Jerry Seinfeld fait son miel dans l’animation
Le célèbre comédien, star du petit écran, écrit, produit et interprète Drôle d’abeille (Bee movie), le nouveau film de chez Dreamworks.
Tout est né d’un jeu de mots, lancé par Jerry Seinfeld durant un dîner avec Steven Spielberg. Le fameux comédien new-yorkais, dont la série télévisée portant son nom a fait une star, avait émis l’idée de faire un » bee movie « , un » film sur les abeilles » mais aussi une allusion aux » B movies « , les films B à petit budget autrefois produits par Hollywood afin d’occuper (notamment) les écrans des cinémas » drive-in « . Spielberg ayant rapporté le calembour à son associé dans Dreamworks, Jeffrey Katzenberg, ce dernier prit la balle au bond et appela Seinfeld pour lui donner le feu vert : il pourrait produire, écrire et jouer (en prêtant sa voix au personnage principal) un film d’animation sur les insectes butineurs et fabricants de miel !
Très vite, le vibrionnant Jerry choisit de prendre pour héros un jeune mâle entrant dans l’âge adulte mais voulant échapper à la ruche pour s’en aller voir à quoi ressemble le monde extérieur. Il y découvrira que les hommes volent aux abeilles leur précieuse production pour s’en gaver égoïstement, un » scandale » qu’il va vouloir dénoncer…
Si le double sens de Bee movie disparaît dans le titre français Drôle d’abeille, l’humour du film n’en porte pas moins, même après doublage, la marque Seinfeld. Mais c’est en v.o. qu’on appréciera le mieux la touche comique assez particulière de celui qui considère la comédie comme » une forme d’art martial » ( » les mouvements doivent y être nets, précis, rapides « ) et se revendique clairement de la grande tradition des humoristes juifs américains. » Je viens de cette lignée qui commence au début du xxe siècle à New York, dans les quartiers du Bowery, du Lower East Side, dans des théâtres de vaudeville, de burlesque, avec les Marx Brothers, Jack Benny, George Burns, explique le fantaisiste. Ils ont créé cette culture, qui a ensuite essaimé vers des formes diverses. Mais vous pouvez toujours tracer des lignes directes, par exemple de Groucho Marx à Steve Martin. La ligne que je continue à tracer pour ma part a été entamée par Burns et Benny. C’est un humour sur le fil du rasoir, avec cette agressivité qu’a souvent le comique des minorités. Peut-être nous autres, juifs américains, ne ressentons-nous pas le sérieux de la haine antisémite telle que vous pouvez en avoir l’expérience en Europe. Il nous est donc plus facile d’en rire, de le prendre avec légèreté. »
Louis Danvers
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