Pour un blanchissement dentaire avec du peroxyde d'hydrogène à une dose suffisamment élevée, une seule adresse: celle de votre dentiste. Lui seul pourra juger si l'intervention est susceptible d'avoir un effet dans votre cas. © GETTY

Laisser le blanchissement au dentiste

Comment s’attaquer à la décoloration des dents efficacement et en toute sécurité sans s’abîmer les quenottes ou provoquer une hypersensibilité persistante?

Nous sommes tous confrontés à des dents qui se décolorent à un moment ou l’autre de notre vie. Avec les années, notre sourire tend à virer au jaune parce que la dentine (jaunâtre) s’épaissit, tandis que l’émail quasi-transparent s’affine et se fissure, laissant pénétrer plus facilement dans la dent les colorants contenus dans les aliments, les boissons et le tabac.

« Il existe toutefois aussi des causes plus spécifiques de décoloration dentaire, précise le Pr Marleen Peumans du service des soins dentaires de l’UZ Leuven. Un exemple tristement célèbre est celui de la décoloration brune ou grise, souvent rayée, provoquée par les tétracyclines. Parce qu’ils peuvent ‘s’incruster’ dans les dents définitives durant leur formation, ces antibiotiques ne sont plus prescrits aux enfants de moins de 8 ans depuis bien longtemps. Cette décoloration caractéristique ne s’observe plus que chez les plus de 50 ans. Lorsqu’elle est présente chez des sujets plus jeunes, il s’agit souvent de personnes qui ont pris de la minocycline (une tétracycline) de façon prolongée durant l’adolescence pour lutter contre l’acné. Le problème peut donc également survenir en cas de prise plus tardive, mais de manière moins marquée. »

Si le produit blanchissant détruit une partie du tissu dentaire, cela risque d’affaiblir ou de fragiliser vos dents.

Un autre exemple? « Une consommation excessive de fluorure lors de la formation des dents définitives peut provoquer de petites taches blanches (fluorose). C’est pourquoi, de nos jours, les compléments de fluor ne sont plus prescrits aux jeunes enfants. » De petites taches blanches peuvent aussi s’observer après un traumatisme des incisives temporaires, par exemple après une chute, lorsque l’incident se produit au cours de la formation de l’émail des dents définitives sous-jacentes. « Les taches correspondent à des zones où la lumière se reflète différemment parce que l’émail y est plus poreux. »

Qu’est-ce qu’un vrai blanchissement dentaire?

La plupart des dentifrices, poudres et gels « blanchissants » contiennent des composants abrasifs, parfois associés à des substances qui empêchent les saletés d’adhérer aux dents ; d’autres font sembler celles-ci plus blanches par un phénomène optique. « Ils permettront éventuellement de retirer une couche de plaque dentaire, mais j’éviterais tout de même de les utiliser d’une façon plus intensive que ne le recommande le fabricant, souligne la spécialiste. En cas de dépôts tenaces, laissez à votre dentiste le soin de les éliminer dans les règles de l’art. Sachez aussi que ces produits ne modifieront jamais la couleur des dents proprement dites: n’espérez donc pas un éclaircissement de la couleur naturelle de la dentine ni une dégradation des colorants absorbés directement dans la structure de la dent. Ce résultat ne peut en effet être obtenu qu’avec des produits contenant des quantités suffisantes de peroxyde d’hydrogène ou capables de libérer cette substance à partir d’un autre ingrédient, le peroxyde de carbamide. » En Europe, les produits « blanchissants » disponibles en vente libre peuvent contenir ou libérer un maximum de 0,1% de peroxyde d’hydrogène, alors qu’un vrai blanchissement nécessite des concentrations beaucoup plus élevées. Depuis 2012, celles-ci ne peuvent plus être utilisées que sous la supervision d’un dentiste, qui ne peut d’ailleurs lui-même pas dépasser 6% de peroxyde d’hydrogène. « Ces seuils ont été introduits par mesure de précaution, faute d’un nombre suffisant d’études de bonne qualité sur les effets secondaires à long terme du blanchissement dentaire au peroxyde d’hydrogène fortement dosé. »

Laisser le blanchissement au dentiste

Le sens et le non-sens de la lampe

À l’origine, les dentistes utilisaient pour le blanchissement des dents des produits contenant des concentrations de peroxyde d’hydrogène allant jusqu’à 30-45%, combinés avec des lampes ou des lasers visant à accélérer le processus. De nos jours, les traitements disponibles sont devenus nettement moins agressifs… et par conséquent plus longs. « Le patient reçoit un gel et une gouttière sur mesure à porter quelques heures par jour (ou durant la nuit) pendant 2 à 4 semaines, explique le Pr Peumans. L’absence de lampe ou de laser ne fait aucune différence, car ces dispositifs n’ont pas d’effet accélérateur démontré lorsque la concentration en peroxyde d’hydrogène ne dépasse pas 6%. »

Pourtant, les fameuses lampes sont encore bien présentes dans les salons de beauté, alors que les produits utilisés contiennent encore moins de peroxyde d’hydrogène. « Lorsque vous restez un temps assis sous une lampe, bouche ouverte, vos dents vont sécher… ce qui les fera automatiquement paraître plus claires. Cet effet n’est toutefois que de courte durée, puisqu’elles vont évidemment rapidement se réhydrater après le traitement. »

Un bon examen préalable

Bref, pour un blanchissement dentaire avec du peroxyde d’hydrogène à une dose suffisamment élevée, une seule adresse: celle de votre dentiste. Lui seul pourra juger si l’intervention est susceptible d’avoir un effet dans votre cas. « Des dents fortement décolorées par les tétracyclines, par exemple, sont difficiles à éclaircir. Idem pour les plombages gris, qui le resteront. Et pour les dents qui ont viré au gris après avoir été dévitalisées, il faut utiliser une approche différente qui les éclaircira de l’intérieur. »

Enfin, seul le dentiste est compétent pour s’assurer de l’absence de contre-indications au blanchissement. « Le produit pénètre dans la dent, où il dégradera les colorants en molécules plus petites et moins colorées par le biais d’un processus oxydatif. Ceci peut provoquer une hypersensibilité à la chaleur et au froid. En principe, ce problème est temporaire et bien supporté… sauf si vous avez des caries, un émail trop fissuré, des plombages mal ajustés ou des problèmes de gencives. Le produit risque alors de s’insinuer jusque dans la pulpe, le tissu vivant au coeur de la dent, provoquant des réactions d’hypersensibilité extrêmes. Le risque est plus élevé chez les jeunes, parce que leur chambre pulpaire est encore relativement grande. Nous ne pratiquons donc pas le blanchissement dentaire chez les personnes qui ont des problèmes de dents ou de gencives, ni chez les moins de 18 ans. Les gros fumeurs aussi sont écartés, car l’agent blanchissant risque de renforcer l’effet des cancérigènes libérés par la combustion du tabac. »

Lorsque vous restez un temps assis sous une lampe, bouche ouverte, vos dents vont sécher... ce qui les fera automatiquement paraître plus claires. Cet effet n'est toutefois que de courte durée, puisqu'elles vont évidemment rapidement se réhydrater après le traitement.
Lorsque vous restez un temps assis sous une lampe, bouche ouverte, vos dents vont sécher… ce qui les fera automatiquement paraître plus claires. Cet effet n’est toutefois que de courte durée, puisqu’elles vont évidemment rapidement se réhydrater après le traitement.© GETTY

Produits illégaux

Si vous prolongez l’utilisation du traitement blanchissant au-delà de la durée recommandée ou que vous vous tournez vers des produits illégaux trop riches en peroxyde d’hydrogène, vous risquez fort d’endommager vos dents. « Les cures de blanchissement prescrites et encadrées par le dentiste, réalisées à au moins un an d’intervalle, ne comportent en principe aucun risque pour vos dents ou pour votre santé… et elles restent nettement moins invasives que la pose de facettes dentaires, une autre approche à la mode pour s’assurer des dents plus blanches. Ces facettes sont de petites plaques en composites ou en porcelaine que le dentiste fixe directement sur la dent, ce qui impose évidemment d’abord d’en limer une partie sous peine d’obtenir un résultat trop épais qui paraîtra artificiel. Cette couche que le dentiste élimine disparaît toutefois pour de bon: le placement de facettes, c’est un choix pour la vie. »

Plus d’informations? www.health.belgium.be Pratiques de blanchissement et d’éclaircissement des dents (CSS 8782) (mai 2013)

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