Masculinities: Liberation through Photography

Poser la question du genre vous paraît peut-être inutile. C’est dommage, car elle est au coeur des relations hommes-femmes, ne serait-ce que parce qu’elle ne cesse de les saboter. S’il vous semble que cette problématique est bien trop à la mode et que, de toute façon, « un homme est un homme et une femme… une femme », il n’est pas sans intérêt de revenir à une oeuvre faisant valoir une vraie hauteur de vue en matière de distinction entre sexe biologique et statut social.

Dans Les Yeux ouverts, un essai constitué d’entretiens paru en 1980, Marguerite Yourcenar évoquait Zénon, le personnage central de L’OEuvre au noir. Un homosexuel? Le statut du médecin-alchimiste était, en réalité, plus complexe que cela. S’il lui arrivait d’avoir des relations avec des hommes, c’était avant tout pour faire l’expérience d’un « amant qui soit aussi un compagnon de route et de danger ». Et Yourcenar de préciser: « Même de nos jours, bien des hommes raisonnent de même, et la position de la femme à l’époque augmentait encore la difficulté de faire d’elle autre chose qu’une épouse ou une maîtresse ; jamais un compagnon. » Moralité? L’orientation sexuelle peut aussi résulter d’un choix philosophique, d’une volonté d’égalité. A Anvers, une proposition photographique de haut vol, faisant place à un impressionnant casting d’artistes (Richard Avedon, Peter Hujar, Rotimi Fani-Kayode, Robert Mapplethorpe, Wolfgang Tillmans…) interroge de la même façon les attentes sociétales et les normes qui régissent les genres. Segmentée en plusieurs chapitres, l’exposition aborde l’identité queer, le pouvoir et le patriarcat, les stéréotypes hypermasculins, le corps noir, la paternité, ainsi que le regard féminin sur les hommes.