L’éco-quartier, doux rêve ou réveil difficile ?

Avec le tram, la construction de l’éco-quartier de Coronmeuse était l’une des promesses phares de l’avant (et l’après) Liège 2017. Si le premier chantier avance, on n’entend plus beaucoup parler du second. Discrétion due à la procédure en cours entre deux consortiums ou immobilisme ?

On le leur avait promis pour 2017. Les Liégeois devront finalement attendre le printemps 2018 pour prendre le tram flambant neuf qui traversera la ville de Sclessin à Bressoux. Au mieux. Les chantiers de cette envergure n’étant pas à l’abri d’un délai supplémentaire… D’autant que les travaux préparatoires, consistant à déplacer les impétrants, viennent à peine de commencer et que le partenaire privé chargé de la réalisation et de l’exploitation n’a pas encore été désigné ; il devrait l’être fin 2014. Quant aux premiers coups de pelleteuses, ils sont programmés début 2015.

Le tram n’est même pas encore une réalité qu’il est déjà en retard. Mais au moins ce dossier, lui, avance. Visiblement. On ne peut pas en écrire autant pour celui de l’éco-quartier de Coronmeuse, seconde promesse formulée lorsque la Ville était toujours en course pour obtenir l’organisation de l’Expo 2017.

Si Liège s’était imposée face à Astana, c’est sur ce site de 25 hectares en bord de Meuse qu’auraient été construits les pavillons, l’hôtel et les commerces censés accueillir les visiteurs. Le tout devant être par la suite transformé en faubourg vert de 1 000 logements sur plus de 200 000 mètres carrés. Le plus grand de Wallonie. Bien que les pétrodollars l’aient finalement emporté sur les boulets sauce lapin, les autorités avaient certifié que ce projet serait mené à bien.

Deux consortiums en lice

D’ailleurs, en juin 2013, celles-ci annonçaient le lancement d’un  » dialogue compétitif « . Comprenez : pas un traditionnel appel d’offres, mais bien une procédure particulière réservée aux marchés complexes d’un point de vue technique, juridique et/ou financier. Inédit en Wallonie. Seul le projet Neo, sur le plateau du Heysel à Bruxelles, suit le même parcours.

Deux consortiums sont en lice. Deux poids lourds. D’un côté, Green Gate, constitué de cinq promoteurs et constructeurs (Thomas & Piron, CFE, Moury, Besix et Kairos), mais surtout du bureau d’architecture international Christian De Portzamparc (musée Hergé à Louvain-la-Neuve, tour LVMH à New York, Cité de la musique à Paris…). De l’autre, Neo-Legia, rassemblant cinq investisseurs et développeurs (Matexi, Blaton, Nacarat, Jan de Nul, Willemen Group) mais surtout le bureau international Fosters + Partners (nouvelles tours du World Trade Center, entre autres).

Le syndrome de l’immobilisme

Ce dialogue compétitif doit durer entre 15 et 18 mois. Soit s’achever en septembre ou décembre prochain. Mais certains murmurent (off the record) que plus rien ne bouge en coulisses et qu’Immo Coronmeuse – la société chargée de chapeauter la procédure – ne se réunit pas à une cadence soutenue. Ce projet serait-il  » dans les limbes, gagné par le syndrome de l’immobilisme  » comme le craint la cheffe de l’opposition libérale Christine Defraigne ?

 » Il y a déjà eu des dizaines d’heures de travail, répond Jean-Christophe Peterkenne, directeur général de la Ville et responsable de ce dossier. Les rencontres sont régulières. Nous sommes dans le bon. Peut-être pourra-t-on attribuer le marché en 2015.  » Il ne révélera toutefois aucun détail sur l’état d’avancement concret de cette procédure en cours et nécessitant donc une certaine discrétion.

Pour Christine Defraigne, le problème de l’éco-quartier est sa proximité avec deux autres sites d’envergure à réhabiliter, Bavière et Droixhe. Eux aussi  » gagnés par l’endormissement, tant et si bien qu’on ne sait plus quel prince viendra les réveiller « . Difficile, sur ce point, de lui donner tort : l’ancien hôpital est tout de même fermé depuis… 1987. Quant à Droixhe, on en parle aussi depuis un bail, au moins dix ans.  » Le problème, c’est que rien ne fonctionne et qu’il faut trouver des investisseurs pour des projets similaires sur un petit territoire « , critique-t-elle.

 » Cette proximité est évidemment un handicap, juge Bénédicte Heindrichs, cheffe de file de l’opposition Ecolo. Les investisseurs sont perplexes devant la floraison de projets sans plan d’ensemble et surtout sans garantie de bonne fin.  »  » Chaque projet a sa réalité, réplique Jean-Christophe Peterkenne. Sans la crise de 2008, Bavière se serait concrétisé. Pour Coronmeuse, rien n’est jamais joué. Mais les consortiums travaillent.  »

Le bourgmestre Willy Demeyer (PS) balaie les remarques, arguant que tous les travaux suivront un phasage dans le temps et que les investisseurs ne devront par conséquent pas placer leur argent partout en même temps.  » Tout va aboutir et se redévelopper « , certifie-t-il. Reste à savoir quand.

Par Mélanie Geelkens

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire