Le Pisa 2009 en dix leçons

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

La plus grande enquête internationale a rendu son verdict : notre école progresse en lecture, mais cale en maths et en sciences.

Classé secret défense jusqu’à la dernière minute – les services ont des consignes strictes d’embargo, sous peine de sanctions – Pisa était présenté à la presse le 7 décembre, dans tous les pays testés, à 11 heures tapantes. Nos journalistes guettaient l’après-midi, fuseau choisi par la Communauté française pour livrer son analyse de l’édition 2009. « Yes, we can, note Marie-Dominique Simonet. Mais la modestie reste de mise.  » Dix leçons du classement Pisa 2009.

1. L’élève francophone progresse en lecture. Par rapport à 2000, son score grimpe de 14 points (de 476 à 490). Il se situe juste en dessous de la moyenne de l’OCDE, qui passe, elle, de 500 à 493. Mais il fait mieux que la moyenne des pays de l’UE (486). Un saut qui équivaut à une demi-année d’étude, mais qui ne fait pas de notre école un leader, à la hauteur de la Corée ou de la Flandre.

2. Le plus faible progresse mais aussi le plus fort. En une décennie, nous comptons moins de  » très faibles lecteurs « , passant de 28 % à 23 %. Reste qu’ils sont trop nombreux -presque un jeune sur 4 n’a pas de bagage suffisant. Des scores presque aussi médiocres que le Mexique, dernier du palmarès. Nous comptons également un peu plus de lecteurs  » moyens  » (+ 3 %) et augmentons le nombre d’élèves  » forts  » (+ 2 %). En clair, il n’y a pas de nivellement par le bas.

3. … mais il cale en maths et surtout en sciences. Là, l’élève francophone recule. En sciences, il se classe dans le bas du tableau, avec 487, bien en dessous des moyennes de l’OCDE (501) et de l’UE (497) : c’est moins bien qu’en 2000, 2003 et 2006. Il décroche en maths, passant de 498 en 2003 à 488 en 2009.

4. Les garçons sacrifiés. Une année d’étude. Voilà l’écart entre les garçons et les filles en Communauté française en lecture. Cet écart existe partout dans l’OCDE. Mais, parmi les pays où l’écart se réduit entre les sexes, c’est chez nous que Pisa note la meilleure progression : en 2000, l’écart était de à 35 points ; en 2009, il est de 25 points.

5. Difficile d’être gosse de pauvres. L’écart entre les 25 % des élèves les plus nantis et les 25 % des moins nantis est le plus grand de tous les pays industrialisés : 136 points, qui correspondent à plus de 4 années de scolarité. Notre école est donc la plus inégalitaire.

6. Des écoles d’élites, les autres, loin derrière. 37 des 110 écoles étudiées, cartonnent, se classant au dessus des plus forts, la Corée et la Finlande. L’écart avec les écoles les plus faibles atteint 151 points : on bat tous les records.

7. En ligne de mire : le redoublement. Parmi nos jeunes interrogés, 48 % ont redoublé au moins une fois. On a donc testé des élèves qui n’étaient pas en 4e secondaire, l’année correspondant en principe à leur âge. Or, l’OCDE note que les pays où le redoublement est fréquent sont aussi ceux qui enregistrent les plus mauvais résultats. En clair, il faut briser le tabou du redoublement.

8. La part de vérité politique. Pour l’ULg, chargée de l’analyse, les progrès en lecture sont la preuve que les réformes menées ces dernières années ont porté leurs fruits, une conclusion partagée par l’exécutif communautaire. Les élèves qui se sont soumis au Pisa 2009 ont entamé leur scolarité en 2000, coachés par des enseignants qui se sont mobilisés.

9. La Flandre recule. Elle perd 13 points en lecture par rapport à l’épreuve de 2000. Mais elle se classe toujours 6e (29 points d’écart avec la Communauté française), 3e en maths (49 points d’écart) et 7e en sciences (44 points d’écart).

10. L’Europe de plus en plus distancée par l’Asie. Le saut opéré par les systèmes asiatiques est étonnant. La Corée et le Japon se classent dans le top 5. Si l’on tient compte des entités économiques, le record des records est battu par Shanghai, leader toutes catégories.

SORAYA GHALI

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