La gangrène de la politisation

Coup de colère chez les libéraux à la Région wallonne et en Communauté française. Ce lundi 21 avril, plusieurs parlementaires MR ont fustigé la politisation des administrations francophones. Et critiqué la procédure de sélection : une vingtaine de hauts fonctionnaires doivent être nommés sous peu. Des libéraux accusent les partis au pouvoir, principalement le PS, de vouloir favoriser leurs candidats.

Certes, le MR n’a pas tort. Mais il n’est pas crédible, comme l’a souligné le PS. La politisation est un phénomène endémique en Belgique. Les partis la dénoncent quand ils sont dans l’opposition. Mais, une fois aux affaires, ils s’en accommodent. Cette façon de se partager les postes de fonctionnaires entre partis est choquante. Elle fausse l’égalité des chances des citoyens devant l’emploi. Elle ne permet pas de privilégier les compétences des candidats. Bien sûr, tous les agents publics ne sont pas des incapables.

Il n’empêche : dans le sud du pays, ce mal, typiquement belge, prend une tournure dramatique. Le secteur public y représente plus de 36 % de l’emploi salarié, contre 24 % en Flandre. Or la politisation ne concerne pas uniquement les postes clés. La  » politisation de masse  » est encore plus répandue : 40 % des fonctionnaires sont des contractuels, engagés, pour la plupart, sans examen préalable, et qui deviennent autant d’  » obligés « . Ceux-ci vont parfois jusqu’à oublier l’essence de la fonction publique. Comme à Huy, où des employés communaux se sont mis au service d’un partenaire politique, en distribuant les tracts de la bourgmestre pendant leurs heures de travail, au mépris de leur mission première : être au service du public, sans parti pris, en respectant l’intérêt général.

Le sud du pays souffre, en plus, d’une abondance de ministres, entourés d’une armée de collaborateurs. Ce n’est pas le cas en Flandre. Ces doublons entre les administrations et les cabinets ministériels diluent les responsabilités, démotivent les fonctionnaires… et coûtent excessivement cher. On compte quelque 1 500 membres de cabinet pour les gouvernements wallon, bruxellois et de la Communauté française.

Las. Les partis ne semblent pas mûrs pour s’entendre sur des règles de recrutement transparentes. Les discussions actuelles portant sur la simplification des institutions francophones devraient néanmoins concourir à donner un coup d’arrêt au foisonnement de ministres et de leurs collaborateurs. Objectif : réduire leur nombre de moitié, au moins, comme le suggère le Gerfa, groupe d’étude et de réforme de la fonction administrative.

Rappelons qu’aux Pays-Bas les ministres ne disposent pas de cabinets, mais travaillent directement avec leur administration. Dans les pays nordiques, un ministre qui pistonnerait un haut fonctionnaire se verrait aussitôt interpeller au Parlement et serait acculé à la démission. Ces pays riches l’ont bien compris : une fonction publique de qualité attire l’élite et stimule la relance économique. En revanche, une administration pléthorique, où pullulent les petits boulots mal rémunérés, constitue un frein pour une région qui a tout intérêt à sortir de la crise aussi vite que possible.

de dorothée klein – Rédactrice en chef

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