Ségolène Royal « Mieux vaut être exemplaire dans sa vie privée « 

Le Vif/L’Express : La gauche peut-elle encore, aujourd’hui, se prétendre plus morale que la droite ?

Ségolène Royal : Elle doit se battre pour le prouver. La moralité politique, c’est, pour la gauche, réduire les inégalités, refuser les connivences avec les intérêts particuliers, et tenir parole en ne grugeant pas les électeurs par des promesses fallacieuses, comme l’a fait le candidat de droite en 2007. Ce à quoi vous faites allusion relève d’un comportement individuel. Bien sûr, il vaut mieux être exemplaire dans sa vie privée et faire en sorte qu’elle soit cohérente avec sa vie publique. On ne peut pas cultiver les  » vertus publiques « , comme disait Montesquieu, et piétiner les vertus privées, traiter les femmes plus bas que terre, manquer de respect à sa famille. Et quand on a une responsabilité publique, on se doit d’être exigeant envers soi-même. Je veux réhabiliter les comportements décents, respectueux, courtois.

Comment éviter que la confrontation entre un homme socialiste blanc, riche, prêt à tout pour se défendre, et une femme noire, pauvre, immigrée, musulmane ne hante la gauche française au cours des prochains mois ?

La justice est saisie. Et la vérité doit surgir. Le rôle de la gauche, c’est d’être auprès de ceux qui souffrent, avec des solutions efficaces et crédibles. Je peux vous garantir que quand je suis allée auprès des éleveurs qui sont au bord du gouffre, ils attendaient de moi des décisions et aucun ne m’a parlé de cette affaire.

La gauche doit-elle clarifier son rapport à l’argent ?

Pourquoi liez-vous à nouveau le fait dont on parle à la gauche en général ? Ce n’est pas parce que tel ministre a dérapé dans des abus sexuels présumés que tous les gens du même bord sont pareils ! Non ! Alors pourquoi la droite insinue-t-elle l’équivalent ? Ce qui doit être clarifié, ce sont les comportements de pouvoir. Des personnalités agissent comme si elles étaient au-dessus des règles. Pas moins de sept ministres de Nicolas Sarkozy ont été démissionnés en quelques mois ! La droite est donc bien mal placée pour donner des leçons. Il faut que certains hommes de pouvoir, qui se servent au lieu de servir, se disent enfin que l’impunité, c’est terminé.

Etes-vous féministe ?

Oui, au sens où j’ai dû m’arracher à une condition pour avancer sur un chemin qui était loin d’être balisé. Et aussi parce que, encore aujourd’hui, les inégalités hommes/femmes criantes, et qui ne cessent de se creuser, font injure à la République. Par exemple, plus de 2 millions et demi de mères seules survivent au lieu de vivre. Et les violences faites aux femmes ne cessent d’augmenter. Vous ne croyez pas que le temps d’une femme présidente de la République est venu, pour que change vraiment le rapport au pouvoir ?

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