Les données bruxelloises à la portée de tous

A travers une plate-forme Web Open Data, Bruxelles, nominée dans le cadre de notre concours de la ville la plus  » smart  » de Belgique, met un grand nombre de données publiques à la disposition numérique des citoyens. Une façon de stimuler le développement de services et d’applications tout en s’inscrivant dans une démarche résolument durable.

Vous souhaitez connaître l’emplacement des stations Villo à Bruxelles et la disponibilité des bicyclettes en temps réel ? Ou celui de tous les distributeurs automatiques de billets, y compris ceux qui sont en panne ? Ou alors les places de parking réservées aux personnes à mobilité réduite ? Voire la liste des crèches et des plaines de jeux accessibles aux enfants ? Toutes ces données et bien d’autres sont plus ou moins facilement disponibles, sous une forme plus ou moins intelligible… Mais la plate-forme Web lancée par la Ville de Bruxelles en avril 2014 va beaucoup plus loin : non seulement, elle propose d’ores et déjà à la consultation de tous les citoyens près de 350 jeux de données en tout genre (et en trois langues), mais elle permet à tout un chacun de s’en saisir librement à des fins scientifiques ou pour développer des applications. Et chaque jour ou presque apporte son lot de nouvelles infos en ligne.

 » Les données peuvent être consultées sous forme de tableaux, de graphiques et de cartes, résume Philippe Allard, le chef du projet au sein du Gial (l’asbl en charge de l’informatique et de la communication numérique de la Ville), mais aussi exportées dans divers formats informatiques, utilisées via une interface de programmation (API), intégrées dans des sites Web et des blogs ou simplement partagées.  » Elles ont trait à la mobilité, à la démographie, à l’administration, aux équipements pour différents groupes de population (enfants, seniors, handicapés, sportifs…), à la culture et au patrimoine, à l’environnement et à la propreté, à divers types de service, aux technologies de l’information… Seule réserve : les informations qui touchent à la vie privée.

 » Potentiellement, toutes les données qui existent dans les administrations de la Ville mais aussi dans de nombreuses institutions publiques, parapubliques et même privées, pourront progressivement être rendues disponibles sur le portail opendata.bruxelles.be, poursuit Philippe Allard. Alors qu’auparavant, c’était parfois la croix et la bannière pour obtenir certaines informations pourtant existantes. C’est une question d’évolution des mentalités au sein des administrations et, bien sûr, d’adaptation technique : il faut transformer des documents qui parfois n’existent que sur papier en formats numériques ouverts, pouvant être pris en charge par n’importe quelle plateforme. La dynamique est enclenchée.  »

Bruxelles, ville numérique

Tout ça pour quoi ? Pour l’information des citoyens, bien sûr. Mais aussi pour les étudiants, les chercheurs, les journalistes, les entreprises… Et tous ceux qui souhaitent utiliser des bases de données pour développer de nouveaux services, de nouvelles applications, voire même des politiques.  » Les données démographiques et les projections de la Ville peuvent, par exemple, appuyer la politique de développement des crèches ou des résidences pour personnes âgées « , illustre Philippe Allard.

L’utilisation de cartes permet évidemment de tout situer et les données peuvent être combinées avec des systèmes de géolocalisation ou même des capteurs pour indiquer, dans l’exemple des places de parking réservées aux handicapés, quels emplacements sont occupés à un moment déterminé. Il est cependant trop tôt encore pour savoir si des applications ont déjà été développées à partir des données ainsi disponibles.

Pour sensibiliser le public et susciter des idées, un Brussels Open Data Hackathon a accueilli, fin 2014, une quarantaine de développeurs pour tenter d’imaginer de nouveaux programmes. Des idées en sont sorties, dont une application permettant de mesurer la qualité de l’air selon différents paramètres, une autre rassemblant tous les services liés à la petite enfance, une troisième permettant aux citoyens de donner leur avis sur les publicités affichées dans l’espace public… Mais ce ne sont encore que des prototypes.

Selon l’échevin Mohamed Ouriaghli (PS), en charge notamment de l’Informatique de la Ville, tout cela s’inscrit dans le projet de  » Ville numérique au service de tous  » (ou ville intelligente) développé dans la déclaration de majorité. Tout comme le wifi gratuit en cours de déploiement sur les principales places et dans plusieurs lieux publics, dont l’hôtel de ville, où la dématérialisation progressive des services administratifs – avec la mise à disposition de bornes numériques pour permettre aux habitants d’accéder aux administrations par voie informatique même quand ils ne sont pas chez eux.

Mais l’open data a une importance stratégique :  » Il fournit le matériau de base nécessaire pour permettre le développement d’applications, souligne Mohamed Ouriaghli. C’est le socle qui permet à la ville d’avancer sur la voie de la « smart city ». Ce n’est pas une mince affaire : sensibiliser les différentes administrations, rassembler toutes ces données et les rendre compatibles entre elles, cela représente une gageure.  »

Si elles sont difficilement quantifiables, les retombées de ce nouveau service peuvent être importantes. Non seulement en termes de bonne gouvernance, puisqu’elles garantissent une plus grande transparence des informations et un accès facilité à celles-ci, mais aussi en matière de développement durable : moins de papier, moins de déplacements vers les administrations, moins de temps perdu et une plus grande mobilité.  » La géolocalisation d’un nombre important de lieux permet également d’éviter les problèmes de mobilité et de rationaliser les déplacements.  »

Certaines villes de Flandre ont développé des projets similaires mais, si elles sont ouvertes, leurs plates-formes sont davantage destinées à des publics spécialisés. L’originalité bruxelloise est d’avoir privilégié une solution lisible et facilement exploitable par tous les citoyens. A en juger par les statistiques de consultation, l’objectif est atteint après quelques mois : de nombreux tableaux, cartes et graphiques ont déjà été consultés plusieurs centaines de fois. Pas mal, pour un début.

Par Philippe Berkenbaum

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