Sois belge et sois là !

Alexandre Charlier
Alexandre Charlier Journaliste sportif

Roland-Garros coloré en noir-jaune-rouge : des milliers de Belges ont la brique pilée dans le ventre. Mais les places sont chères.

Belges transhumances en France. Il y a la fête de la Communauté française au Festival de Cannes. Calme cette année. Il y a le 21-Juillet à Saint-Tropez. Très smart. Il y a surtout Roland-Garros. Sa porte d’Auteuil. Ses crocodiles. Sa brique. Ses élégants bien sapés. Internationaux… de France, vraiment ? C’est tellement noir-jaune-rouge, ces dernières années, qu’on a du mal à y croire. Quinze jours durant, des cohortes d’amateurs de tennis belges gagnent Paris. Le Thalys a facilité et amplifié le phénomène. La Belgique, de Rochefort à Bree, est clairement la première colonie étrangère présente à Roland-Garros. Phénomène de mode ? Peut-être…  » Je me souviens qu’à l’époque de Boris Becker et de Steffi Graf on parlait beaucoup allemand autour des courts !  » confie Paolo Leonardi, envoyé spécial du Soir à Paris , depuis 1991.  » De tout temps, le Belge s’est passionné pour le prestigieux rendez-vous parisien. Mais il semble que ce soit l’exploit de Filip De Wulf, demi-finaliste en 1997, qui a déclenché un authentique phénomène de masse « .

 » On se croirait parfois à un match de foot avec les Diables rouges, tant l’ambiance est chaude pour encourager les Belges !  » explique Luc, vieil habitué des lieux. Combien sont-ils, ces Belges à Paris ? La FFT (Fédération française de tennis) ne donne pas de chiffres officiels. Mais il y en a plusieurs milliers, c’est sûr.  » Notre quota de places s’est à ce point réduit que la Fédération belge ne peut plus proposer de tickets à ses membres via les clubs  » , précise pour sa part Pierre Delahaye, secrétaire général de l’AFT (Association francophone de tennis). Vivre une journée à Roland-Garros n’est pas donné à tout le monde. Pas seulement à cause du prix des tickets – de 8 à 70 euros, hors frais, selon l’emplacement – mais en raison de la demande qui dépasse l’offre. Les affiliés et clubs français se voient accorder la priorité pour obtenir des sésames. Quant aux autres, ils peuvent commander par Internet, entre le 13 novembre et le 15 mars, 4 places, au maximum, par jour. Un premier tirage au sort (dont la formule reste secrète…) a lieu pour les demandes françaises le 23 mars. Et, à partir du 26 mars, un nouveau tirage au sort est organisé pour les étrangers et les non-affiliés français. Une véritable loterie… D’autant qu’il existerait clairement des quotas par pays.

Il y a aussi le marché noir, mais les contrôles sont extrêmement sévères. Par ailleurs, de nombreuses entreprises ont leur propre QG au sein même du village de Roland-Garros et invitent leurs relations d’affaires, belges notamment. Des sociétés d’événements, comme way2events, proposent, quant à elles, des formules VIP facturées 660 euros par jour (Thalys, accueil VIP, dîner 4 services, place sur le central…). Ces formules ne conviennent pas à toutes les bourses, mais sont réservées là aussi à de grandes sociétés comme ING, Belgacom, Arcelor/Mittal, etc.

Reste la filière des personnes privilégiées mais sans garantie aucune !  » En tant que journalistes, nous avons un avantage. De 1991 à 2000, nous avions la possibilité de commander 4 tickets, au maximum, par jour « , confie Paolo Leonardi.  » L’organisation de Roland-Garros ne nous autorise plus aujourd’hui qu’à acheter 14 malheureuses places pour l’ensemble du tournoi ! Forcément, je fais des déçus.  »

Assister à Roland-Garros est donc un vrai petit privilège. Mais même avec le précieux sésame – qui donne accès soit au court central, soit au court Suzanne Lenglen, ou aux courts annexes -, il faut avoir de la chance pour suivre le match d’un(e) Belge. Les organisateurs ne programment en effet pas les rencontres en fonction de l’attrait populaire ou de la nationalité des joueurs…

Alexandre Charlier

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