Le naturel revient au galop

Delphine Kindermans
Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

Oui, l’onde de choc de la crise fait encore des vaguelettes dans le secteur du luxe. Mais une fois le tsunami passé, quand la marée grise de la surconsommation s’est retirée, ce sont des préoccupations plus vertes qui ont (ré)animé la planète lifestyle en 2010. Des collections parfois intemporelles, parfois en fibres végétales, se sont posées sur les rivages de la mode. Quant à Karl Lagerfeld, naturellement doué pour surfer sur la vague, il a provoqué une mini-tornade médiatique en introduisant cet hiver la fourrure synthétique dans l’univers glamour de Chanel. Afin de renforcer encore un message axé sur l’écologiquement correct, il a même fait amener un iceberg fondant sur le podium parisien du Grand Palais… transformé, quelques mois plus tard, en jardin à la française pour présenter le vestiaire printemps-été 2011 de la vénérable maison. Chez Ungaro, c’est à une garden party, avec pelouse, papillons et jeunes filles en fleurs, que les journalistes étaient conviés lors de la fashion week. Et du côté des griffes masculines, on note le retour de la couleur verte – chez D&G, Hermès… – et un appétit certain pour les mecs vrais, qui défilent sur green carpets plutôt que sur tapis rouges.

Dans le pré carré du design, on rivalise aussi d’imagination pour inventer une consommation plus propre : meubles en kit, recyclage, matières premières eco-friendly… On pense notamment à la chaise Fruit Box, réalisée en cagettes, ou à celle, en bois et plastique de récup’, imaginée par Luca Nichetto pour Offecct. Un pas plus loin, la démarche aboutit à un trône en terre de termitières d’Afrique, signé François Azambourg… ou en bouse de vache, chez Karin Frankenstein.

Sans aller aussi loin (on s’en réjouit !), les grands labels de beauté exploitent eux aussi le filon vert. Ils proposent donc de plus en plus de soins (très) haut de gamme à base d’ingrédients naturels, quand ils ne sont pas tout bonnement inspirés des médecines traditionnelles. Pour en dénicher les secrets de jouvence, les pontes des grands labos sont prêts à arpenter qui les pentes enneigées de l’Himalaya, qui la forêt primaire malgache.

Aucune beaufitude à troquer ses mocassins lustrés pour des godillots de marche, que du contraire : la tendance, en tourisme aussi, est au  » back to the roots « . On fuit les vacances de masse, ses charters et ses destinations low-cost au profit de voyages alternatifs, plus respectueux de l’environnement ou privilégiant l’action sociale. Ce n’est pas un hasard si la presse spécialisée a vu bourgeonner les publications  » vertes « , dont un Guide du Routard consacré au tourisme durable. Reste à savoir qui l’offrira à Karl Lagerfeld, histoire de méditer sur son bilan carbone la prochaine fois qu’il aura envie d’importer un pan de glacier d’Arctique pour créer un joli décor à ses défilés…

DELPHINE KINDERMANS

Quand la marée grise de la surconsommation s’est retirée, ce sont des préoccupations plus vertes qui ont (ré)animé la planète lifestyle en 2010.

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