Fraude au Forum des migrants

Un mandat d’arrêt a été décerné contre Saïd Charchira. Le président du conseil d’administration du Forum des migrants est suspecté de détournements de fonds

Fondé en 1991 par la Commission européenne, le Forum des migrants devait être, sur le plan institutionnel, la voix des étrangers en Europe, une instance capable d’orienter l’action de l’Union européenne sur les questions d’antiracisme, d’intégration, de droits politiques. Or, depuis 2001, toutes les lignes de crédit de cette ASBL (le Forum disposait d’une subvention de 800 000 euros) sont suspendues et une instruction est en cours, sous la conduite du juge bruxellois Patrick Collignon. Le 8 mars dernier, le président du conseil d’administration du Forum, le Marocain résidant en Allemagne, Saïd Charchira, 57 ans, a été arrêté en Belgique pour faux et usage de faux et détournement de fonds. Il est incarcéré à la prison de Forest, où il a fait appel de la première ordonnance de mise en détention.

Les faits ont été dénoncés au parquet de Bruxelles, en 2001, par l’Office de lutte antifraude de la Commission européenne. Fort tardivement, semble-t-il, compte tenu des inquiétudes que suscitait, depuis longtemps déjà, le laxisme de Charchira au sein de l’ASBL Forum des migrants. Projets menés en l’absence de tout contrôle, voyages non justifiés, sorties d’argent suspectes (de 10 à 12 % du budget passait en « divers ») et, même, prolongation contestée de son mandat du président du conseil d’administration: rien ne manquait au tableau d’une ASBL en déroute. Le président Charchira devait abandonner sa charge en décembre 1999. Un an avant la fin de son deuxième mandat, il a proposé de modifier les statuts pour qu’il n’y ait plus d’assemblée générale annuelle mais qu’elle ait lieu tous les deux ans. De ce fait, il est resté au poste un an supplémentaire. C’est à ce moment que la Commission européenne est alertée par d’autres membres de l’ASBL. Leur crainte ? Que les « dysfonctionnements » du Forum n’altèrent l’image des associations issues de l’immigration et que l’Union européenne décide de se passer de leurs services. De fait, si la Commission européenne envisage de se doter d’un Observatoire des phénomènes de migration non européenne, elle souhaite, malgré la malheureuse expérience du Forum, conserver une forme de consultation collective des milieux de l’immigration.

Marie-Cécile Royen

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