L’homme qui raille l’administration

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Le site walbox.be devait valoriser les richesses de la Wallonie. Il est devenu la plate-forme des récriminations face à l’administration. Luc Mespouille est passé par là.

Dire que Luc Mespouille est en froid avec l’administration wallonne serait réducteur. Il est en rage ! Et veut permettre à tous ceux qui ont buté sur les difficultés, absurdités et dysfonctionnements liés au Service public de Wallonie (SPW), de le faire savoir. Tournaisien, il est l’un des administrateurs d’EkoServices, l’une des plus importantes sociétés de titres-services wallonnes : 18 agences, 1 250 aides-ménagères et plus de 200 employés.  » Nous sommes reconnus comme une entreprise à finalité sociale, explique-t-il. Une entreprise d’insertion qui permet à des exclus du marché du travail de retrouver un emploi, un statut social, de la dignité. Ce travail bénéficie d’un subventionnement de la Région. Notre société dispose d’ailleurs, en tant qu’entreprise d’insertion professionnelle, du numéro d’agrément 0001, attribué sous Philippe Courard, lorsqu’il était ministre wallon de l’Emploi. Nous étions les premiers à tenter l’expérience.  »

Mais la perception administrative du travail réalisé par les entreprises de titres-services semble avoir évolué. Il devient extrêmement difficile d’obtenir les subventions et même d’entretenir un contact régulier avec le service compétent, qui manifestement souffre d’un manque de personnel. Résultat : une agence attend depuis 480 jours les subsides auxquels elle a droit, soit 72 000 euros.  » Nous n’obtenons pas plus un document écrit qui préciserait ce dû et pourrait entrer dans le bilan et le rapport annuels, qui nous sont par ailleurs réclamés par l’administration, assène Mespouille. Nous avons téléphoné, envoyé des mails, des courriers, des recommandés, des mises en demeure… Sans réponse. Même le médiateur de la Région wallonne semble impuissant.  »

Pour exprimer ce ras-le-bol, Luc Mespouille s’est tourné vers le site www.walbox.be, censé promouvoir les atouts de la Wallonie, mais dont l’administration a omis de… renouveler la concession.  » Nous en avons profité pour reprendre nous-mêmes le nom de domaine, pour 8,36 euros l’an. Objectif : démontrer, preuve par l’absurde, les insuffisances des autorités publiques. Chacun pourra y mettre en ligne les difficultés auxquelles il a été confronté, pour autant qu’elles soient démontrables…  »

Le SPW a proposé de racheter le site, pour 500 euros. Mespouille en veut le double. Or, Walbox est aussi le nom du serious game, logé dans une camionnette (la conception et l’aménagement ont coûté 70 000 euros), qui participe depuis 2012 à diverses manifestations estivales (Fêtes de Wallonie, Beau vélo de Ravel…). Le SPW envisage dès lors de  » délettrer  » la camionnette et d’abandonner toute référence au mot Walbox, manifestement pas protégé.

Le site contestataire sera opérationnel le 3 février. Pour l’instant, il publie quelques tweets, dont l’un renvoie au très officiel site de la Région wallonne, wallonie.be, qui continue à promouvoir la Walbox, et donc à faire la pub de ses détracteurs…  » Le ton que nous voulons adopter sur le site sera celui de l’humour caustique « , avertit Luc Mespouille, qui cite Coluche :  » Si on ne peut plus rire des choses graves, de quoi allons-nous rire ? »

Michel Delwiche

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