétris de héros, de divinités plus ou moins funestes et de grands sen- timents, dépourvus du moindre réalisme et hérissés d’arias da capo. Dans la mise en scène de McVicar, le public découvrit un opéra de feu, sensible et proche : question à la fois de décor û minimaliste û, et de direction d’acteurs, investie dans les moindres détails avec cohérence et humanité.

L’argument montre comment, menacé de naufrage, le roi Idoménée û un souverain aimé par son peuple û promet au dieu Neptune de sacrifier le premier être vivant qu’il rencontrera en abordant les rivages de Crête. Ce sera son fils Idamante… Au fil de l’opéra, le spectateur découvrira la raison d’une épreuve aussi cruelle : ce n’est que face à la mort de son fils que le roi pensera, enfin, aux milliers de morts anonymes causées par les guerres qu’il a lui-même déclenchées. On est loin de l’aventure d’un pauvre mortel face au pouvoir aveugle des dieux…

On retrouve la soprano Lyne Fortin dans le rôle d’Elettra (amoureuse d’Idamante) et le ténor Russel Smythe dans celui d’Arbace (le confident du roi). Le ténor américain Bruce Ford, spécialiste de Mozart et du bel canto, chante Idomeneo, en alternance avec Deon van der Walt. Dans la partie d’Idamante, la mezzo américaine Kristine Jepson fait sa première apparition à l’Opéra de Flandre, la soprano britannique Sarah Fox chante le rôle délicat (et périlleux) de la belle Ilia, le ténor belgo-italien Lorenzo Carolale chante le Gran Sacerdote, et la basse belge Kurt Gysen est la voix de Neptune (seule apparition du registre grave dans cet opéra célèbrement réservé aux voix aiguës). A la direction de l’orchestre, le chef sud-africain Gerard Korsten, spécialiste du répertoire viennois classique.

Martine D.-Mergeay

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